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Le - Dans les coulisses des «experts» de la gendarmerie nationale

Dans les coulisses des «experts» de la gendarmerie nationale

Île-de-France & Oise>Val-d’Oise|Marjorie Lenhardt|29 août 2018, 18h50|MAJ : 29 août 2018, 19h05|

Pôle judiciaire de Pontoise, ce mardi. Reconstitution d’une scène de crime dans les locaux de l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. LP/Laurence ALLEZY

Les gendarmes de l’institut de recherche criminelle, qui est basé à Pontoise (Val-d’Oise), réalisent près de 600 expertises par jour. Un immense laboratoire capable également de se projeter sur le terrain.

Dans une armurerie, deux corps gisent sur le sol, face contre terre, des projections de sang sont visibles. Un braquage vient d’être commis par deux malfaiteurs. Un échange de tirs a fait deux victimes : l’un des deux braqueurs et l’employée du magasin. Empreintes, traces de cheminement, douilles, Tout est passé au peigne fin, annoté, photographié méthodiquement par des experts en blouse blanche.

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Les spécialistes peuvent modéliser la scène de crime en 3D. LP/L.A.

La scène est fictive, les cadavres sont des mannequins et tout se passe en réalité entre les murs de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN) de Pontoise. Cette scène est un cas d’école pour les 250 experts qui mènent chaque jour près de 600 expertises au sein du pôle judiciaire, installé depuis 2015 dans des locaux flambant neufs.

Cette plate-forme criminalistique est unique en France. Ses experts accompagnent enquêteurs et magistrats pour procéder aux constatations et expertises d’une certaine complexité. En 2017, 451 815 empreintes ont été analysées et 33 271 traces papillaires exploitées.

La 3 D au service des enquêtes

Grâce à un outil et un logiciel de visite virtuelle, les spécialistes peuvent modéliser la scène d’accident ou de crime en 3D. Elle peut-être ainsi conservée intacte aussi longtemps que nécessaire. C’est ce qui a été fait en juin lors du déraillement du RER B à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines).

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La salle de médecine légale de l’IRCGN. LP/L.A.

Les corps des victimes, eux, sont rapatriés sur le plateau de médecine légale. Cette salle d’autopsie classique dispose d’une technologie d’imagerie de pointe permettant de matérialiser le traumatisme sur écran d’ordinateur. L’autopsie est enregistrée et il y a la possibilité d’envoyer des photos en temps réel pour « être transparent du début à la fin ». En février dernier, médecins légistes mais aussi anthropologues et odontologues de l’IRCGN ont travaillé sur l’affaire Maëlys dont les vêtements avec le squelette venaient d’être découverts en Savoie.

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La salle d’autopsie dispose d’une technologie d’imagerie de pointe permettant de matérialiser le traumatisme sur écran d’ordinateur. LP/L.A.

L’Institut renferme également un plateau d’investigations sur les explosifs et arme à feu avec un tunnel de tir permettant la reconstitution balistique. Parmi la collection d’armes de référence, 12 000 proviennent de perquisitions. Le plateau d’investigations véhicules permet, lui, de décortiquer des véhicules saisis et d’analyser les circonstances d’un accident. Grâce à l’analyse de calculateurs sur l’Airbag, c’est notamment ce service qui a permis de déterminer que le chauffard qui avait tué deux policiers sur le périphérique parisien en 2013 n’avait à aucun moment freiné, ni ralenti.

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Ce tunnel de tir permet la reconstitution balistique. LP/L.A.

UN LABORATOIRE MOBILE UNIQUE AU MONDE

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Le laboratoire mobile et projetable d’analyse génétique (LabADN) développé par l’Ircgn. LP/Laurence ALLEZY

En 2015, des experts du pôle judiciaire de la gendarmerie de Pontoise avaient été envoyés sur les lieux de l’accident de l’avion de la Germanwings dans les Alpes françaises.

Ils y ont expérimenté un laboratoire mobile d’analyses ADN, le « LabADN » permettant d’identifier les nombreuses victimes rapidement. Unique au monde, ce dispositif – qui est une innovation de l’Institut de Recherche Criminelle – est rapide et projetable en tout point du territoire français, en métropole et en Outre-mer, sans préjudice de qualité et fiabilité des résultats.

« Dans les cas de catastrophes de masse, on doit être capable d’identifier rapidement les victimes, ce dispositif permet une révélation d’empreinte génétique en moins de 4 heures au lieu de 8 heures en laboratoire classique », souligne un spécialiste. Il permet d’établir une vingtaine de profils génétiques toutes les 30 minutes.

Le LabADN a été breveté par la Gendarmerie Nationale et validé en France depuis le 6 janvier 2016 par une commission interministérielle. Il a été employé six fois depuis 2016, lors de l’attentat de Nice en juillet 2016 mais aussi après le passage de l’Ouragan Irma et dans le cadre de l’affaire Maëlys.

Sourcewww.leparisien.fr

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