Articles

Le - Quand les gendarmes de Dunkerque/Hoymille utilisent l’humour sur Facebook

Interview

Quand les gendarmes de Dunkerque/Hoymille utilisent l’humour sur Facebook

Régulièrement, la brigade de gendarmerie de Dunkerque/Hoymille poste des messages sur sa page Facebook. Des posts qui en valent le détour et permettent de faire passer l’information plus facilement. Et derrière l’ordinateur et ce réseau social, se trouve le commandant Chacon.

Par Virginie Courteaux | Publié le19/12/2021 

Par le biais de cette nouvelle page Facebook, le commandant Chacon ouvre la porte à la proximité: «Cela permet d’être un peu plus proche de la population.»
Par le biais de cette nouvelle page Facebook, le commandant Chacon ouvre la porte à la proximité: «Cela permet d’être un peu plus proche de la population.»

u fond de la brigade de Dunkerque/Hoymille, dans son bureau, le commandant Chacon se met à sourire derrière son ordinateur. Poster un message sur la nouvelle page Facebook de la gendarmerie représente autant une détente qu’un moyen de toucher davantage les habitants de son territoire.

Depuis quand existe la page Facebook de la brigade de gendarmerie de Dunkerque/Hoymille ?

Elle a été créée en octobre 2019, cela doit être le 15… Quand je suis arrivé.

Cela part d’un mouvement général en France où on invite la gendarmerie à communiquer sur les réseaux sociaux. Mon prédécesseur ne l’avait pas fait. Or, dans mon précédent poste, j’occupais cette fonction. Cela permet d’être un peu plus proche de la population.

LIRE AUSSI

Une importante saisie réalisée par les gendarmes de la compagnie de Dunkerque-Hoymille

C’est ce que vous recherchez…

Oui, la proximité, donner du conseil, mais pas à en asséner. On n’est pas là pour faire la leçon aux gens. Mais faire des rappels et les faire passer avec un peu d’humour. Traiter des sujets graves avec un peu de légèreté, je pense que cela rentre plus.

Où trouvez-vous l’inspiration ? Des autres pages de gendarmerie ?

Oui, on s’inspire de ce que les autres gendarmes font. Mais, le but n’est pas de nous dénaturer en reprenant ce qu’on fait les autres. C’est aussi de l’humour local. De temps en temps, on a un flash. Mais c’est pour ça que ce n’est pas régulier. On n’a pas tous les jours de l’inspiration.

On écrit en fonction de l’actualité. J’ai des remontées de mes gendarmes qui m’alimentent en photos. Ils n’osent peut-être pas trop. Mais c’est souvent en fonction de l’actualité.

À lire aussi  : Flandre : la gendarmerie se joint au bus bleu France services pour être au plus proche des habitants

Combien êtes-vous à écrire ?

On est deux à l’alimenter. Les autres gendarmes n’osent pas trop ou sont trop humbles pour se mettre en avant. Pourtant, nous avons de belles plumes dans la caserne. Il y a un gendarme de Hoymille qui fait ça aussi. De temps en temps, je reçois des messages à faire passer. Je les arrange un petit peu parce que c’est moi qui entre.

En tant que responsable, c’est plus simple pour moi de me lâcher. J’assume tout (rire) ! En se concentrant un peu, la bêtise vient toute seule. On déconne. Et puis sur les réseaux sociaux, c’est comme ça que ça fonctionne. On n’est pas là pour se prendre la tête. Et puis c’est simple : celui à qui cela ne plaît pas, il se désabonne.

De quoi parlez-vous alors finalement ?

De ce qu’on constate sur le terrain. Quand on aperçoit une dérive dans la sécurité routière, par exemple, on va essayer de parler de ce problème sans dire qu’on a fait un contrôle ou en donnant des chiffres. Ce n’est pas le but et les chiffres ne parlent pas aux gens. Sans compter qu’on n’a pas à justifier notre action. On n’est pas là pour faire la leçon, ni pour sanctionner sans discernement.

À lire aussi  : Vols de voitures près de l’A25 : les conseils de la gendarmerie pour les éviter

Il y a un cœur sous l’uniforme…

On est des citoyens comme les autres, on vit comme les autres. Quand on se fait contrôler par un gendarme, on se demande quelle bêtise on a faite. Quand on parle sur les réseaux sociaux, on essaie de parler comme les autres.

Quelle est la fréquence de ces posts ?

Cela vient quand ça vient. C’est en fonction de l’actualité, dans la journée, si on n’a pas fait de posts. Quand vient l’humour.

Je n’ai pas voulu mettre une régularité. Sinon on va se forcer à mettre quelque chose et cela ne sera pas naturel. On n’a pas fait d’études là-dessus pour savoir à quelle heure on touchera le plus de monde.

Avez-vous des retours des internautes ?

On a pas mal d’échanges en dehors des commentaires et des « j’aime ». Ce sont des messages privés pour nous alerter (« J’ai vu tel véhicule suspect », « J’ai reçu ce message, est-ce une arnaque ? »…). On en a reçus beaucoup durant le Covid (« Jusqu’à quel périmètre je peux promener mon chien »…). Les gens se posaient énormément de questions, on représente les gens qui sont au courant de tout.

Nos adresses mails ne sont pas forcément simples, nous ne sommes pas accessibles comme ça. Les gens ne veulent pas nous embêter par téléphone. Sur Facebook, on est sur nos smartphones, c’est plus simple. Et on essaie de répondre le plus rapidement possible.

Des fois, il y a bien des couacs car nous ne sommes pas toujours sur Internet. Mais, surtout, que les gens n’hésitent pas à nous contacter par ce biais-là. En revanche, s’il y a une urgence, il faut nous contacter par le 17.

Certains internautes vous montrent-ils du doigt ?

On fait notre boulot de façon modeste. Et si on le fait mal, dites-le moi ! Les échanges sont toujours intéressants.

Internet désinhibe, on a moins peur de nous parler via Facebook. Et puis, cela nous oblige à faire plus attention à ce qu’on fait.

On nous a pointés du doigt une fois quand une voiture de gendarmerie s’est garée sur une place pour personne handicapée à Bourbourg. On s’excuse alors et on essaie de faire mieux. En général, on fait attention quand il n’y a pas d’urgence (interpellations).

On n’est pas au-dessus des lois. On doit montrer l’exemple. Il en va de notre crédibilité et de la crédibilité de l’institution. Un peu d’autodérision permet de couper l’herbe sur pied des détracteurs.

Quels sont les posts qui fonctionnent le plus ?

Ce qui marche bien, ce sont les appels à témoins, ou encore les hommages (les gens y sont attachés car ça vient du fond du cœur). On essaie de donner ce qu’on vit au quotidien. Et pas faire de la pub. Il y a des humains, des cœurs, derrière la brigade. Pour la fête des mères, on pense à nos mamans et à celles qui travaillent avec nous durant cette journée.

N’avez-vous pas peur que cet humour entache votre crédibilité ?

Non, parce que les infos sont bonnes. Il n’y a que le ton qui change. On ne prend pas les gens pour des imbéciles, on ne se moque pas d’eux, on n’essaie de blesser personne.

Il a pu arriver des fois qu’on nous ait critiqués à cause d’une faute d’orthographe. « Il n’y a personne qui relit ? » Et bien, non.

De même qu’on n’a pas assez de personnel pour faire de la modération. Outre les messages haineux… on ne modère pas. En général, cela se régule entre internautes dans les commentaires, tout seul.

Et quand on est pris à partie personnellement, notamment pour l’orthographe, on s’excuse platement. Ce n’est pas notre métier. Cela peut arriver. Il y a toujours de la bienveillance.Notre Top 3

Quels sont les posts les plus humoristiques ?

🤣  Sécurité routière (30 septembre) : « Si vous sortez cet après-midi sur le secteur ouest de la compagnie, vous risquez de nous croiser sur les routes (enfin… vous avez de très très très grandes chances de nous rencontrer).

Pour ceux qui roulent sur un autre secteur, ne soyez pas jaloux ! On y a laissé d’autres personnels et nous ferons une prochaine opération. »

🤣  Les départs en vacances d’été (7 juillet) : « Bonnes vacances à eux avant tout et bon courage aux parents… Pour vous aider, on sera là, ne vous inquiétez pas. Et puis, si vous croisez un sanglier déguisé en cerf, ou l’inverse, laissez le volant à un Sam. Promis, nous on ne se déguise pas mais faites aussi attention à nous ».

🤣  Bac 2021 (17 juin) : « Coup d’envoi avec la philo. Avec ses valeurs de partage, d’amour, de don de soi et de liberté, le carnaval a-t-il une dimension philosophique ?

Avec une analyse philosophique, Jean Bart aurait il pu vivre au temps de la COVID ? Vous avez 4 heures ! »

Poursuivez votre lecture sur ce(s) sujet(s) :Internet|Forces de l’ordre|France|Hoymille (59492, Nord)|Dunkerque (59140, Nord)

Source : lereveildeberck.nordlittoral.fr

Be Sociable, Share!