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SIC : des gendarmes garants de la communication opérationnelle

17 juillet 2018 – Par la capitaine Céline Morin

Les gendarmes Sic sont déposés par la Sag de Chamonix au sommet du Mont-Joly afin de procéder au maintien en condition opérationnelle du relais montagne. – ©  Sirpa Gend – MAJ. F. Balsamo

Parce que la communication est au cœur de la manœuvre opérationnelle, les techniciens des systèmes d’information et de communication en sont un maillon essentiel. Rencontre.

Combinaison d’intervention, casque sur la tête, baudrier ajusté, sac rempli d’outils sur le dos… Le maréchal des logis-chef Jérôme Fierquin et l’adjudant Éric Handler attendent l’hélicoptère de la section aérienne de Chamonix sur le tarmac de l’aéroport d’Annecy. Ce jour-là, ces deux techniciens de la Section des systèmes d’information et de communication de Haute-Savoie doivent se rendre à 2 525 m d’altitude, afin de procéder au Maintien en condition opérationnelle (MCO) du relais montagne situé sur le Mont Joly. Au sommet, l’appareil ne fera qu’un poser patin le temps que les deux gendarmes, accompagnés d’un militaire du PGHM, en descendent. Il reviendra les chercher à l’issue de l’opération de maintenance.

Des relais montagne comme celui-ci, le groupement de la Haute-Savoie en compte huit, qui assurent le réseau de secours en montagne, vital pour l’action du PGHM. C’est une des spécificités du groupement. Ils s’ajoutent aux neuf relais rubis, également placés sur les points hauts du département, de 1 100 m à 3 842 m pour celui de l’Aiguille ­­ Midi, et garantissant toutes les communications gendarmerie. « Nous surveillons le fonctionnement de ces relais à distance, depuis le Corg et le PGHM. Nous effectuons des opérations préventives deux fois par an sur les installations Rubis et en moyenne une fois par an sur les relais VHF montagne, où nous intervenons plus particulièrement l’hiver, en curatif. Il faut notamment déneiger les panneaux solaires qui alimentent ces installations en électricité. Le PGHM le fait également régulièrement. En outre, les réparations sont fréquentes en cette saison en raison du givre et du vent qui endommagent les brins de sol des antennes », confie le MDC Fierquin.

Interventions héliportées

L’été, les interventions de MCO se font en 4X4 ou à pied, en mode randonnée avec sac à dos. Pour les plus gros travaux, comme le remplacement d’une batterie, pouvant peser de 35 à 45 kg, ou de panneaux solaires, l’unité est tributaire de l’hélicoptère. C’est également le moyen de déplacement privilégié, avec les remontées mécaniques, durant la période hivernale, ou pour atteindre certains sites, comme l’Aiguille du Midi, uniquement accessible en téléphérique ou par hélitreuillage.

De G.A. transmetteur à Sic

« En groupement, nous sommes tous des généralistes. Même si nous avons notre domaine de prédilection, nous devons être capables d’intervenir sur tous les matériels : radio, téléphone, informatique, relais… C’est indispensable notamment pour assurer les permanences ». Sa spécialité : la radio. C’est d’ailleurs dans ce domaine qu’il a commencé sa carrière. Son BTS électronique en poche, c’est en qualité de Gendarme auxiliaire (G.A.) transmetteur qu’il effectue son service militaire. Après un mois à Tulle, il est affecté à Annecy de 1998 à 2000. Cette expérience lui ouvre grand les portes d’un poste de technicien en radiocommunication, dans le civil, à Annecy, où il passe quatre ans. « C’est là que j’ai vraiment appris le métier de la radiocommunication », poursuit le chef, qui une fois en CDI, a décidé de se représenter au concours SOG. « Je l’ai réussi et, en 2003, j’ai intégré Chaumont. À ma sortie, j’ai été affecté à l’escadron de Digne-les-Bains.

En 2006, je suis devenu transmetteur radio peloton, puis deux ans après, j’ai passé le certificat des systèmes d’information et de communication G.M., ce qui m’a permis de devenir, à l’issue d’un stage de cinq semaines, adjoint au chef transmission de l’unité ». En 2009, il poursuit dans cette voie et passe les tests DTSIC. « Dès l’instant où j’ai été G.A. transmetteur, j’ai su que je voulais être gendarme dans cette spécialité ». Au terme de sa formation à Rosny, à l’automne 2010, il commence sa nouvelle carrière à la SSIC d’Évreux. Puis, après 4 ans dans l’Eure, c’est de nouveau à Annecy qu’il pose ses bagages, « le 1er septembre 2014, 16 ans jour pour jour après mon arrivée en tant que G.A. », sourit-il.

Un département atypique

Des spécificités, la Haute-Savoie en possède plusieurs : des relais en altitude, un réseau VHF montagne qui impose un stage spécifique aux Sic, ou encore la présence d’une VHF marine équipant les deux unités nautiques des lacs d’Annecy et du Léman. « En termes de charge de travail, c’est du MCO, comme sur des véhicules de brigade », indique le MDC Fierquin. Il faut aussi compter avec la présence de quatre tunnels, où le réseau doit être régulièrement testé. « Nous procédons à des essais radio, en mode normal et en mode dégradé, dans tous les tunnels, en moyenne tous les trimestres, avec les services Sic de la préfecture. Généralement cela se passe entre 22 heures et 2 heures du matin, en raison de la fermeture nécessaire de la circulation, notamment dans le tunnel du Mont-Blanc.

On profite des exercices de simulation d’accident pour conduire nos opérations de contrôle. Chaque trimestre, l’exercice se déplace sur une portion kilométrique différente, ce qui nous permet de tester l’ensemble du réseau en un peu plus d’un an. » La situation frontalière de la Haute-Savoie impose par ailleurs une coopération avec les autorités suisses et italiennes afin de s’assurer de l’interopérabilité des moyens de communication des forces de sécurité et de secours. Enfin, comme dans tout groupement montagne, les délais de route peuvent être conséquents et l’intervention la plus simple n’est jamais rapide. « Pour le poste provisoire de Chatel ou encore la brigade d’Abondance, il nous faut deux heures de trajet. C’est un facteur à prendre en compte », précise le MDC Fierquin.

Projetables en tout temps et en tout lieu

Disponibles et opérationnels H. 24, les techniciens Sic sont projetables sur tout événement dès l’instant où il faut ajouter des moyens radios ou informatiques. Certains événements, comme le Tour de France se préparent en amont. « L’an dernier, le département a accueilli trois étapes, c’était très impactant. Nous avons effectué une reconnaissance des parcours pour s’assurer de la couverture et apporter des solutions techniques pour le jour J. », note le militaire.

D’autres interventions, répondant à l’actualité, requièrent une grande réactivité. « Nous avons par exemple été appelés récemment sur une scène de crime pour installer une bulle tactique », confie-t-il, avant de raconter la mise en place d’une antenne relais en pleine nuit afin de créer une couverture radio sur une zone où devait avoir lieu une battue préfectorale des bouquetins atteints de brucellose. « La situation était sensible au regard de la présence d’opposants à cette opération sanitaire. Nous avons été prévenus au dernier moment et avons dû mener une action rapide et en toute discrétion en lien avec nos homologues de la préfecture ».

Garants de l’opérationnel

En déplacement un jour sur deux, le métier de Sic n’est clairement pas un travail de bureau, « même s’il en faut toujours, notamment pour développer nos idées et effectuer les réparations des matériels que l’on nous apporte », souligne le MDC Fierquin. Au quotidien, les Sic effectuent en effet beaucoup de télémaintenance et d’accompagnement des utilisateurs de l’informatique. « C’est ce que nous appelons la « bobologie ». Nous sommes au service du brigadier. Nous avons un impératif de bon fonctionnement. Nous sommes les garants de l’opérationnel. Bien évidemment, quand les gens nous appellent pour leur propre problème, ils n’imaginent pas que nous sommes souvent sur plusieurs fronts en même temps et que nous sommes seulement onze pour tout un département. Il nous faut parfois prioriser nos interventions en fonction de l’urgence opérationnelle. Il va sans dire que le Corg et les relais priment. »

Et d’expliquer une nouvelle façon de fonctionner avec Solaris : « Avant, on traitait les interventions par mails et par appels téléphoniques. Aujourd’hui, on leur demande de saisir l’incident sur le logiciel, ce qui nous permet de recenser et de prioriser les interventions ». Installation, paramétrage et aide à la prise en main des nouveaux matériels dans les unités, comme les ordinateurs, les impri­mantes, ou encore les tablettes Néogend, font bien sûr partie des missions. « Nous avons déjà reçu l’équipement collectif, puis en cours d’année, nous allons recevoir l’équipement individuel, soit 870 matériels à configurer. Comme pour chaque nouveau matériel, il a fallu qu’on se les approprie au préalable. Ce qui s’est fait assez facilement grâce aux échanges et à l’émulation au sein du groupe. »

S’adapter, anticiper, innover

2016 a été une année plutôt riche pour la SSIC 74. En plus des MCO, des travaux quotidiens à l’atelier, du déploiement des matériels, de la gestion des événements exceptionnels, les militaires ont notamment dû conduire la migration en urgence de Windows 10 et de Linux en 14.04, l’aménagement de leurs locaux à l’initiative de leur nouveau commandant d’unité, le déménagement du Corg avec la création d’un mur d’images, la conception et l’installation d’un nouveau relais au Parmelan afin d’étendre la couverture du réseau montagne…

« Cela fait partie des défis techniques que nous lance le commandant de groupement, comme la création d’une solution d’envoi groupé de SMS gratuitement pour alerter les réservistes ou l’équipement en moyens radios des véhicules banalisés provenant des saisies. Sur ces véhicules, à nous de tout concevoir, car il n’y a aucun pré-équipement. Le défi est d’autant plus grand s’il est destiné à la B.R. et que l’équipement doit rester discret ». Les Sic doivent être en mesure d’apporter une solution technique adaptée aux besoins du terrain, voire de l’anticiper en étant force d’innovation.

Sourcewww.gendcom.gendarmerie.interieur.gouv.fr

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