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Mohamed Amra : Comment le GIGN prépare son extraction à hauts risques la semaine prochaine vers Paris

enquete • L’unité d’élite de la gendarmerie est chargée d’escorter le narcotrafiquant, détenu dans l’Orne, au tribunal à Paris

Le 25 février, après son retour de Roumanie, un convoi composé de cinq voitures banalisées blanches et noires suivies par quatre motards de la police avait transféré Amra au tribunal de Paris, où un important dispositif policier a été mis en place.
Le 25 février, après son retour de Roumanie, un convoi composé de cinq voitures banalisées blanches et noires suivies par quatre motards de la police avait transféré Amra au tribunal de Paris, où un important dispositif policier a été mis en place. - JULIEN DE ROSA

Thibaut Chevillard

L’essentiel

  • Détenu à Condé-sur-Sarthe, le narcotrafiquant Mohamed Amra doit en être extrait la semaine prochaine. Selon nos informations, il sera escorté à Paris par le GIGN, afin d’être interrogé par les juges d’instructions chargés de l’enquête sur son évasion en mai 2024.
  • Amra avait déjà été conduit au tribunal de Paris après avoir débarqué de l’avion qui le ramenait de Roumanie, où il a été interpellé le 22 février dernier. La sécurité avait déjà été assurée, à l’époque, par le groupe d’élite de la gendarmerie nationale.
  • Selon une source proche du dossier, « chaque dispositif est différent ». Le GIGN prépare minutieusement cette nouvelle mission en étudiant différents itinéraires et en prévoyant « des itinéraires de repli ou de variantement si on sent qu’il y a des risques ou quelque chose de suspect ».

Un déplacement à haut risque. Détenu depuis février dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne), Mohamed Amra doit en être extrait la semaine prochaine pour être interrogé par des juges d’instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco), au tribunal de Paris. Pour escorter le narcotrafiquant, l’administration pénitentiaire a, selon nos informations, sollicité l’aide du GIGN, le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale. Une opération délicate. Car c’est lors d’une précédente extraction du multirécidiviste que deux agents pénitentiaires ont été tués et que trois ont été grièvement blessés, le 14 mai 2024 au péage d’Incarville, dans l’Eure.

Ce n’est pas la première fois que « La Mouche » se rend dans le bureau des juges d’instruction de la Junalco. Il y avait été conduit après avoir débarqué de l’avion qui le ramenait de Roumanie, où il a été interpellé le 22 février dernier. Ce jour-là, l’appareil s’était posé sur le tarmac de la base aérienne militaire de Villacoublay, dans les Yvelines. A l’époque, le GIGN était déjà chargé d’accompagner Mohamed Amra au tribunal, où il a été mis en examen par les magistrats pour meurtres, tentative de meurtres, évasion, vol et recel de vol, le tout en bande organisée, ainsi que pour association de malfaiteurs.

4×4 blindés

Chargés d’ouvrir la route, les motards de la gendarmerie avaient pris la tête du cortège composé de cinq véhicules. Parmi eux, deux Fortress Intervention, une version survitaminée du Toyota Land Cruiser 200 livrés par la société française Centigon. Ces mastodontes blancs, utilisés par le groupe d’élite de la gendarmerie depuis 2017, disposent d’un blindage de niveau 2 et résistent aux balles crachées par les kalachnikovs à une distance de 30 m. Equipés d’un système « run flat », ces 4×4 peuvent rouler même avec les pneus crevés. Six opérateurs, lourdement armés, peuvent prendre place à bord de ces véhicules disposant d’une autonomie maximum de 800 km.

Le convoi était arrivé dans la soirée au tribunal, situé porte de Clichy. La sécurité était, là-bas, assurée par les agents de la préfecture de police. Lourdement armés, des policiers de la compagnie d’intervention, équipés de casques et de gilets pare-balles, étaient chargés de la protection de l’enceinte judiciaire. Quelques heures plus tard, le convoi avait repris la route en direction de Villacoublay, où un hélicoptère de la gendarmerie attendait Mohamed Amra. L’appareil s’était posé vers 2h10 du matin dans l’enceinte du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe. A l’extérieur de l’établissement, la sécurité était assurée par des gendarmes des PSIG Sabre, cagoulés et armés. Des voitures de police stationnaient également aux abords de la prison.

« Chaque dispositif est différent »

Selon une source proche du dossier, le choix de désigner le GIGN pour assurer cette nouvelle mission la semaine prochaine est « cohérent », car les militaires « l’ont récupéré une première fois et le connaissent ». Le groupe d’intervention, poursuit cette source, « est de plus en plus sollicité » pour ce type d’opérations avec des « prisonniers particulièrement surveillés, sensibles, médiatiques », comme le terroriste Salah Abdeslam ou le braqueur Rédoine Faïd.

Les gendarmes préparent donc minutieusement cette mission risquée au regard de la dangerosité de « La Mouche ». Les différents itinéraires sont étudiés et font l’objet de « reconnaissance ». « On prévoit aussi des itinéraires de repli ou de variantement si on sent qu’il y a des risques ou quelque chose de suspect », souligne notre source.

Selon ce bon connaisseur du dossier, « chaque dispositif est différent ». Les militaires du GIGN peuvent décider d’effectuer cet aller-retour à Paris en hélicoptère, par la route, ou même les deux. « On n’écarte aucune hypothèse de travail. On doit pouvoir compter sur l’effet de surprise. »

Source : www.20minutes.fr