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Formés à réagir

28 mai 2018 – Par la capitaine Gaëlle Pupin

Ouvert depuis fin 2017, le centre national de formation à la sécurité publique dispense une formation de quatre jours au profit des gendarmes départementaux. Quatre jours de « recyclage » pour prendre en compte les dernières nouveautés et se confronter à des cas concrets, notamment en matière de gestion de crise.

« Autonomie, prise d’initiative et professionnalisme sont les principales qualités attendues d’un gendarme départemental, explique le colonel Jude Vinot, commandant le bureau de la sécurité publique au sein de la direction générale. Tout l’intérêt des formations dispensées est de permettre une réaction immédiate et adaptée quelle que soit la situation. »

Ainsi, depuis fin 2017, le Centre national de formation à la sécurité publique (CNFSP) y contribue, en délivrant une formation de quatre jours à l’ensemble des gendarmes Agents de police judiciaire (APJ) des unités territoriales. « Le but du centre est de leur donner des clés, des outils, pour améliorer leur manière de gérer les situations  »habituelles », mais aussi pour faire face aux circonstances exceptionnelles auxquelles ils pourraient être confrontés », présente le lieutenant-colonel Éric Spillmann, commandant du CNFSP.

Une formation concrète et pratique

« Être gendarme, c’est un statut, mais c’est également un métier ! » Le Col Vinot est catégorique. « Au-delà des valeurs liées à la militarité, comme la disponibilité, le gendarme a vocation à être au contact de la population, pour rassurer,protéger et prévenir les actes délictueux. Il doit aussi pouvoir intervenir sur tout type de sollicitations. Il doit enfin être en capacité de procéder à des investigations pour un traitement judiciaire. Cela demande une adaptation à son environnement, à son territoire et à la situation pour ajuster sa réponse opérationnelle. »

Les stagiaires sont soumis à un ensemble de cas pratiques dans des conditions proches de la réalité. Des violences intra-familiales à la tuerie de masse en passant par l’usage des armes, chaque situation donne lieu à des discussions en fonction des réactions des primo-intervenants. – © SirpaGend – BRC Florian Garcia

Dans le cadre de « modules » divers, les gendarmes formés par les instructeurs du CNFSP sont ainsi confrontés à des cas concrets inspirés de leur quotidien. Le module « arrivée sur les lieux » est l’occasion de mettre à profit leur expérience. Dans une salle reproduisant un appartement, un homme est en train de frapper sa femme. Les hurlements s’entendent depuis l’extérieur du bâtiment. Les militaires appelés sur les lieux traitent l’intervention comme s’ils étaient sur le terrain.« Les gendarmes doivent avoir des réflexes et se poser les bonnes questions pour être efficaces dans l’intervention qu’ils mènent, ajoute le lieutenant-colonel Spillmann. Il en va de même dans le cadre du module  »usage des armes » : des situations très différentes leur sont présentées pour les obliger à réfléchir et à réagir en fonction des nouveaux textes en vigueur. Quand ils sortent leur arme, pourquoi le font-ils ? Dans quel cadre pensent-ils être, et pour quelle raison ? Le stagiaire en exercice déroule lui-même les conditions d’usage des armes et les expose à ses camarades. » Le lieutenant-colonel tient à préciser qu’« il n’y a jamais de mauvaise solution, seulement les réflexes que le militaire a acquis et les raisons qu’il donne pour son action. » S’engage ensuite un échange entre stagiaires et instructeur, permettant de confronter les points de vue et parfois d’envisager d’autres modes d’action.

Les modules s’enchaînent et apportent aux stagiaires des éléments qui leur seront utiles au quotidien. « Celui concernant les accidents de matières dangereuses ou de transports publics leur permet de revoir la nomenclature, de faire les rappels nécessaires si besoin, mais surtout de repartir avec un canevas  »clé en main » pour les aider au cas où ils interviendraient dans une situation identique. » De même, le module « secourisme » leur permet d’acquérir ou de revoir les gestes élémentaires de secours aux personnes.

« Nous ciblons principalement les APJ en poste depuis plusieurs années, qui ne se destinent pas à être OPJ, reconnaît le LCL Spillmann. En termes de formation, ils étaient jusqu’alors quelque peu délaissés. Or, en tant que primo-intervenants, de leur attitude sur le terrain dépend le succès de l’intervention et de l’enquête. »

Les stagiaires découvrent les modules par petits groupes. Qu’il s’agisse de police judiciaire ou de secourisme, des enseignements très concrets leur sont délivrés. – © SirpaGend – BRC Florian Garcia

Se préparer à la gestion de crise

« La formation doit permettre aux stagiaires d’intégrer non seulement les réflexes immédiats pour faire face à une situation, mais également les actes nécessaires lors des phases de montée en puissance du dispositif d’intervention, précise le Col Vinot. Le summum de son métier, c’est la gestion de crise, à laquelle son quotidien le prépare naturellement, parce que l’intervention de tous les jours, commandée par le Corg, est déjà une mini-crise. Un des points essentiels de la formation est de lui faire prendre conscience qu’il s’intègre dans un dispositif complet et cohérent, où chaque échelon intervient à son niveau dès lors que cela est nécessaire. » Plusieurs modules de la formation dispensée au CNFSP ont cette vocation. Le volet  »négociation » donne ainsi aux APJ des éléments de langage et de compréhension pour gérer une personne suicidaire, de manière à pouvoir, au mieux, la ramener à la raison, et au moins, permettre au négociateur de pouvoir prendre le relais.

Dans le cadre du module  »tuerie planifiée », les stagiaires interviennent dans un contexte dégradé : nombreuses victimes, cris, urgence dans l’action et, face à eux, une personne armée, décidée à en découdre avec les forces de l’ordre. Toutes les techniques d’appui, de travail en binôme et avec d’autres équipes en renfort sont éprouvées.

« Nous rappelons aux gendarmes que notre métier est  »habituel ». C’est ce qui le rend dangereux, affirme le LCL Spillmann. Un peu engourdi par son travail de tous les jours et les différentes missions qui s’accumulent, le militaire peut parfois oublier que son métier est risqué et exigeant. Il faut donc sortir de la routine et prendre chaque situation comme étant importante, voire exceptionnelle. Celle-ci peut, en effet, basculer à tout moment. Ils seront ainsi peut-être appelés pour intervenir dans un environnement où les blessés seront des personnes qu’ils connaissent, voire même de la famille. C’est l’un des cas particuliers développés dans le cours sur les tueries planifiées. »

Une remise à niveau empreinte de modernité

« Les techniques employées sur le terrain évoluent et l’apprentissage  »sur le tas » a ses limites, souligne le colonel François Bertrand, commandant l’école de gendarmerie de Dijon, au sein de laquelle le CNFSP a pris ses quartiers. Il est impératif d’aider le gendarme à maîtriser ces outils qui n’ont cessé de faire progresser la gendarmerie au cours des dix dernières années ! »

Lors du module PTS, les stagiaires prennent des photos avec leur téléphone et utilisent l’Owncloud pour les récupérer directement dans leur procédure. – © SirpaGend – BRC Florian Garcia

Remise à niveau informatique, en renseignement, présentation de techniques d’optimisation du potentiel, rien n’est laissé au hasard. « Nous vérifions que toutes les fonctionnalités de LRPGN sont connues et acquises, afin de garantir la plus grande efficience possible dans leur travail, développe le LCL Spillmann. Il en va de même pour Néogend, car nous nous sommes rendu compte que certains gendarmes ne l’utilisent qu’à un dixième de ses possibilités. » Ainsi, lors du module PTS, les stagiaires prennent des photos avec leur téléphone et utilisent l’Owncloud pour les récupérer directement dans leur procédure. « Nous donnons une coloration plus moderne à nos cours et délivrons des enseignements avec les dernières nouveautés disponibles sur le terrain »

Continuité et cohérence

« Le gendarme de brigade est en début de chaîne et compose avec toutes les contraintes du terrain, reconnaît le Col Bertrand. Si nous ne lui donnons pas les bons outils, nous passons à côté de notre mission. Au sein du CNFSP, les militaires sont accueillis avec leur expérience et les instructeurs n’ont pas la prétention de leur délivrer une vérité absolue. »

Pour autant, l’intérêt de cette formation réside également dans le fait que les outils présentés aux stagiaires sont les mêmes que ceux transmis aux élèves gendarmes en formation initiale ainsi qu’aux gradés de passage au centre de formation au commandement (SNEFEO ou stage préparatoire au premier commandement). « Au sein d’un même véhicule de patrouille, gradé, jeune gendarme et gendarme expérimenté doivent parler le même langage. Aussi, stage après stage, promotion après promotion, le but est de promouvoir, une véritable doctrine de formation, à l’image de celle enseignée à Saint-Astier pour les unités de gendarmerie mobile, afin de relever le niveau de cohérence et les compétences des unités de G.D. »

Sourcewww.gendcom.gendarmerie.interieur.gouv.fr

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