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Le - Coronavirus : comment le Raid et le GIGN se sont réorganisés

Coronavirus : comment le Raid et le GIGN se sont réorganisés

Les services d’élite de la police et de la gendarmerie ont dû s’adapter pour éviter que le Covid-19 ne réduise leur capacité de riposte face à une attaque terroriste.

Par Vincent Gautronneau

Le 18 avril 2020 à 20h13

Ce sont des hommes surentraînés, mais leur capacité à neutraliser des terroristes ou des preneurs d’otage reste vaine face à un virus. Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, le Raid et le GIGN, les services d’élite de la police et de la gendarmerie, n’ont pas été épargnés par le coronavirus. Une vingtaine de gendarmes d’élite ont ainsi été frappés par les symptômes du Covid-19, quand quelques policiers de l’antenne Raid de Nancy (Lorraine) ont été touchés.

Pourtant, face à la persistance de la menace terroriste, « on ne peut pas se permettre d’avoir des effectifs réduits, donc on s’est adaptés et notre capacité opérationnelle reste entière », souligne un haut gradé du Raid. « La menace terroriste existe, confinement ou non, assure aussi le général Laurent Phélip, le commandant du GIGN. On fait donc tout pour garantir la même capacité de réaction. » Les missions de surveillances, notamment liées à la menace terroriste, n’ont pas cessé non plus.

Des entraînements adaptés

Pour faire face à la maladie, les deux services d’élite ont adapté leur fonctionnement afin de conserver les effectifs nécessaires à toute intervention majeure : prise d’otage, attentat sur sites multiples… « Nous avons fait des équipes A et B, qui ne se croisent jamais, la capacité opérationnelle est donc à 100 %, note-t-on au Raid. A Bièvres (NDLR : le siège de l’institution) ou dans les antennes, nous avons toujours une équipe prête à intervenir. »

« Les équipes de première et deuxième alertes restent hermétiques pour éviter tout problème, explique aussi le général Phélip. Ils ne s’entraînent plus ensemble depuis le début de l’épidémie. C’est la même chose pour les moyens spéciaux (explosifs, tireurs d’élite…), qui s’exercent en groupes réduits afin de ne pas se contaminer… » Les entraînements des deux unités ont, par ailleurs, été adaptés au confinement assure le patron du GIGN : « Logiquement, on travaille plutôt sur une attaque dans un hôpital ou un supermarché que dans une salle de spectacle… »

Une dizaine d’opérations depuis le confinement pour le Raid

S’ils n’ont heureusement pas eu à faire face, depuis le début du confinement, à des terroristes, les deux services ne sont pas pour autant à l’arrêt. « On a moins de missions d’assistance à la police judiciaire car beaucoup d’enquêtes sont à l’arrêt, souligne un haut gradé du Raid. Mais pour soulager les autres services, nous avons aussi pris des missions que nous ne réalisons pas en temps normal, comme l’escorte de détenus sensibles. On a aussi mis nos drones à disposition des collègues dans certains quartiers difficiles. »

Surtout, depuis le début du confinement, les services d’intervention sont très vigilants et se méfient que « des mecs pètent des plombs », confie un policier d’élite. Fin mars, le Raid a ainsi dû enfoncer la porte d’un forcené à Rennes (Ille-et-Vilaine) qui avait jeté des objets depuis son balcon du 13e étage. A Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), ils ont interpellé en douceur un homme qui menaçait sa femme. Selon nos informations, depuis le début du confinement, le Raid a ainsi mené une dizaine d’opérations face à des forcenés armés, souvent dans le cadre de différends familiaux.

Preuve de leur réactivité, les gendarmes basés à Satory étaient, eux, « dans l’hélicoptère, prêts à partir, lorsque le forcené qui avait tiré sur sa femme puis sur les gendarmes en Gironde s’est rendu, raconte le général Phélip. Nous n’avons pas d’explosion des cas, mais il faut rester très vigilants et prêts à intervenir car certains supportent mal la période et craquent… » Depuis la mi-mars, les négociateurs du GIGN, répartis dans les antennes du groupe d’intervention en province, ont ainsi dû mener « quatre ou cinq opérations pour épauler les gendarmes locaux et désamorcer les situations face à des forcenés ».

Source : www.leparisien.fr

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