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Le - Le désespoir des agriculteurs de Moselle : « un jour, il va y avoir un coup de fusil »

Excédé par les vols, le désespoir des agriculteurs de Moselle : « un jour, il va y avoir un coup de fusil »

Publié le 26/09/2022 à 16h07 • Mis à jour le 26/09/2022 à 23h11Écrit par Yves Quemener.

Photo d'illustration.
Photo d’illustration. • © JEAN-MARC LOOS / L’ALSACE / MAXPPP

En Moselle, depuis quelques temps, les voleurs s’en prennent aux GPS des agriculteurs. Une délinquance qui est en très nette augmentation selon le groupement de gendarmerie de Moselle. Des bandes bien organisées, souvent en provenance de Lituanie et des pays de l’est.

Gabriel Contelli à 62 ans. Il est agriculteur céréalier et éleveur à Tromborn à côté de Boulay en Moselle. Pendant l’été, lui aussi s’est fait voler ses deux GPS. Des petits ordinateurs de bord dont le prix est en moyenne de 10.000 euros pièce. « Au milieu du mois d’août, un matin, je suis arrivé dans le hangar et il manquait les antennes sur les deux tracteurs. À partir de ce moment-là, je me suis rendu compte qu’on avait volé mes GPS. Ce n’est pas très difficile à remarquer. C’est une grosse boule jaune de plus de 25 cm de diamètre ». 

Il s’agit d’une nouvelle technologie d’autoguidage par satellite qui permet aux agriculteurs de gagner en temps, en précision et ainsi en productivité.

Très cher et très recherché

C’est un matériel coûteux, et vite écoulé sur le marché noir. Et le délai d’attente pour pouvoir en acheter un autre est d’au moins huit mois. « Dans l’urgence j’en ai racheté un d’occasion, un peu moins performant car c’est du matériel de très haute de précision », dit Gabriel Contelli. L’enquête est menée par la brigade de gendarmerie de Boulay. « Ils ont remonté un réseau national. Dans la même période un peu partout en France les vols de GPS avaient tendance à se multiplier ».

L’immensité des terres rurales permet de passer plus facilement à l’action. Les vols de GPS par des bandes organisées venues des pays de l’est sont en augmentation.Jean-Marc Brême, FDSEA de Moselle.

Il s’agit principalement de vols sur les exploitations agricoles. Les bandes qui profitent souvent de l’isolement des agriculteurs. « Il s’agit de matériel de géolocalisation, des GPS. Une bande bien organisée qui vient des pays de l’est, Lituanie par exemple. Ce sont des objets très chers qui peuvent aller jusqu’à 10.000 euros. Pour eux c’est un vrai préjudice car d’une part il y a une forte demande et d’autre part une longue attente, parfois un an. Depuis dix ans on a remarqué que c’était en très nette augmentation », explique le capitaine de la gendarmerie de Moselle, Franck Faul.  « Petit à petit dans l’enquête, on remonte la filière ».

Une mission de prévention 

Partout en France, les gendarmeries sont mobilisées. « En fait ce qui est complexe c’est que les constructeurs ne recherchent même pas leur matériel. Dans nos enquêtes, certains se rallument à New-York, d’autres dans les plaines d’Europe Centrale' », explique le Général Eric Matyn, commandant du département de la Moselle. Et il ajoute : « C’est un trafic des Pays Baltes qui est super organisé. Et ce n’est pas rien ! et en nette augmentation. Mais ce que l’on remarque surtout c’est le vol de fioul ou de métaux qui devient de plus en plus fréquent ». 

Les agriculteurs de Moselle sont exaspérés. Ils restent démunis face à la multiplication des préjudices sur leurs exploitations. « C’est nouveau sur notre secteur. Aujourd’hui on a vraiment de nombreux vols venus des bandes organisées des pays de l’est. Les GPS bien sûr mais aussi des délinquants mineurs qui volent le matériel, des tracteurs par exemple. Quand ça vous arrive, vous êtes complètement déstabilisé », raconte Jean-Marc Brême de la FNSEA de Moselle. « L’immensité des terres rurales permet de passer plus facilement à l’action ».

Pour l’heure les enquêtes sont toujours en cours. Elles ont été confiées à la section de la gendarmerie de Moselle. Quelques personnes ont été placé en garde à vue. « Par exemple sur le canton de Bouzonville (Moselle), ils ont tous entre 14 et 16 ans. Ils sont connus car ils se filment sur les réseaux sociaux. La gendarmerie ne retrouve le tracteur que trente km plus loin, et avec, souvent ils ont fait des dégâts. Ils arrachent des arbres et puis ils mettent le feu aux voitures des agriculteurs. Aussi, nous on considère que la justice ne fait pas son boulot et un jour il va y avoir un coup de fusil. Par exemple, hier, un voisin s’est fait voler quatre moutons, 10 % de son élevage. C’est énorme pour lui ».

Certains se rallument même à New-York, d’autres dans les plaines d’Europe Centrale.Général Eric Matyn, commandant de la gendarmerie du département de la Moselle

Gasoil siphonné, vols de tracteurs, vols sur les exploitations, vandalisme. Des actes qui seraient de plus en plus fréquents. De son côté la gendarmerie prend ces phénomènes très au sérieux, avec des moyens d’importants pour les enquêtes.La mission de cette unité est d’organiser régulièrement des opérations de prévention avec les agriculteurs.

Source : france3-regions.francetvinfo.fr

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