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Val-d’Oise,Presles

Opération rodéo : quand les gendarmes pistent les moto-cross en forêt

Pour lutter contre les moto-cross qui circulent en forêt et dans les espaces naturels, la gendarmerie a mené une opération anti-rodéo tout le week-end. Une dizaine de motos non homologuées ont été saisies et pourraient être confisquées par la justice.

La mobilisation des gendarmes sur le Val-d'Oise a duré tout le week-end. LP/Frédéri Naizot.
La mobilisation des gendarmes sur le Val-d’Oise a duré tout le week-end. LP/Frédéri Naizot. 

Par Frédéric Naizot 

Le 26 avril 2021 à 18h06, modifié le 26 avril 2021 à 18h05

Le vrombissement du moteur se rapproche dans la forêt de Carnelle. Le pilote de motocross apparaît en haut de la route forestière de la Pierre Turquaise et s’arrête. Il vient d’apercevoir les gendarmes qui se rassemblent, dimanche, en début d’après-midi, et fait demi-tour pour éviter le contrôle. D’autres n’y parviendront pas.

Ce week-end, les militaires du groupement de gendarmerie du Val-d’Oise ont mené une opération pour lutter contre le phénomène des rodéos à motocross. Au total, le bilan fait état de seize délits constatés et de six contraventions. Une dizaine de motos ont été saisies et seront peut-être confisquées par la justice dans le cadre de la procédure qui a été engagée. Un phénomène qui mobilise les forces de l’ordre. La police du Val-d’Oise a de son côté mis en place des cellules anti-rodéos dans chaque circonscription.

Une vingtaine de gendarmes se déploient dans la forêt de Carnelle dimanche pour lutter contre les rodéos à motocross.
Une vingtaine de gendarmes se déploient dans la forêt de Carnelle dimanche pour lutter contre les rodéos à motocross.  Frédéric NAIZOT

Les gendarmes travaillent « à l’oreille »

Il est 15 heures, sous la direction du capitaine Boque, qui commande l’escadron départemental de sécurité routière. Une vingtaine de gendarmes sont réunis pour le briefing. Le poste à cheval de L’Isle-Adam est également sur le terrain, avec deux cavaliers et un militaire qui va opérer en 4 x 4 au cœur du massif forestier.

Des motards de la garde républicaine sont également sur le pont au guidon de motos tout-terrain auxquels s’ajoutent les renforts des brigades locales qui mettent en place des postes d’interception. Le Psig, l’équivalent de la Bac, va rejoindre le dispositif dans l’après-midi. « Il faut essayer de travailler à l’oreille… Arrêtez-vous dans la forêt et écoutez. C’est la meilleure façon de les repérer. »

La forêt reste silencieuse. Mais ailleurs, où les gendarmes se sont aussi déployés pour lutter contre les rodéos, les moto-cross sont de sortie. L’une d’elles vient d’être saisie comme la veille, sur le chemin d’Orville, qui est situé entre Louvres et Goussainville. Une Honda 125 CRF. « Elle est signalée volée et la personne n’avait pas de permis » confie le capitaine Boque. « C’est un secteur où nous avons beaucoup de demandes d’intervention le week-end. Les agriculteurs, notamment, se plaignent du passage des motocross. »

Accident en forêt

Une autre moto est interceptée à proximité du Heaulme, près de Marines, alors qu’une alerte arrive sur la radio du capitaine : plusieurs motos auraient été vues autour du lac bleu, au cœur de la forêt de Carnelle. Le patron de l’EDSR, qui patrouille dans la zone industrielle de Bruyères où se déroulent souvent des runs de vitesse, lance sur place plusieurs équipages avant d’être averti qu’un jeune vient d’avoir un accident en forêt, près de Beaumont-sur-Oise.

Au bout de la rue Danielle-Casanova, à l’entrée de la forêt de Carnelle, où un panneau indique « Réseau départemental de randonnées », les pompiers prodiguent les premiers soins au blessé. Ce jeune a fait une chute violente en voulant franchir une montée abrupte, percutant probablement une borne en béton. Blessé sérieusement à une jambe, il est redescendu par ses propres moyens jusqu’à la rue, laissant son motocross. Une Kawasaki 450, un modèle puissant, destiné à la compétition, un quatre-temps, pas facile à dompter.

« Elle n’est pas signalée volée », précise le capitaine qui est abordé par la conjointe du blessé. « On a tout fait dans les règles. La moto est déclarée en préfecture. On a acheté une remorque », plaide-t-elle. « Mais il ne peut pas rouler ici », lui explique le gendarme. « Il va être convoqué. La moto est placée en fourrière le temps que le parquet prenne la décision de la confisquer ou pas », ajoute-t-il, ayant appris que le jeune homme avait déjà eu une moto confisquée il y a deux ans.

La conjointe est désolée mais argumente encore. « Préoccupez-vous de son état de santé, c’est plus important… », confie-t-il. Un autre gendarme ajoute : « Là où il est passé c’est dangereux. Il y a des familles qui se promènent. Le chemin est étroit. Il n’y a de la place que pour une personne. S’il arrive à moto à toute vitesse, il percute tout le monde. »

Le voisin qui a appelé les secours, se montre conciliant avec les motards. « Ce sont souvent les mêmes qui viennent rouler. Il y a 4 ou 5 passages par jour. Ça va… Ils coupent les gaz ici, en passant dans la rue. Ils sont assez respectueux. Ce n’est pas le cas de ceux qui tournent derrière les Oliviers. Là, cela n’arrête pas. »

Des amateurs venus d’autres départements

À 17 heures, le centre d’opération et de renseignement de la gendarmerie du Val-d’Oise alerte le capitaine que deux motos font des runs derrière l’aérodrome de Moisselles. « Une rouge et une blanche ». Un équipage est mobilisé pour y aller alors que l’alerte sur le lac bleu est levée. Il n’y avait pas – ou plus – de motos lorsque les gendarmes sont arrivés.

La veille, ce même dispositif avait également abouti à la saisie de plusieurs moto-cross, six en tout. Notamment à Méry-sur-Oise, où une dizaine de jeunes ont été surpris à faire tourner deux motos. Des engins non homologués, ne pouvant circuler en dehors de terrain privés. Ils ont été saisis, les jeunes verbalisés. Parmi eux, plusieurs étaient originaires des Hauts-de-Seine.

Quelques instants plus tard, au même endroit, c’est un motard du Val-de-Marne qui est intercepté. « Les gens viennent régulièrement d’autres départements pour venir profiter des massifs forestiers du Val-d’Oise ou des espaces naturels. Dans les Hauts-de-Seine ou la Seine-Saint-Denis, ils n’ont pas le même environnement. »

Source : www.leparisien.fr

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