Articles

Le - Crash de l’Airbus de la Germanwings , une psychologue raconte son travail sur le terrain

Crash de l’Airbus de la Germanwings : « Notre travail était de permettre une décharge émotionnelle », une psychologue raconte son travail sur le terrain

D’importants services de gendarmerie ont été mobilisés après le crash de l’A320 de la Germanwings dans les Alpes. • © F.PELLIER / MAXPPP

Publié le 23/03/2025 à 06h00

Écrit par Bussy Eloïse

Plusieurs services de gendarmerie ont été mobilisés le 24 mars 2015, suite au crash de l’Airbus A320-211 de la compagnie Germanwings : gendarmes mobiles, techniciens en identification criminelle, pilote d’hélicoptère… Dix ans après le drame, deux d’entre eux, un gendarme mobile et une psychologue, témoignent.

Ils ont fait partie des premières personnes qui ont été sollicitées le 24 mars 2015, alors que venait de se produire le crash de l’Airbus A320-211 de la Germanwings, dans les Alpes-de-haute-Provence.

« Nous partions à ce moment-là pour une mission de sécurisation sur la commune de Lunel, dans l’Hérault », décrit Anthony Buhour, adjudant au bureau des opérations de la gendarmerie mobile, pour la zone de défense et de sécurité Sud.

Il est alors rattaché à la brigade mobile de Digne-les-Bains. « On apprend d’abord qu’un avion s’est écrasé, avant de savoir qu’il s’agit d’un avion de ligne », détaille-t-il. 

« C’est la première fois qu’un dispositif de ce type est mis en place »

« C’est le commandant qui m’appelle, assez rapidement, avant même que les médias ne soient au courant. Je suis à ce moment-là la seule psychologue pour la gendarmerie au sein de la région Paca. C’est la première fois qu’un dispositif de ce type est mis en place », explique quant à elle Marie-Aude Chopin, commandante psychologue clinicienne de la gendarmerie nationale. Elle explique qu’un accompagnement psychologie avait été mis en place dès le début de l’intervention. « Il y a eu une prise de conscience de l’impact potentiel que pourrait avoir une mission comme celle-là« .

Anthony Buhour explique avoir eu comme mission la sécurisation du périmètre d’intervention. « On devait filtrer l’entrée des personnes dans la zone, raconte-t-il. On s’est rendus compte que l’on avait travaillé 42 heures d’affilée, mais cela nous est apparu normal ». Il explique avoir réalisé l’ampleur de l’intervention à son arrivée : « Il n’y avait jamais eu autant de moyens engagés. Il y avait le bruit, le nombre d’hélicoptères qui nous survolaient », relate le gendarme.

« Un sas de décompression »

Marie-Aude Chopin arrive sur place dès le lendemain du crash. D’abord seule à intervenir en tant que psychologue, elle demande du renfort face au nombre de sollicitations. « Notre travail était de permettre une décharge émotionnelle, certains nous ont dit que l’on était comme un sas de décompression […] Ce qui a été le plus difficile, c’est que là où le gendarme peut être confronté à la mort, là, il y avait des morceaux de corps, des objets personnels, des morceaux de l’avion ».

Pour les personnes qui étaient sur la scène criminelle, ils ont été confrontés à des objets symboliques, comme des peluches, des alliances….

Marie-Aude Chopin, psychologue

France 3 Provence-Alpes

S’il n’a pas fait appel aux services d’un ou une psychologue, Anthony Buhour explique également se souvenir de moments marquants. « Je me souviens du bus avec l’arrivée des familles. On est confronté à la réalité de ce qu’il s’est passé », détaille le gendarme. Le gendarme se remémore également le transport des sacs mortuaires, de la construction du sentier pour accéder au lieu du drame, mais aussi du « nombre de médias présents »

 « Quand c’est dramatique, on essaie d’être à fond dans notre mission »

Dix ans plus tard, tous deux relatent leur sentiment de l’importance de leur mission à ce moment-là. « Quand c’est dramatique, on essaie d’être à fond dans notre mission, exprime Anthony. J’ai 15 ans de carrière, c’est l’un des évènements marquants, mais d’autres collègues font face à des situations dramatiques toutes les semaines ». S’il estime avoir pu faire face au drame, il reconnaît « une certaine appréhension » au moment de prendre l’avion. « Je ne sais pas si c’est lié », explique-t-il. 

Marie-Aude Chopin décrit quant à elle « ne pas avoir eu connaissance » de personnes qui auraient suspendu ou arrêté leur activité dans la gendarmerie suite au drame. Elle explique qu’après être restée jusqu’au 5 avril 2015 sur place, elle s’est déplacée au sein des unités de gendarmerie qui sont intervenues. Pour certains professionnels, l’intervention a cependant pu « réveiller des traumatismes » qui ont nécessité un accompagnement individuel. Un travail qu’elle espère avoir permis de « faciliter » le vécu du drame par les professionnels. 

Source : france3-regions.francetvinfo.fr