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Le - Percutés de plein fouet par des contrebandiers : les trois gendarmes témoignent

Percutés de plein fouet par des contrebandiers : les trois gendarmes de Val de Briey témoignent

Les trois militaires du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie de Val de Briey (Psig) percutés par des contrebandiers d’alcool et de tabac, à Trieux le 20 avril, se remettent doucement de leurs blessures physiques et morales. Ils ont accepté de nous raconter ce terrible accident sous le couvert de l’anonymat.

Romuald Ponzoni 

Aujourd’hui à 17:00

Les trois gendarmes blessés appartiennent au Peloton de surveillance et d’intervention de Val de Briey.  Photo d’illustration Michael Desprez
Les trois gendarmes blessés appartiennent au Peloton de surveillance et d’intervention de Val de Briey. Photo d’illustration Michael Desprez

Au lendemain du long week-end de Pâques, une vingtaine de gendarmes avait voulu assister à la comparution immédiate des deux contrebandiers qui, le 20 avril dernier, avaient percuté de plein fouet un équipage du Peloton de surveillance et d’investigation de Val de Briey (Psig).

Retour sur les faits et les condamnations

Cette nuit-là, trois gendarmes avaient été blessés. Ils avaient tenté d’interpeller un véhicule utilitaire chargé d’alcools et de cigarettes pour un montant de 50 000 € avant que le complice du chauffeur ne vienne s’interposer.

« J’ai vu des phares nous éblouir »

Au volant lui aussi d’une fourgonnette, celle qui provoquera l’accident pour couvrir la fuite de son complice. « Nous étions à bonne distance du fourgon, gyrophares allumés et sirènes actionnées », raconte le chef de bord. « Quand soudain j’ai vu des phares nous éblouir. » Au volant, le sous-officier ne réalise pas ce qu’il va se produire. « Quand j’ai compris, je me suis dit que tout était fini pour nous. J’ai crié, je me suis crispé, me suis enfoncé dans le siège et ça a tapé. » À l’arrière, leur collègue ne saisit pas ce qui vient de survenir. « J’ai entendu comme deux détonations, c’étaient les airbags. Puis, l’habitacle a été envahi par de la fumée. »

« Je me suis effondré au sol »

Les trois gendarmes sonnés et blessés parviennent à s’extraire de la carcasse de leur voiture de patrouille, « heureusement un SUV de qualité », soupire l’un des deux sous-officiers. « Puis, il y a eu ce silence, comme si tout s’était arrêté. » Quelques secondes qui ont dû paraître une éternité.

« J’ai essayé de me relever », se rappelle le passager arrière. « Mes jambes ont lâché et je me suis effondré au sol. » L’un de ses collègues est aussitôt venu à sa rescousse, et comprend que son pronostic vital n’est pas engagé. Il s’est alors précipité vers la camionnette qui leur avait foncé dessus. « Il nous faut coûte que coûte mettre en sécurité la scène et s’assurer que notre agresseur n’est pas armé. Nous sommes formés pour cela. » Et il n’était pas armé. « Nous avons alerté les secours, notre hiérarchie… » La cavalerie est arrivée quelques minutes plus tard sur les lieux de l’accident, cette route non loin de Fléville-Lixières.

« Pour des alcools et des cigarettes »

« Nous avons été pris en charge. Le plus dur c’était de redescendre en pression. » Et le chef de bord de poursuivre : « C’était la première fois que je vivais ce genre de chose. Nous avons été délibérément visés par notre agresseur. Le risque, c’était la mort, pour lui comme pour nous. ».

À la barre du tribunal correctionnel, les trois gendarmes n’ont pas voulu revenir sur l’affaire, disséquée durant l’audience. Ils ont estimé que tout avait été dit. L’un d’eux a simplement ajouté en se tournant vers les deux prévenus qui l’ont fui du regard : « Être capable de briser des vies pour de l’alcool et des cigarettes, c’est représenter un grand danger pour notre société ».

https://www.republicain-lorrain.fr/faits-divers-justice/2025/04/24/percutes-de-plein-fouet-par-des-contrebandiers-les-trois-gendarmes-de-val-de-briey-temoignent