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Le - Tour de France 2018. Les Gardiens du Tour : la gendarmerie nationale couvre 95 % de la carte (du Tour) de France

#TOUR DE FRANCE

Tour de France 2018. Les Gardiens du Tour : la gendarmerie nationale couvre 95 % de la carte (du Tour) de France

La gendarmerie exerce dans toute la France, sauf les grandes villes. Ce qui représente 95 % du pays. Forcément, ils sont omniprésents sur les routes du Tour de France.

La gendarmerie exerce dans toute la France, sauf les grandes villes. Ce qui représente 95 % du pays. Forcément, ils sont omniprésents sur les routes du Tour de France. | Sirpa Gendarmerie Nationale

Pendant plus de trois semaines, chaque jour d’ici au 29 juillet, des ultimes préparatifs du Grand Départ du Tour de France jusqu’à l’arrivée finale sur les Champs-Élysées, la gendarmerie est l’invitée de Ouest-France au travers cette série intitulée les Gardiens du Tour.

Un petit-fils discute avec son grand-père ancien gendarme, quelque part en France. Ils regardent le Tour de France à la télévision :

– Mais attends grand-père, il n’y a que les gendarmes pour protéger les gens sur le Tour de France ? Les 13 000 gendarmes dont ils viennent de parler ?

– Non, bien sûr, il y a aussi des policiers et des pompiers, entre autres. Des policiers municipaux également. Et des médecins, des bénévoles d’associations agréées de protection civile. Bref, plein de monde.

– Ah, tu vois ! Et ils sont nombreux ?

– Il y a environ chaque année 10 000 policiers et 6 000 sapeurs-pompiers mobilisés ou prêts à être mobilisés.

– Les policiers, ils se mettent à côté des gendarmes ? Ils arrivent à s’entendre ?

– Allons…

– Pardon, je plaisantais… Mais plus sérieusement ?

– La question en réalité est celle de leur zone de compétence respective.

– Leur zone de… ?

– De compétence. Les gendarmes et les policiers ont la même mission, celle d’assurer la sécurité de nos concitoyens, mais chacun en est chargé sur sa propre zone. Il y a une zone de compétence gendarmerie et une zone de compétence police. Ce qui ne les empêche pas de se parler et de partager les infos. Heureusement !

– Mais en l’occurrence, sur le Tour de France ?

– Tiens, j’ai récupéré quelques chiffres dans le Gend’Info(le magazine interne de la gendarmerie). Laisse-moi les retrouver… Un instant.

– Va, va, pas de souci.

– Ah ! Ça y est. Écoute bien. « En 2018, 8 départs seront donnés en zone gendarmerie et 11 arrivées y seront jugées, dont celles annoncées comme déterminantes pour la victoire finale : Mûr-de-Bretagne, Le Grand-Bornand, L’Alpe-d’Huez, Bagnères-de-Luchon, Saint-Lary-Soulan, etc. »

– Pas mal. Donc le reste c’est en zone police ?

– Les 13 autres villes départs et les 10 autres villes arrivées, oui, mais attention tu oublies tout le reste du parcours, le tracé de la course elle-même !

– Parce que ?

– Parce qu’entre le départ et l’arrivée d’une étape, les 150 ou 200 kilomètres que parcourent chaque jour les coureurs se déroulent généralement quasi intégralement en zone gendarmerie.

– Tout ça ?

– Tiens, regarde : en Vendée, durant ces deux étapes de Grand Départ, 97 % du parcours emprunté par la route du Tour est situé en zone gendarmerie. Le samedi, seules les communes des Sables-d’Olonne, d’Olonne-sur-Mer et du Château-d’Olonne sont en zone police. Et le dimanche, seule l’arrivée, à La-Roche-sur-Yon. Tout le reste est en zone gendarmerie.

– Oui mais c’est parce que le Tour passe par des petites routes. Ailleurs en France ce ne sera pas partout pas pareil.

– Si si, je t’assure. Au total, la gendarmerie est chargée de veiller sur 95 % du territoire national. On comprend mieux le rapport charnel qu’entretiennent la gendarmerie et le Tour de France, pas vrai ?

– Ah ouais quand même. Impressionnant. Je n’imaginais pas. (Il marque un silence) Donc tout à l’heure tu m’as rabroué, mais sur le Tour c’est bien ce que je dis, les gendarmes et les policiers ne se mettent pas côte à côte au même endroit ?

– Si tu veux. Pour faire simple, retiens que la police veille sur les grandes plaques urbaines de notre pays. Donc, s’agissant du Tour, sur les plus grandes villes de départ et sur les plus grandes villes d’arrivée. Également sur les cœurs des villes traversés.

– Et la gendarmerie alors, si je comprends bien, est positionnée partout ailleurs ?

– Ce que tu dois comprendre, c’est que la gendarmerie, parce qu’elle est présente partout en France, sur ces fameux 9 5 % du territoire, a une vue d’ensemble sur la sécurité dans le pays. Déjà, elle protège tous ceux qui n’habitent pas dans les centres urbains, soit 55 % de la population française. Mais par ailleurs elle protège les flux, les mouvements, les déplacements de la population sur tout le territoire ! Alors pour résumer : la police protège les plaques urbaines et la gendarmerie permet de les mettre en réseau, en protégeant les flux qui les relient ou les traversent. Tout cela est complémentaire.

– Ah c’est marrant ça. Ça me fait penser à quelque chose. Tu as lu le dernier Philippe Delerm (Et vous avez eu beau temps ? La perfidie ordinaire des petites phrases, éditions Seuil, 2018) ?

– Euh… non. Pourquoi ?

– À moi de te faire patienter un instant alors. Ne bouge pas. (Il s’éclipse puis revient) Voilà, j’y suis. Ça parle d’Anquetil et Poulidor. C’est pages 19 et 20, là, je lis, tu m’écoutes ?

– Évidemment que je t’écoute.

– Alors j’y vais : « Ils ne devaient jamais se recevoir l’un chez l’autre. […] La presse, la télévision, le pays entier les comparaient sans cesse, les opposaient. Eux se coudoyaient sur le bitume. Il y avait la France de Jacques Anquetil et la France de Raymond Poulidor. » Et là cette phrase, attention, écoute bien c’est là : « On ne savait pas que c’était la même. » C’est beau, non ? Ça te parle ?

Jean-Baptiste Verrier est un « civil » de 32 ans, novice de la gendarmerie nationale qu’il a rejointe voici seulement quelques mois. À travers « Gardiens du Tour », il nous fait découvrir cette institution « de l’intérieur », en même temps qu’il la découvre lui-même.
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