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Le - VIDEOS. Dans l’Orne, rencontre avec Feever, le chien stup’ de la brigade de gendarmerie de Mortagne

VIDEOS. Dans l’Orne, rencontre avec Feever, le chien stup’ de la brigade de gendarmerie de Mortagne

L’efficacité d’un chien spécialisé en recherche de stupéfiants va de paire avec la relation qu’il a avec son maître. Rencontre avec Feever et Jérôme, de la gendarmerie de Mortagne.

Publié le 14 Déc 19 à 17:44

Lors d’un contrôle routier sur la Nationale 12, Feever a été appelé à la rescousse pour vérifier si un véhicule contenait du cannabis

Pour lui, c’est un jeu, pour la gendarmerie c’est un atout majeur : Feever, malinois de 9,5 ans, est capable de retrouver de la drogue dans de nombreuses situations.

Cachés, à vue, en hauteur ou dissimulés, qu’importe où sont les stupéfiants, s’il y en a, il les trouvera.

Et son maître, c’est Jérôme Fouquet du PSIG (pelotons de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie) de Mortagne-au-Perche (Orne).

Un maître de chien passionné depuis 1996.

Depuis 1996

Feever et son jouet d'entraînement
Feever et son jouet d’entraînement (©Le Perche)

Si le métier en fait rêver plus d’un, le chemin de croix pour arriver jusqu’ici (que ce soit pour le professionnel ou le chien) est rude.

Les places sont très chères et demandent de nombreux tests, aussi bien physiques que théoriques.

Il faut d’abord que ce soit une passion, si ce n’en est pas une, les contraintes inhérentes à la profession deviennent de vraies contraintes »

Et les « contraintes » sont notamment s’occuper presque en permanence de son compagnon de travail.

Car même si le chien est parfois confié à d’autres personnes de la brigade pour laisser le maître-chien se reposer, cela doit rester une relation de fusion entre lui et l’animal.

Plusieurs heures par jour, Jérôme l’entraîne à repérer des matières stupéfiantes, pour ne pas qu’il perde la patte, et s’occupe de lui comme d’un vrai animal de compagnie.

Le reste du temps, avec Jérôme, Feever part en patrouille ou en intervention quand on a besoin d’eux. Car le gendarme à quatre pattes recherche exclusivement des produits stupéfiants mais ne sera pas là pour défendre.

Si le Malinois est très utile en intervention, c’est parce qu’il a 44 fois plus de flair que nous…

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Un jeu indispensable

Et pour l’entraîner à trouver l’odeur de stupéfiants, il « suffit », même si cela demande beaucoup de temps, d’associer l’odeur du stupéfiant (que ce soit de l’héroïne ou de la cocaïne, pas que du cannabis) à celle de son jouet (un tube troué dans lequel on va cacher un morceau de drogue). Il ne lui restera plus qu’à chercher son tube… C’est pour cela que chercher des produits stups’ est un jeu pour lui.

Ensuite, le tube est retiré pour travailler sur des produits à l’état pur.

Et forcément, avec le temps, il associera l’odeur, et la drogue deviendra le jouet qu’il cherche. Il pourra alors partir sur des pistes en intervention, dans des voitures, sur des personnes ou dans des habitations. Et il sait que s’il trouve la source de l’odeur, son maître sera content après l’intervention.

Il ne faut surtout pas oublier sa récompense, son jouet, une caresse ou une friandise »

Reste ensuite à l’entraîner dans tous types de milieu : cacher en hauteur, en contrebas, près d’un grillage, sous la pluie. Avec l’entraînement qu’a Feever, il est bien difficile de le tromper.

Une grosse prise

Jérôme entraînant Feever à chercher un objet sur un individu
Jérôme entraînant Feever à chercher un objet sur un individu (©Le Perche)

Passionné, le gendarme raconte sans s’arrêter toutes les anecdotes qu’il a vécues avec Feever, comme sa plus grosse « prise » qu’il confie la larme à l’œil :

C’était à Saint-Martin (aux Antilles), il a repéré 128 kilos d’herbe de cannabis près d’un squat. Ca a été sa plus grosse prise mais aussi sa plus belle recherche »

Sans donner trop de détails, les produits stupéfiants n’ont pas été trouvés directement, et sans Feever et son odorat pour cheminer jusqu’à la drogue, la gendarmerie n’aurait sans doute pas réussi cette opération.

Et le professionnel le martèle : il faut créer de nombreux liens avec l’animal, c’est la clé de son efficacité.

Si vous n’êtes pas familiarisé avec le chien, vous n’y arriverez pas. La cohésion maître-chien est presque fusionnelle. »

Il n’y a qu’à voir quand Jérôme ouvre la porte du chenil… Feever sort comme une balle et tourne autour des véhicules content de revoir son maître.

Car, même s’il y a plusieurs personnes autour de lui, il n’a d’yeux que pour son compagnon de travail. Il ira voir les autres personnes seulement si Jérôme lui dit de le faire.

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Une longue formation

Jérôme et son compagnon Feever
Jérôme et son compagnon Feever (©Le Perche)

Pour le chien, et le maître-chien, avant de travailler patte dans la main, le chemin est long.

Tous deux doivent passer une batterie de tests, se rencontrer, s’apprécier et être efficaces ensemble (les chiens sont liés à des maîtres avec un caractère similaire)

On regardera aussi chez le chien son aptitude à trouver des stupéfiants, des explosifs, ou à défendre.

Le professionnel doit surmonter un stage intensif de 14 semaines, durant lequel il passera des tests physiques mais aussi théoriques sur le monde canin. Avant de rencontrer son « collègue » de travail et de s’apprivoiser l’un et l’autre. Comptez 500 maîtres-chiens pour 100 000 gendarmes en France.

Si Jérôme a choisi cette voie, c’est notamment après son service militaire :

J’ai des chiens depuis que j’ai six ans, mais pendant mon service militaire en gendarmerie j’ai rencontré un maître de chien ronchon avec un chien qui aboyait tout le temps. Il m’a transmis le virus ! »

Différentes races, différentes spécialités
Si Feever est un malinois, qui est possiblement apte à tout type d’intervention, d’autres races de chiens interviennent de façon spécifique en fonction des besoins. Comme le Saint-Hubert, lui, son seul jeu est d’aller retrouver des personnes. Mais aussi le springer espagnol qui lui aura tendance à se spécialiser dans la recherche de restes humains ou dans le suivi de traces de sang.

Après dix ans de service le chien est réformé, il part à la retraite et ne doit plus « travailler » c’est-à-dire ne plus exercer ce pour quoi il a été entraîné, même de la défense.

Il est alors adopté par une famille, ou, comme c’est le cas pour Feever, en retraite, depuis début décembre 2019, il est adopté par son maître-chien, compagnon éternel.

Par : Hugo Blin|

Source : actu.fr