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Le - Gendarmes encerclés en Seine-et-Marne : trois agresseurs derrière les barreaux

Gendarmes encerclés en Seine-et-Marne : trois agresseurs derrière les barreaux

Le 18 avril, à La Ferté-Gaucher, dix gendarmes avaient été encerclés par une quinzaine de personnes qui tentaient d’empêcher une interpellation. La caméra piéton d’un des militaires avait enregistré l’agression.

La commandante de la compagnie de gendarmerie de Coulommiers a assisté à l'audience, aux côtés des militaires victimes de violences. LP/Guénaèle Calant
La commandante de la compagnie de gendarmerie de Coulommiers a assisté à l’audience, aux côtés des militaires victimes de violences. LP/Guénaèle Calant 

Par Guénaèle Calant Le 27 avril 2021 à 15h18

« C’était quoi le but de votre intervention ? Vous rendre intéressant auprès des copains ? Cela vous regardait ce qui se passait ? » s’est énervée une juge assesseur en regardant un des quatre prévenus, plantés dans le box du tribunal correctionnel de Meaux, ce lundi. « J’ai voulu séparer les gendarmes et mes collègues (sic), il y avait un cafouillage, c’est l’effet de groupe », a bredouillé cet habitant de La Ferté-Gaucher de 20 ans.

Le 18 avril, alors que des gendarmes interpellaient l’un d’eux, rue du 8-mai-1945, à La Ferté-Gaucher, ils ont été encerclés par une quinzaine de personnes, qui voulaient empêcher l’arrestation. Les militaires ont dû faire usage du lanceur de balles de défense à trois reprises et asperger du gaz lacrymogène sur leurs assaillants, qui leur ont volé une caméra-piéton. Trois gendarmes ont été blessés.

Les prévenus ont été condamnés à des peines allant de huit mois de prison ferme jusqu’à deux ans de prison, dont un ferme, pour violences, outrages, menaces de mort et dégradations. Trois d’entre eux ont été écroués à l’issue de l’audience, le quatrième exécutera sa peine sous bracelet électronique. « Remettre en cause le rôle de l’Etat dans une cité, de manière frontale, c’est inadmissible » : a martelé le président, en rendant son délibéré.

Une vidéo de l’agression visionnée par les juges

Six gendarmes – dont Delphine Scandella, la chef d’escadron à la tête de la compagnie de Coulommiers, et le commandant du Peloton de surveillance d’intervention de la gendarmerie – assistaient à l’audience. Le tribunal a visionné les images captées par la caméra piéton d’un des militaires, pendant l’agression. Une vidéo de plusieurs minutes, retransmise sur l’ordinateur du président, que la salle n’a pas vue. En revanche, la bande sonore permettait aisément d’imaginer l’ambiance.

Cet après-midi-là, une patrouille de gendarmes intervient sur un attroupement. Ibrahim Coulibaly, 32 ans, s’en prend verbalement à eux : « Viens, descends, j’ai pas peur, si ta mère sort de terre, je la tue. » Ce jeune, au lourd casier judiciaire, n’est pas un inconnu : il a écopé de trois ans de prison ferme, pour avoir menacé de mort des gendarmes de La Ferté-Gaucher et pour être entré dans leur caserne avec une bouteille remplie d’essence et un briquet. C’était en février 2015, trois semaines après l’attentat de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. « Maintenant, vous savez de quoi on est capable dans la famille Coulibaly », avait-il lancé aux militaires.

Le 18 avril, les gendarmes repartent, avant de revenir à dix dans quatre voitures. Ibrahim Coulibaly se laisse interpeller calmement, jusqu’à ce que son aîné intervienne. « J’ai vu mon petit frère menotté. J’ai saisi un gendarme par le cou pour qu’il le lâche », a reconnu ce dernier, âgé de 33 ans. Dans la voiture de gendarmerie, le cadet se déchaîne contre un militaire, auquel il porte des coups de pied. Le quatrième prévenu, 21 ans, qui a lui aussi « fait monter la pression », aurait « seulement » dérobé une bombe lacrymogène à un gendarme, avant de s’enfuir et de lâcher son butin. A l’audience, il s’est décrit comme un « honnête citoyen ».

Jusqu’à 30 mois de prison requis

Me Laure Habeneck, l’avocate des gendarmes, était excédée : « Nous sommes confinés pour essayer d’éradiquer une maladie. Les gendarmes interviennent pour faire cesser un regroupement parce que sinon, ce confinement ne cessera jamais. Et ils sont menacés, frappés, caillassés. »

La substitute du procureur Marlène Leroy a évoqué un contexte anxiogène, entre le procès de Viry-Châtillon (Essonne), où « des policiers ont été brûlés », et le meurtre d’une policière à Rambouillet (Yvelines) : « C’est pour cela que je tenais à ce qu’on voit la vidéo, pour restituer l’atmosphère. Au départ, c’était une intervention calme, on entendait les oiseaux chanter. Et ces quatre-là ont voulu dire aux gendarmes : nous sommes chez nous, c’est une zone de non-droit. »

Deux jours après sa garde à vue (levée jusqu’aux interpellations du 22 avril), Ibrahim Coulibaly était revenu à la charge, en lançant à un gendarme : « Je suis Coulibaly. Votre collègue, je le retrouverai. Moi, je suis dangereux. » La parquetière a requis des peines allant jusqu’à 30 mois de prison, dont 24 ferme, avec mandat de dépôt.

Source : www.leparisien.fr

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