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Cybercriminalité. À Caen, les gendarmes du web traquent les délinquants et les pédophiles

À Caen (Calvados), cinq gendarmes sont spécialisés dans la cybercriminalité. Derrière leurs écrans, ces enquêteurs du web détectent des délinquants et résolvent des enquêtes.

Cinq enquêteurs de la gendarmerie se relaient sept jours sur sept et 24 heures sur 24 sur la plateforme cybercriminalité de la section de recherches de Caen (Calvados). (©ML/Normandie-actu)

Ils sont cinq dans deux bureaux de la section de recherches de la gendarmerie de Caen (Calvados), tous en civil, entourés de nombreux ordinateurs et de divers appareils numériques (téléphone, appareil photo…). On se sent davantage dans un univers de « geeks » ou de jeu en réseau qu’en compagnie de « cyber-gendarmes »… Et pourtant, ces cinq hommes représentent l’une des sections d’élites de la gendarmerie.

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Ces enquêteurs « nouvelle technologie », baptisés « ntech » sont les cinq meilleurs spécialistes en cybercriminalité pour les départements du Calvados, de l’Orne et de la Manche. « Nous sommes la première région française à voir réunis tous nos enquêteurs « ntech » dans un seul et même lieu, et ce depuis 2016, se félicite Sylvain De Priester, chef de la division délinquance, financière et numérique, à la section de recherches de Caen. Ce qui nous permet d’avoir un réel matériel de pointe. »

Les gendarmes de l’écran

Ces spécialistes du numérique, diplômés d’une licence professionnelle ou d’un master dans ce domaine, sont les référents de la cybercriminalité pour toutes les brigades de l’ex Basse-Normandie. Leur rôle ? Analyser les scellés numériques (téléphone, ordinateur, tablette, montre…) dans le cadre des enquêtes judiciaires, « soit environ 80 à 90% de notre temps ».

Et le reste du temps, ces gendarmes de l’écran patrouillent sur le web. « Par exemple, on se crée un profil d’une jeune fille de 13 ans et on le fait vivre sur les réseaux sociaux, sur les jeux en ligne… On arrive parfois à accrocher des prédateurs sexuels, créer une rencontre. Ensuite, ce sont les brigades qui interviennent sur le terrain », raconte Olivier Pouchard, enquêteur « ntech » à la plateforme cybercriminalité de Caen.

Cinq affaires ont été élucidées via la technique de « l’enquête sous pseudo » depuis 2016 par ces gendarmes de Normandie. Des enquêtes ayant trait à l’apologie du terrorisme, des contrefaçons ou de la pédophilie.

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Au fin fond du « dark web »

Cette patrouille du web connaît aussi les « autres internets » : le « deep web » et le « dark web ».

Le « deep web » se trouve sur internet mais n’est pas référencé par Google, le « dark web » utilise l’architecture d’internet existante pour exister à l’intérieur. On y accède via des logiciels spéciaux comme Tor ou Freenet où circulent des images pédopornographiques, des stupéfiants, des armes, des faux permis…

Si ce langage peut paraître compliqué et ce milieu très obscur, il ne l’est pas pour ces spécialistes qui vivent avec au quotidien. Cependant, les enquêteurs avouent que dans ces zones autonomes, il est très difficile d’arrêter des délinquants. « Tant qu’il n’y aura pas des textes communs qui régissent ces zones au niveau international ou européen, ce sera compliqué. »

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Des correspondants sur tout le territoire

La proportion de la cybercriminalité ne fait que grandir et les compétences en informatique deviennent également de vrais atouts pour les gendarmes de terrain. « Nous sommes impliqués dans de plus en plus d’enquêtes, assure Olivier Pouchard. Même dans un accident mortel de la circulation, aujourd’hui, on va se demander si la personne était au téléphone portable et il va donc falloir analyser son mobile. »

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Les cinq enquêteurs ne peuvent pas tout assurer, ils s’épaulent donc de correspondants « ntech » dans chaque brigade. « Par exemple, dans le cas d’une arrestation de dealer, nous pouvons effectuer les premières recherches sur son téléphone, son ordinateur…», précise Cyrille Colas, adjoint au commandement de la brigade de recherche de Cherbourg-en-Cotentin (Manche), qui vient tout juste de finir sa formation de correspondant « ntech », vendredi 20 octobre 2017.

Une centaine de correspondants « ntech » sont installés depuis 2016 dans les départements de l’Orne, la Manche et le Calvados. « Et le but est de doubler les effectifs dans les années à venir », assure Sylvain De Priester. Le web est désormais au cœur de toutes les enquêtes des gendarmes, ils ne peuvent plus faire autrement.

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