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Le - Tuerie de Saint-Didier : un ancien gendarme de Châteaubourg témoigne, vingt ans après

Tuerie de Saint-Didier : un ancien gendarme de Châteaubourg témoigne, vingt ans après

Hervé Le Masle était l’adjoint au commandant de brigade, l’adjudant Gérard Le Ber, lors de la tuerie de Saint-Didier, en 1997, où cinq personnes sont mortes, dont deux gendarmes.

Publié le 5 Août 17 à 12:48|Modifié le 6 Août 17 à 8:44

Les visages des gendarmes Curot et Esnault sont affichés dans le hall d’accueil de la brigade de Châteaubourg. (©Le Journal de Vitré)

Il se rappelle avec précision de ce jour funeste, à Saint-Didier, près de Châteaubourg (Ille-et-Vilaine). Le 5 août 1997, devant sa télévision, Hervé Le Masle a appris la mort – comme les veuves – des gendarmes Esnault et Curot, tués par Joseph Allain. « Aux bulletins de 19h07 et 19 h 09, détaille-t-il. Je ne travaillais pas ce jour-là, j’étais dans le Morbihan. »

Très vite, j’ai passé quelques coups de fil à Rennes pour avoir confirmation des premières informations.

Cinq morts
Ce jour-là, Joseph Allain se rend chez sa maîtresse, Solange Brillet, armé d’un fusil de chasse. A bout portant, il tue les parents de sa maîtresse ainsi que son frère et la blesse. Elle parvient à s’enfuir et donne l’alerte.
Les deux gendarmes Esnault et Curot se rendent sur les lieux. A leur arrivée, les deux hommes sont également abattus. L’adjudant Le Ber réussit à neutraliser Joseph Allain d’un coup de feu dans l’abdomen.
A l’issue de son procès, le meurtrier est condamné à la prison à perpétuité.

A écouter : L’émission L’heure du crime du 7 juin 2016, sur RTL.

« Avoir deux cercueils face à soi, ça marque »

En apprenant les faits, Hervé Le Masle, alors l’adjoint de l’adjudant Le Ber, rentre immédiatement à Châteaubourg. Il est aux premières loges pour soutenir ses collègues et les familles éplorées par le drame. « J’ai été l’organisateur des cérémonies qui ont suivi et des obsèques des gendarmes », retrace-t-il.

Il se souvient d’ailleurs de l’attente du ministre de la Défense, en retard, place du marché, le vendredi suivant. « Il faisait très chaud, les gens tombaient les uns après les autres. Mais même après 1h30, tout le monde restait aligné. Avoir deux cercueils face à soi, ça marque. Ça pleurait beaucoup autour… », raconte le gendarme, aujourd’hui en poste à Cayenne (Guyane).

Comme ses camarades, le colonel Le Masle a bénéficié d’un soutien psychologique. Une première à l’époque. « Dans les dix jours qui ont suivi le drame, il y a eu des rendez-vous en commun puis individuels.

La situation était périlleuse, c’était important pour calmer le for intérieur », décrypte-t-il.

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« C’était le KO »

Dans la périphérie rennaise, la brigade amputée de deux gendarmes, tourne au ralenti. « C’était le KO. La vie s’est arrêtée pendant plusieurs semaines à Châteaubourg, souffle Hervé Le Masle. Plus tard, des statistiques ont montré qu’il y avait eu moins de vols, moins de cambriolages après les faits. Des délinquants, que l’on avait interpellés, sont mêmes venus nous voir et nous apporter leur soutien. »

Déstabilisée, la gendarmerie voit partir ses éléments, « mutés à leur demande », vers d’autres casernes. Le commandant en second quittera, lui, la région en 1998, mais conserve le contact avec les familles des disparus.

Comme lui, les gendarmes Esnault et Curot avaient des enfants en bas âge. « Ils jouaient ensemble. On a partagé des soirées grillades avec nos camarades. La communauté gendarmique, c’est une petite famille. Au début, ça n’a pas été toujours évident d’en parler. »

« Je découpais tous les articles de presse »

De Savoie, Hervé Le Masle suivra plus tard les procès du meurtrier. « Je découpais tous les articles de presse. »

Cette expérience lui servira aussi dans son métier. « Aujourd’hui, tout le monde porte un gilet pare-balles. Quand je dirigeais mes hommes, je m’imposais pour qu’il ne parte pas sans protection. Ça m’a guidé dans mon action. »

Par : Rédaction Vitré

Source : actu.fr

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