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Le - Les vols agricoles, un fléau qui prend de l’ampleur en France

Les vols agricoles, un fléau qui prend de l’ampleur en France

Les vols agricoles, un fléau qui prend de l'ampleur en France

Presque chaque soir, Alain Guerber fait des rondes sur sa propriété agricole. Face à la multiplication dans les campagnes françaises de vols de matériels et de récoltes, agriculteurs et autorités peinent à trouver la parade.Des gendarmes de la Garde Républicaine patrouillent, le 31 août 2011 dans un vignoble champenois près de Bergères-les-Vertus (Marne)

1768f846aa905ef3159058791fff72bcd1ac6c88Une trufficultrice vend sa production de truffes en présence de policiers, le 16 novembre 2012 à l’ouverture du marché au truffes de Carpentras.Une trufficultrice vend sa production de truffes en présence de policiers, le 16 novembre 2012 à l’ouverture du marché au truffes de Carpentras.

3cbef12e2ddb853fe22ad3027f9e607e88526480Rémi Coutin, le procureur de la République à Bar-le-Duc, lors d’une conférence de presse le 18 novembre 2013 Rémi Coutin, le procureur de la République à Bar-le-Duc, lors d’une conférence de presse le 18 novembre 2013

Dans la Meuse, département rural particulièrement touché par ce phénomène ces derniers mois, cet exploitant agricole de 47 ans a commencé les rondes de nuit il y a quelques semaines, avec son frère et un associé.

« On fait le tour des bâtiments, on visite les petits chemins aux alentours. Si on ne fait pas ça, on ne dort pas tranquille », explique Alain Guerber.

A plusieurs reprises, il a surpris des fourgons avec des plaques étrangères circulant la nuit dans son village, et les a suivis en voiture pour les « dissuader » de revenir, tout en prévenant les gendarmes.

Des rondes similaires et des réseaux d’information entre agriculteurs commencent à s’organiser localement en Meuse, comme ailleurs en France. Et certains n’hésitent plus à veiller armés.

« Il y en a qui font des rondes la nuit avec le fusil », confirme Sébastien Pelletier, un jeune agriculteur de Brillon-en-Barrois (Meuse) dont l’atelier d’outillage a été récemment pillé, pour un préjudice estimé à 9.800 euros.

Cependant « ce n’est pas à nous de faire la justice, les pouvoirs publics sont là pour ça », insiste le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs, Gaël Gautier. Un avis partagé par la FNSEA, selon laquelle les agriculteurs « n’ont pas pour métier une action d’autodéfense ou de police de protection de leur exploitation ».

La profession veut éviter de revivre un drame comme celui de Grignan dans la Drôme en décembre 2010, quand un agriculteur avait tué un voleur de truffes à coups de fusil. Mis en examen pour assassinat, l’agriculteur a été remis en liberté en février 2012 sous contrôle judiciaire et attend son procès.

Les vols ont explosé depuis 2007

Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), les vols sur des exploitations agricoles en France ont augmenté de près de 60% entre 2007 et 2012 en zone gendarmerie (9.750 vols recensés l’an dernier). Un nouveau record devrait être établi cette année: ces vols ont augmenté de 13,3% entre octobre 2012 et septembre 2013.

Par ailleurs cette inflation n’est que l’arbre qui cache la forêt, car ces chiffres de vols dits « simples » ne tiennent pas compte des détournements de tracteurs et autres véhicules ou de carburant, ni des cambriolages par effraction dans les bâtiments, répertoriés dans d’autres catégories, sans précision de l’activité professionnelle des victimes.

Le nombre annuel de vols agricoles constatés a plus que doublé en Lorraine, Bretagne et Bourgogne de 2007 à 2012, et a progressé de près de 90% dans le Languedoc-Roussillon, en Franche-Comté et en Haute-Normandie, toujours selon l’ONDRP.

« Les vols sont différents selon les zones de culture et selon que les régions sont frontalières ou pas », remarque Gaël Gautier.

Ainsi dans le sud de la France « nous constatons plutôt des vols en plein champ commis par des particuliers, qui viennent chercher des fruits et des légumes, faciles à cueillir. Et dans l’ouest, ce sont parfois des animaux d’élevage qui disparaissent », relève-t-il.

Des raids venus de l’Est

En revanche, les départements proches des frontières, notamment dans l’est, sont davantage confrontés à des bandes organisées venant d’Europe orientale, explique Rémi Coutin, procureur de la République à Bar-le-Duc.

Ces groupes « sont capables de commettre de véritables raids » en France, mais aussi en Allemagne ou en Belgique, « où ils restent quelques jours, voire quelques heures » et disposent de « très gros véhicules » pour acheminer rapidement les objets volés hors des frontières, ce qui complexifie les enquêtes, poursuit M. Coutin.

Tout en multipliant les patrouilles et les contrôles de véhicules dans les zones à risques, la gendarmerie nationale met plutôt l’accent sur la prévention auprès des agriculteurs.

« Le monde agricole est un milieu traditionnellement ouvert et donc très vulnérable, plus particulièrement lors de certaines périodes de l’année comme les moissons ou les vendanges », rappelle Jérôme Patoux, adjoint au chef du bureau de la sécurité publique de la gendarmerie nationale.

« On conseille aux agriculteurs d’éclairer les bâtiments, de fermer les portes des hangars (…), de ne pas laisser leurs tracteurs dans les champs ou de faire le plein le matin plutôt que la veille au soir », afin d’éviter qu’on leur siphonne le carburant, énumère M. Patoux. Pour les agriculteurs, « c’est un vrai changement de culture », reconnaît-il.

Source : Capture www.france24.com/fr

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