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Le - « Ce n’est pas le genre qui fait un bon gendarme »

« Ce n’est pas le genre qui fait un bon gendarme »

Corentin Gouriou

8 mars 20257 mars 2025 à 18h16

Eline Debaudringhien, Cassandra Malardé et Léa Feuillolay ont quitté l’école de gendarmerie de Chaumont, jeudi 6 mars.

Trois anciennes élèves gendarmes de l’école de Chaumont évoquent leur parcours et leur motivation à effectuer cette profession. Elles ont également envoyé un message fort aux jeunes femmes qui hésitent à devenir gendarme. 

« Ce n’est pas le genre qui fait un bon gendarme, mais son caractère. » Contrairement aux idées reçues, le métier de gendarme n’est pas réservé qu’aux hommes. Les chiffres le prouvent. En 2024, le taux de féminisation de la gendarmerie est de 22,7% contre 13 % en 2005. Sur 26 253 femmes employées en 2024 (civiles et militaires), 15 647 sont sous-officiers sur le terrain (SOG). Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, jhm quotidien a rencontré trois futures gendarmes qui ont évoqué leur parcours et l’ouverture d’esprit du métier. 

« Originaire de Lille, j’ai toujours voulu devenir militaire. A l’âge de 18 ans, j’ai intégré l’école de formation des sous-officiers de l’Armée de l’air et de l’espace de Rochefort », raconte Eline Debaudringhien. Pour des raisons personnelles, la jeune femme n’a pas pu continuer dans cette voie. « Par la suite, je suis tombée amoureuse du métier de gendarme. Une profession qu’exerce mon compagnon. Ce que j’aime dans cette profession, c’est l’uniforme, la rigueur et l’uniformité. Il n’y a aucune différence de traitement. Nous sommes une grande famille. » La jeune gendarme a pu compter sur le soutien de ses proches tout au long de sa formation. « Je suis la première de la famille à être gendarme. Mon arrière-grand-mère va être devant son ordinateur pour suivre ma cérémonie de fin d’étude. »

En attendant de pouvoir passer le concours, la Lilloise a exercé le métier de serveuse pendant deux ans et demi dans un restaurant. Pour Eline Debaudringhien, « aucun métier n’échappe aux stéréotypes, mais il faut passer outre. Je pense que ce n’est pas notre genre qui définit si je suis un bon gendarme, mais c’est notre caractère. Le monde évolue dans le bon sens. Je ne me suis jamais senti jugé par mes pairs en raison de mon genre. Nous partageons le même uniforme et la même envie d’aider nos concitoyens. C’est tout. »

Originaire du Morbihan, Cassandra Malardé a fait un BTS MUC (Management des unités commerciales) à Ploemeur. « J’ai des attaches au corps militaire dans ma famille : adjudant-chef dans l’Armée de terre pour mon oncle et sous-marinier pour mon grand-père maternel. » Après un an d’étude en fac de droit, la jeune femme a décidé d’arrêter. « Cette année de droit s’est passée en plein covid. Cette période n’a pas été simple. Je me suis aperçue que rester assise des heures dans un amphithéâtre, cela ne me convenait plus. J’ai décidé de devenir gendarme, car cette profession regroupe le droit et le travail sur le terrain. Ce que j’aime dans ce métier, c’est servir, aider la population et le contact humain. »

Comment évaporer les éventuels doutes d’une telle potentielle recrue ? « Je leur dirais qu’aujourd’hui, le monde de la gendarmerie a évolué, que de plus en plus de femmes choisissent cette voie et il n’y a pas de différence de traitement. Pour preuve, notre promotion est composée d’un tiers de femmes, soit 44. Nous avons pu observer qu’il y avait une vraie cohésion entre les élèves-gendarmes, notamment lors des marches avec équipement. Lorsqu’une de nous est en difficulté, ils la soutiennent sans réfléchir. Pour eux, il n’y a pas de gendarme masculin ou féminin, mais il y a simplement des gendarmes. Si nous n’avons pas la même force physique, nous sommes très complémentaires. »

Originaire du Centre-Val-de-Loire, Léa Feuillolaya intégré l’école de gendarmerie de Chaumont en juin 2024. « Aucun membre de ma famille n’a embrassé une carrière militaire avant moi. » Après avoir obtenu un CAP Agent de sécurité et un Bac pro Métiers de la sécurité à Auxerre, elle a exercé le métier d’agent de sécurité privé en préfecture entre 2022 et 2024. « L’envie de devenir gendarme est apparue durant mes études. Un stage a confirmé mon choix. » Ce que la future gendarme apprécie dans sa profession est la discipline, le contact humain et l’aide à la population.

« Cette formation a été une expérience humaine très enrichissante. Je suis ressorti grandi de neuf mois à l’école. J’ai évolué. Je ne me pensais pas capable de dormir en forêt sous une trombe d’eau. Pour moi, il est important de montrer que les femmes ont, comme les hommes, leur place dans une gendarmerie. Chacun apporte sa pierre à l’édifice. On ne juge pas un candidat sur son genre, mais sur sa motivation », conclut-elle. 

source : jhm.fr

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