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Gisors : Il blesse un gendarme mais échappe au mandat de dépôt 

Dernière mise à jour : 26/04/2014 à 10:25

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En comparution immédiate au lendemain des faits, Julien Marquant (24 ans) a bien failli rester en prison pour deux ans mais l’«altération du discernement» estimée par les juges, lui offre la liberté avec une part de sursis, l’autre de prison… aménageable.

Le gendarme blessé

 

Le jeune père de famille a vécu à Montpellier mais, à sa sortie de prison après douze condamnations, dont cinq pour violences, il a conservé une part de sursis avec mise à l’épreuve. Il y a un an qu’il a rejoint son amie et sa fillette à Gisors mais son traitement contre l’alcoolisme met, à leur tour, les gendarmes locaux à l’épreuve. Car il lui arrive de poursuivre, couteau en main, les deux êtres qu’il «aime par dessus tout» et dont il ne peut se séparer.

L’autre mercredi vers 21h30, les gendarmes sont appelés à intervenir rue de la Libération. La compagne de Marquant, elle-même en situation de «fragilité», est encore aux prises avec les «difficultés psychologiques» de Julien. Les gendarmes trouvent l’homme retranché dans sa chambre et qui profère des menaces de mort. La concubine et son enfant évacués, ils parviennent à l’aide de gaz lacrymogène, à déloger le fou furieux hurlant qu’il va «les crever, les égorger» et qui saute par la fenêtre (au premier étage) pour leur échapper. Il a blessé un gendarme en lui jetant une table basse au visage. C’est le même militaire qui était déjà intervenu dans le cas précédent lorsque les victimes s’étaient refugiées à la gendarmerie. Cette fois, ses collègues ont été menacés d’une fourchette à viande (pour barbecue).

La peur du retour en prison

 

Le second épisode intervient vers minuit, alors que l’amie et sa fille, retournées à l’appartement, craignent le retour du furieux. Marquant tente d’entrer et elle appelle les secours. Toujours pieds nus, il n’a pu pénétrer dans le logement et se cacha dans un placard au 2e étage.
Cette fois, quatre gendarmes sont là pour le capturer et l’embarquer puis l’interroger. Pour expliquer cette explosion de fureur, Marquant se dit sensible à toute présence de policier ou de gendarme. Il est en sursis et sa compagne le sait. Elle le menace d’un retour en prison, ce qui le rend encore plus fou. Ce jour-là, la discussion portait sur leurs difficultés de budget et il ne parvenait pas à se calmer.
«Je suis sous traitement. Et elle s’est levée de mauvaise humeur. Je n’ai pas voulu me gaver de cachetons pour supporter. Je suis retombé…», confirme le prévenu qui, dit-il, n’a aucune intention de se séparer de celles qu’il aime. Il ne veut pas retomber dans la spirale alcoolique et clame, à l’audience, qu’il voudrait voir un psychiatre et… lâcher le psychologue qui coûte cher et n’apporte aucun changement.

Besoin de psychiatrie ?

 

Les gendarmes sont présents à l’audience alors qu’une escorte encadre le prévenu dans le box. «C’est dommage d’en arriver là pour une simple bousculade», dit le gendarme blessé (trois points de suture au menton) qui précise qu’«après une nuit chez nous, il était redevenu normal». «On n’était là que pour apaiser les esprits…», constate un collègue.
Une expertise confirme l’enfance difficile de Marquant, les placements en foyers, l’alcoolisme qui l’a rendu dangereux. Curable et réadaptable, il faudrait envisager un traitement psychiatrique. Le rapport évoque une possible altération du discernement au moment de ses crises. «Quand je buvais, j’avais trois grammes en permanence !», se souvient le prévenu.

Le procureur Yves Dupas souligne la violence «avec arme par destination», une récidive légale (cinq des condamnations pour violence !) et un festival de propos menaçants. «Les gendarmes, dit-il, étaient conscients de l’escalade de la violence dans le couple et savaient le pire capable d’arriver. L’histoire personnelle et tourmentée du prévenu ne l’autorise pas à s’en prendre aux autres. Il persiste dans les violences avec une fillette au cœur des conflits».

Concluant que les gendarmes n’ont pas à «subir», le magistrat doute de l’«altération mentale» qui pourrait dédouaner le violent d’une part de responsabilité. Après autant d’avertissements et sous mise à l’épreuve, le prévenu ne peut que prendre deux ans de peine plancher et un mandat de dépôt pour la prison immédiate demande le magistrat.

Un «avertissement» pour 13e peine

 

La défense est assurée par Me Kamel Bacha qui doit rappeler que le traitement de son client est sensé l’aider à «gérer ses émotions». L’avocat concède que la concubine a dû avoir très peur au point de donner l’alerte, mais le souvenir des six derniers mois passés en prison «sous neuroleptiques» ont laissé un souvenir désagréable au point de faire craquer le sursitaire menacé. Le défenseur assure que Julien est «dans une démarche très positive et qu’il souhaite vraiment une solution. Dès sa sortie de prison, il a retrouvé du travail (peintre) et prouve qu’il peut se soumettre aux obligations pour sauver son foyer…»
Le tribunal ne répond pas aux attentes du réquisitoire car il «constate l’altération», écarte donc la peine plancher car le condamné «présente des garanties exceptionnelles de réinsertion» qui permettent encore un avertissement : huit mois de prison dont quatre avec sursis (et mise à l’épreuve), la partie ferme étant aménageable. Toutefois, le condamné libre devra payer 500 euros au gendarme blessé et trois fois 100 euros aux autres militaires.

NB. Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

Source : l'impartial www.limpartial-andelys.fr

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