Les deux hommes qui accompagnaient Mathieu Caizergues ont-ils vraiment tout dit sur leur journée de randonnée à l’issue de laquelle le jeune gendarme mobile a disparu ? Que s’est-il passé sur le sentier reliant l’ilet de Roche Plate au Maïdo ? Pourquoi le corps du Montpelliérain de 24 ans n’a-t-il pas été retrouvé malgré onze jours de recherches et des moyens colossaux déployés ?
Voilà un peu plus d’un mois maintenant que la famille du gendarme mobile, qui effectuait une mission de trois mois dans l’île, est en quête de réponses. Car jusqu’à présent, un épais mystère entoure les circonstances de cette tragique disparition.
Comme nous l’avons révélé hier sur notre site internet clicanoo, c’est pour tenter de faire la lumière sur cette affaire que les enquêteurs de la Section de recherches ont décidé, sous l’autorité du procureur de Saint-Denis Eric Tufféry, de placer en garde à vue le gendarme ainsi que l’époux d’une gendarmette qui se trouvaient avec Mathieu Caizergues au cours de la journée du vendredi 23 juin dernier.
En cette fin d’après-midi, les trois hommes réputés sportifs et grands amateurs des paysages réunionnais, remontent le sentier à des rythmes différents. Mathieu Caizergues qui se trouvait au départ en tête est finalement dépassé par l’autre gendarme pour se retrouver »en sandwich », avec une demi-heure d’intervalle avec ses camarades. Et pourtant, il n’est jamais arrivé à destination alors que ses deux compagnons se sont bien retrouvés au Maïdo.
Tout porte à croire que le jeune gendarme mobile a été victime d’un accident ou d’un malaise sur ce sentier sinueux donnant sur un précipice. Sa mère a indiqué aux enquêteurs qu’il a posté ce jour-là, 17h39, sur Snapchat une photo où il apparaît avec une grosse bosse et une petite plaie, le regard vide.
Mathieu Caizergues a-t-il effectué une mauvaise chute et perdu connaissance peu de temps après, avant de quitter le sentier et de chuter dans une ravine ? A-t-il disparu dans une crevasse ou sous la végétation ? C’est la principale hypothèse.
Les recherches pédestres et aériennes menées durant les jours qui ont suivi n’ont cependant pas permis de retrouver son corps alors que les secouristes estiment avoir fait leur maximum compte tenu du terrain et des possibilités de localisation restreintes.
Il pourrait être reproché à ses compagnons de marche de ne pas avoir su réagir comme il fallait. Pourquoi ont-ils attendu jusqu’aux alentours de 20h30/21h et être redescendu sur la côte pour signaler la disparition ? Pourquoi l’un d’eux n’est-il pas resté au Maïdo pour attendre le jeune gendarme mobile qui devait être en difficulté et qui souffrait, comme ils le savaient, de crampes ? Ont-ils commis une erreur d’appréciation en sous-estimant le risque avéré que courrait leur camarade. Les deux hommes expliquent que leurs téléphones étaient hors service, mais avant que leur batterie ne soit vidée, ils ont eu le temps d’échanger au téléphone avec Mathieu Caizergues. Selon eux, le jeune gendarme leur a expliqué qu’il allait arriver rapidement.
Les enquêteurs ont bien relevé la trace de cet appel mais ils cherchent à confirmer la nature de leur conversation. Et pour l’instant, les réponses apportées par les deux hommes n’ont pas totalement convaincu. C’est donc clairement sur le délit de non-assistance à personne en danger que portent ces auditions.
Jusqu’à présent, aucune autre hypothèse n’est envisagée pour expliquer ce drame. Aucun élément matériel, ni aucun témoignage, ne permettent d’envisager l’éventualité d’une dispute ou d’une altercation ayant mal tourné entre les trois randonneurs, que ce soit pour des raisons professionnelles ou personnelles.
Hier soir, le procureur Eric Tufféry n’excluait pas de prolonger la garde à vue des deux randonneurs jusqu’à aujourd’hui pour vérifier encore certaines de leurs déclarations. À partir de là, il déterminera si une ou plusieurs infractions pénales peuvent être retenues contre eux.
Source : www.clicanoo.re