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Le - Un gendarme de Mayotte témoigne : « C’était inimaginable »

Originaire d’Époisses, un gendarme de Mayotte témoigne : « C’était inimaginable »

À Sada, comme dans le reste de Mayotte, la vie reprend son cours, même si les stigmates du cyclone Chido sont encore présents. Aymeric Philippot, gendarme originaire de la commune d’Époisses, est en poste depuis deux ans dans ce petit archipel de l’océan Indien. Il nous raconte comment il a vécu ce 14 décembre ainsi que la lente reconstruction et les défis qui attendent les Mahorais.

Michel Sookhoo (CLP) –

Aujourd’hui à 12:00

Le major Aymeric Philippot à la rencontre de la population mahoraise après le passage dévastateur du cyclone Chido.  Photo fournie par le major Aymeric Philippot
Le major Aymeric Philippot à la rencontre de la population mahoraise après le passage dévastateur du cyclone Chido.  Photo fournie par le major Aymeric Philippot

Dans une carrière, il y a des expériences qui marquent à jamais. En déposant ses valises à Mayotte en juillet 2023, le major de gendarmerie Aymeric Philippot, originaire de la commune d’Époisses, ne s’attendait sans doute pas à être au cœur du cyclone Chido , qui s’est abattu sur cet archipel de l’océan Indien le 14 décembre.

Celui qui occupe la fonction d’adjoint au commandant de la brigade de Sada, au sud-ouest de Mamoudzou, admet que cette tempête tropicale restera comme un événement marquant de sa vie d’homme et de militaire. « En Martinique, où je suis resté quatre ans, et sur l’île de La Réunion, [où j’ai vécu] cinq ans, j’ai connu des cyclones, mais jamais d’une telle intensité », avance le sous-officier de 52 ans.

Il revient sur ce moment oppressant et frappant de sa carrière. Le 13 décembre, le militaire, qui compte vingt gendarmes sous ses ordres, était de permanence avec cinq d’entre eux à la brigade. La vigilance rouge était enclenchée. Le matin du 14 décembre, le niveau d’alerte était passé au violet, la menace la plus forte. C’est vraiment à ce moment-là que le cyclone a été le plus désastreux.

« J’étais impuissant »

Les militaires, bloqués à la caserne, entendaient le vent souffler et les arbres tomber. Il y avait beaucoup de vent, mais pas de forte pluie. « À cet instant, en ma qualité de responsable, le plus dur pour moi était de savoir comment j’allais retrouver mes collègues. D’autant que dans un dernier message, l’un de mes hommes nous annonçait qu’il n’avait plus de toit. J’étais impuissant », raconte le major Philippot.

« Un paysage de désolation »

Dans le début de l’après-midi, le vent a commencé de se calmer. Privée de moyens de communication, la brigade ne savait même pas si l’alerte était levée. Mais il fallait réagir. Les cinq militaires se sont répartis en deux équipes pour aller sur le terrain. « Dehors, c’était inimaginable. C’était un paysage de désolation. Plus un arbre n’était debout. J’ai fait le tour de mes collègues. Certains ont tout perdu. Heureusement, il n’y a eu aucun blessé, mais des dégâts matériels. »

Dans les heures, les jours et les semaines qui ont suivi, les gendarmes ont aidé au dégagement des axes routiers afin que les secours puissent circuler. Ils ont aussi assuré le ravitaillement et la distribution d’eau. En parallèle, l’activité judiciaire a continué : en plus d’apporter leur aide à la population, les gendarmes devaient gérer leurs missions habituelles.

Comme cet adolescent, les Mahorais sont en première ligne dans la reconstruction.  Photo fournie par le major  Aymeric Philippot

Époisses – « Dans cette terrible épreuve, les Mahorais sont restés dignes »

Hormis le paysage de dévastation constaté ou encore des habitants se lavant dans de l’eau sale et bien d’autres images à jamais gravées, le major Aymeric Philippot a été frappé par l’attitude des Mahorais. « Dans cette terrible épreuve, [ils] sont restés dignes. Ils ne sont pas résignés, pas abattus. Ils font preuve de solidarité et de résilience dans l’adversité », explique celui qui a grandi en haute Côte-d’Or, où ses parents habitent encore.

Le gendarme précise que les Mahorais sont en première ligne dans la reconstruction de leur pays. La crise de l’eau est toujours présente et son rationnement encore d’actualité. D’autant que le deuxième cyclone, survenu il y a quelques semaines, n’a pas arrangé les choses. « L’eau est une vraie problématique à Mayotte. Et pourtant, avec les deux cyclones, il y a eu une accumulation d’eau. Ce qui est paradoxal justement pour un pays qui en manque », avance l’adjoint au commandant de la brigade de Sada. L’électricité se fait attendre dans certaines parties de l’archipel. D’ailleurs la brigade a dû elle aussi fonctionner avec un groupe électrogène. L’école, elle, a repris.

Aymeric Philippot évoque également les bidonvilles, les “bangas”, ces habitations en tôles qui se sont vite reconstruites et ceci malgré la volonté de l’État de l’empêcher.

De leurs côtés, même exténués, les gendarmes se montrent réactifs : « Nous reprenons le rythme d’avant. Les renforts de la Métropole sont là. C’est une aide essentielle, notamment pour les patrouilles. Nous allons pouvoir reprendre des permissions qui, fort logiquement, avaient été supprimées au regard de la situation de crise. »

Ils font preuve de solidarité et de résilience dans l’adversité.

Le major Aymeric Philippot

Le cyclone Chido a été d’une rare violence . Photo fournie  par le major Aymeric Philippot

Époisses | Zoom – L’association Les Mains du cœur solidaire de Mayotte

L’association Les Mains du cœur, avec le soutien de la mairie d’Époisses, a décidé de mettre en place une action de solidarité “De tout cœur avec Mayotte”, afin de soutenir les habitants de l’archipel. À cet effet, elle organise, samedi 15 mars, à l’espace de rencontres et de loisirs, un repas solidaire. Les bénéfices de la soirée seront reversés à Mayotte via l’antenne montbardoise de la Croix-Rouge. Des dons pourront également être effectués lors de cette soirée.

Samedi 15 mars, à l’espace de rencontres et de loisirs. Repas solidaire à partir de 19 h 30. Menu (apéritif offert ; riz et poulet à la mahoraise et dessert exotique) : 15 €, sur place ou à emporter. Réservation au 06 82 61 24 12.

Source : www.bienpublic.com

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