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Essonne : le patron des gendarmes est… une patronne

>Île-de-France & Oise>Essonne|Nicolas Goinard|19 août 2018, 15h24|MAJ : 20 août 2018, 6h32|

Evry, ce lundi matin. La colonelle Lejeune est une des trois femmes en France à commander un groupement de gendarmerie. LP/NG

Karine Lejeune, nouvelle patronne des gendarmes de l’Essonne, a pris ses fonctions au début du mois d’août. Interview d’une militaire atypique qui maîtrise les réseaux sociaux sur le bout des doigts.

Dans le gendarme de Saint-Tropez, la colonelle, c’est l’épouse du colonel. Oubliez ce cliché. Chez les gendarmes d’Evry, la colonelle,c’est désormais la patronne. Elle s’appelle Karine Lejeune, est âgée de 43 ans et a pris ses fonctions le 1er août dernier.

Pourtant, lorsqu’elle a commencé sa carrière d’officier en tant qu’adjointe au commandant de la compagnie de Palaiseau en 2002, Karine Lejeune était lieutenant sans « e » au bout. « J’ai fait ma mue il n’y a pas si longtemps que ça, explique-t-elle. On en a fini avec les anciens schémas, il faut donner plus de visibilité aux personnels féminins. » L’officier le reconnaît tout de même volontiers : « Je fais un travail sur moi, je me reprends. »

En gendarmerie, on ne compte actuellement que neuf colonelles, parmi lesquelles trois sont à la tête de groupements de gendarmerie comme Karine Lejeune. C’est peu. Mais ça change. « La fin des quotas dans l’armée a eu lieu en 1998 », rappelle Karine Lejeune. Avant cette date, il ne pouvait pas y avoir plus de 7 % de personnels féminins. Il y en a désormais 20 %, dont 8 % d’officiers.

« Des peaux de banane, j’en ai eu »

Malgré l’évolution des mentalités, la colonelle le reconnaît : « Des peaux de banane, j’en ai eu. Mais je suis toujours partie du principe que les autres n’avaient d’autre choix que de faire avec moi. Je ne suis pas venue parce qu’il y avait de la lumière. » Non ! Car la gendarmerie s’est un peu imposée à elle comme une logique dans une famille marquée par l’institution.

Son père, ses deux grands-pères et même son arrière-grand-père ont tous endossé l’uniforme en gendarmerie. Karine Lejeune, avant d’être sûre de suivre la même voie, a d’abord entamé des études de droit. Elle hésite alors entre les douanes et la répression des fraudes.

« Je m’intéressais à tout ce qui allait vers le volet sécurité publique » se souvient-elle. Mais finalement, la gendarmerie emporte ses faveurs. Elle sort de l’école des officiers de gendarmerie de Melun (Seine-et-Marne) en 2002 et intègre la compagnie de Palaiseau. « C’est là que j’ai tout appris, sourit-elle. Je voulais y revenir, j’ai demandé un département qui bouge. »

La voix et le visage de la gendarmerie nationale

Elle passe ensuite par Cambrai (Nord), puis par la direction générale où le général Denis Favier, ancien directeur général de la gendarmerie nationale, la nomme porte-parole de l’institution.

Karine Lejeune apparaît alors dans la lumière à un poste qui n’existait pas jusqu’ici. Elle s’engage dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Doit parfois gérer des moments difficiles, comme l’attentat de Trèbes (Aude), où a été tué le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui était issu de la même promotion de l’école d’officiers qu’elle. Et devient le visage et la voix de la gendarmerie, notamment sur les réseaux sociaux.

Une habitude qu’elle a conservée même après avoir quitté cette fonction atypique. A titre privé, elle très active sur le réseau Twitter : « J’ai été contrainte d’ouvrir un compte de par mes fonctions de porte-parole et je me suis prise au jeu, avoue-t-elle. C’est devenu un compte personnel. Cela permet de faire passer des convictions. » Et cela n’a pas tardé : son compte @ppljnk se penche déjà sur les problématiques essonniennes.

Sourcewww.leparisien.fr