Articles

Le - Brigades cynophiles : qui sont ces chiens d’élite au flair redoutable

Brigades cynophiles : qui sont ces chiens d’élite au flair redoutable qui épaulent les gendarmes ?

Par Matthieu DELACHARLERY

Publié aujourd’hui à 11h42

Pour retrouver une personne ou des restes humains, détecter un explosif ou la présence de drogue, les gendarmes s’appuient sur des chiens d’élite.

Plus de 200 sont formés chaque année au sein du Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie, à Gramat, dans le Lot.

Malinois, Saint-Hubert ou encore Springer Spaniel, plus de 200 chiens d’élite sont formés chaque année au sein du Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie de Gramat (CNICG), dans le Lot. C’est dans cette école de dressage d’un genre un peu particulier que la Gendarmerie nationale forme, pendant plusieurs mois, les futurs chiens spécialistes de la recherche de stupéfiants, d’armes et munitions, d’explosifs, de billets de banque, de personnes et de restes humains, ainsi que les chiens d’assaut du GIGN. Chacun d’eux effectue environ huit ans de service avant de rejoindre la vie civile. 

Selon le dernier recensement, le dispositif cynophile de la gendarmerie se compose d’un cheptel de 562 chiens répartis au sein de 467 équipes cynophiles. Si pendant longtemps, celui-ci était composé principalement de bergers allemands et de labradors, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Au fil du temps, la gendarmerie a employé plus de 17 races différentes. Dernièrement, les bergers belges ont pris une part prépondérante dans le cheptel, en raison de leur remarquable vivacité, de leur abnégation et de leur capacité à accepter les contraintes qu’impose un dressage exigeant, mais aussi de leur polyvalence. 

Un chien Malinois
Un chien Malinois – AFP

Le Malinois, la polyvalence avant tout

Actuellement, c’est le Malinois qui est la race de chien la plus utilisée par la Gendarmerie nationale. Doté d’un flair redoutable, il est utilisé aussi bien pour la détection d’explosifs, de stupéfiants que de restes humains. En raison de sa polyvalence et de sa morphologie, qui allie puissance et rapidité, ce berger belge représente 90% du cheptel de la gendarmerie, indique au Figaro le colonel Pascal Ségui, commandant du CNICG. Aux côtés du Malinois, les 10% restants du cheptel de la gendarmerie comprennent des bergers hollandais et des bergers allemands.

iStock

Depuis quelques années, une nouvelle race, le Saint-Hubert, a pris une place grandissante, notamment du fait de sa durée dans l’action et de son flair hyper développé par rapport à ses congénères. Alors qu’un chien traditionnel dispose de 200 millions de cellules olfactives (soit 5 fois plus qu’un homme), le Saint-Hubert en possède autour de 300 millions, indique la gendarmerie sur son site internet. Plus surprenant, en raison de son petit gabarit, le Springer Spaniel est aussi de plus en plus utilisé. 

iStock

« Plus petit, il a l’avantage en raison de sa taille et son poids d’être plus facilement transportable, voire portable dans certains cas« , indique la Gendarmerie nationale sur son site internet. De plus, il est doté d’un « excellent flair« , ce qui fait de lui « un des fleurons » du Groupe national d’investigation cynophile (GNIC). Depuis le déploiement du premier « chien policier » au cours de l’année 1943, la Gendarmerie nationale a amélioré la formation des équipes cynophiles et à diversifier, au fur et à mesure, leurs technicités. 

« Les recherches de victimes d’avalanches en 1970, de stupéfiants en 1973, d’explosifs en 1988, de traces de sang en 1999, puis d’armes et de munitions en 2001, de produits accélérateurs d’incendies en 2004, de billets de banque en 2007, d’explosifs sur personnes en mouvement en 2016« , énumère le commandant Haberbusch, directeur du « pôle histoire » au Centre de recherches de l’École des officiers de la Gendarmerie nationale (CREOGN). « Au total, il existe aujourd’hui 16 spécialités différentes », indique ce spécialiste, auteur de l’ouvrage Des chiens et des gendarmes, une histoire partagée (2021, aux éd. SPE Barthélémy).

1965, la première enquête résolue

La première trace d’un crime résolu grâce à l’aide d’un chien pisteur remonte au milieu des années 1960. Dans son livre, le commandant Benoît Haberbusch cite un article publié dans la Revue de la gendarmerie, qui relate l’action déterminante d’un chien dans une affaire criminelle. En novembre 1965, les gendarmes de la brigade de Plouay (Morbihan) avaient retrouvé le cadavre d’un fugitif en faisant appel à un chien pisteur nommé Erlo. En 1992, un autre chien pisteur, Volf, avait permis de retrouver la trace de Pierre Bodein, plus connu sous le nom de « Pierrot le Fou », qui s’était évadé d’un centre où il était interné.

Plus récemment, en 2018, c’est grâce au flair redoutable de Hutch et Roch, deux Springer Spaniel du GNIC, que les enquêteurs ont retrouvé le corps de Maëlys, victime de Nordahl Lelandais. Malheureusement, en dépit de leurs capacités olfactives époustouflantes, les chiens pisteurs ne font pas toujours mouche, comme lors des opérations de recherche pour retrouver le corps d’Émile, cet enfant qui était porté disparu depuis juillet dernier et dont une partie des ossements a été retrouvée le week-end dernier. Mardi soir, lors de sa conférence de presse, le procureur d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, a souligné que « les températures avoisinaient les 30 degrés à l’ombre« , ce qui « a pu altérer l’efficacité des chiens pisteurs« .

Ces chiens d’élite qui ont reçu une décoration

Cela peut surprendre, mais les chiens reçoivent aussi des médailles pour bons et loyaux services. « Beaucoup ont la médaille de la défense nationale pour récompenser leurs années de service. Certains ont la médaille commémorative française pour des missions hors du territoire national. D’autres ont aussi la médaille d’honneur pour actes de courage et de dévouement« , souligne le commandant Benoît Haberbusch. À ce jour, trois chiens ont reçu la médaille de la gendarmerie, plus haute distinction de l’Armée. Parmi eux figure Gamin, qui a fait preuve d’une fidélité à toute épreuve à l’égard de son maître, le gendarme Godefroid, tué en Algérie en 1958. C’est le seul, avec Allan (2001) et Ice-Tea (2021), à avoir reçu cette distinction.

Source : www.tf1info.fr

Be Sociable, Share!