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Le - Une matinée au tribunal des petits délits de Quimper

REPORTAGE. Une matinée au tribunal des petits délits de Quimper

L’alcool au volant constitue l’essentiel des audiences correctionnelles à juge unique, traditionnellement surnommées « les audiences muscadet ». Un lundi matin au palais de justice de Quimper (Finistère).

L’alcool au volant constitue l’essentiel des audiences correctionnelles à juge unique, traditionnellement surnommées « les audiences muscadet ». Reportage au palais de justice de Quimper (Finistère).
L’alcool au volant constitue l’essentiel des audiences correctionnelles à juge unique, traditionnellement surnommées « les audiences muscadet ». Reportage au palais de justice de Quimper (Finistère). | FABRICE LE HENANFF

Ouest-France Pierre FONTANIER.Publié le 21/10/2019 à 17h02

Lundi 21 octobre 2019, 8 h 30, palais de justice de Quimper (Finistère). Les paupières alourdies par le week-end, prévenus, avocats et public prennent place. Chaque lundi et mercredi matin, le tribunal juge les « petits délits ». Ces audiences correctionnelles à un seul juge (contrairement à la collégiale du jeudi après-midi où un président et ses deux assesseurs jugent des délits plus importants) sont surnommées « audiences muscadet » : les conduites en état alcoolique (CEA) constituent l’essentiel du rôle (le menu du jour).

C’est parti pour un marathon de dix-neuf dossiers et plusieurs heures. Parfois jusqu’à l’après-midi. Le président du jour, Christophe Le Petitcorps, rend ses délibérés (le jugement d’un procès antérieur). Puis il aborde une par une les affaires du jour, accompagné du greffier qui prend tout en note. Simon Vrolyk s’y colle.

Premier prévenu à la barre. Le matin des faits, il apprend « une mauvaise nouvelle ». Pour se consoler, il se roule un joint. L’après-midi, il se fait contrôler au volant par les policiers. « Vous fumez régulièrement ? » le questionne le juge. « Non, j’ai arrêté. » Son casier judiciaire ne plaide pas en sa faveur : douze condamnations, dont plusieurs pour consommation ou conduit sous l’effet du cannabis.

« À la limite du burlesque »

« Il faut rester maître de vous-même Monsieur. Si tous les gens qui apprennent une mauvaise nouvelle se mettent à fumer du shit, on ne va pas s’en sortir », lance Christophe Le Petitcorps. L’homme est condamné à 900 € d’amende. Trois mois de prison s’il ne paie pas. Son permis de conduire est suspendu six mois.

Prévenu suivant. Ce marin pêcheur de 36 ans, récidiviste de la conduite sans permis, s’est de nouveau fait attraper par les gendarmes à Châteauneuf-du-Faou. Ce soir-là, il a 2,60 grammes d’alcool dans le sang au guidon d’une moto 125 cm3. Il tombe en panne d’essence et fait de grands gestes. Les gendarmes viennent voir s’il a besoin d’aide. Ils constatent son état d’ivresse. Il leur donne l’identité de son frère. « J’ai fait n’importe quoi », répète-t-il.

Il sort de dégrisement à 10 h 45 le lendemain. Il se rend immédiatement dans un magasin et vole deux baskets pour le pied gauche dans deux pointures différentes. « Vous êtes complètement à côté de vos pompes ! s’emporte le juge. J’ai l’impression que vous êtes en orbite autour de la planète. »

Les mêmes gendarmes le contrôlent de nouveau. Il redonne l’identité de son frère : « Si ça avait été d’autres gendarmes, j’aurais donné la mienne. » Quand les forces de l’ordre lui demandent de payer les baskets (100 €), il ose : « Si je paie, je veux récupérer les deux paires. » Le président : « On est à la limite du burlesque. Vous n’avez pas besoin de drogues pour planer. » 10 mois ferme, interdiction de conduire pendant 18 mois et 800 € d’amende.

La matinée se poursuit avec un automobiliste contrôlé pour la cinquième fois en état d’ivresse. À l’audience muscadet, les clients sont nombreux.

Source : www.ouest-france.fr

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