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Le - Les gendarmes du Var au plus près des voyageurs

Partis de Saint-Cyr, les gendarmes et agents de la sûreté ferroviaire ont réalisé des contrôles aléatoires dans le train.

Créée en début d’année, la brigade des transports de la gendarmerie du Var est de plus en plus en présente dans les transports en commun. Du bus au bateau en passant par le train, les agents accentuent les contrôles

Les voyageurs du TER en provenance de Marseille et à destination de Toulon de 14 h 08 ont eu une visite qui a surpris, jeudi. Six gendarmes de La Valette accompagnés de trois agents de la sûreté ferroviaire de Marseille ont embarqué pour réaliser des contrôles dans le train.« Dans le cadre de la politique de sécurisation au quotidien, nous avons créé une brigade des transports de gendarmerie du Var à titre expérimental, explique le chef d’escadron Jean-Marc Payet, commandant du groupement de gendarmerie de Saint-Cyr, du Beausset et de La Valette. Cette unité fonctionnelle a comme champ d’action tous les transports en commun, que ce soit les bus, les trains ou les navettes maritimes, principalement dans le golfe de Saint-Tropez l’été. Les agents ont une fonction “contact”, ils font de la proximité, de la recherche selon les informations communiquées par les partenaires. C’est une présence dissuasive. »Cette présence n’est pas passée inaperçue et a même fait renoncer quelques fraudeurs à monter dans le train.« Ils nous ont vus et, du coup, ils restent à quai. C’est effectivement plus prudent », plaisante un gendarme.

UN TRAVAIL MAIN DANS LA MAIN

Mais il ne faudra pas bien longtemps pour que les agents réalisent les premières « prises » de ce voyage.

Quelques minutes après avoir quitté la gare de Saint-Cyr, les agents de la gendarmerie récupèrent quelques grammes de stupéfiant : le jeune homme sera reconvoqué ultérieurement à la brigade.

Mais c’est une autre affaire qui va occuper les forces de l’ordre. Après le signalement d’un contrôleur, les neuf hommes vont à la rencontre d’un individu tchèque, sans abri, qui n’a pas de titre de transport. Un coutumier du fait qui, pour cette fois, ne s’en sort pas aussi facilement. Après une fouille de ses affaires, les gendarmes découvrent que le voyageur est sous le coup d’une expulsion de territoire depuis 2017.

L’homme sera finalement invité à descendre du train en gare de La Seyne et reconduit à la gendarmerie de Saint-Cyr par les forces de l’ordre. Un travail mené main dans la main entre forces de l’ordre, agents de la sûreté ferroviaire et personnel de train.

Et si le rôle des gendarmes n’est pas de contrôler les billets, ils n’en restent pas moins un renfort important pour le personnel navigant. D’ailleurs, un appel au micro demandant des renforts est rapidement relayé dans le train, qui se dirige désormais vers les Arcs.

« C’EST UN VÉRITABLE PLUS »

Arrivés en tête du TER, les gendarmes découvrent la situation. Une contrôleuse a été quelque peu « malmenée » par un usager. L’individu, qui n’a pas de billet, a été insultant. Cette fois, les agents ont un rôle de médiateur, ils rappellent à l’ordre le voyageur. L’incident sera vite résolu pour laisser place à un autre désagrément.

Deux jeunes femmes travaillant pour la SNCF ont maille à partir avec un homme, qui ne parle pas français, sans titre de transport et qui ne justifie d’aucune adresse pour dresser la contravention. Une fois encore, ce sont les gendarmes qui viennent pour essayer de démêler l’affaire. Réfugié à Nice, il donnera finalement l’adresse du camp.

« C’est sécurisant d’avoir les forces de l’ordre avec nous, confie une contrôleuse. On espère les voir plus souvent puisque c’est un véritable plus dans certaines situations. Ils sont là pour nous aider parfois, mais leur simple présence est dissuasive pour certains et nous permet de faire notre travail plus sereinement. »

Les gendarmes varois travaillent en partenariat avec les agents de la sûreté ferroviaire de la SNCF.

Et de la prévention, ils vont devoir en faire. Entre les fraudes et les manquements aux règles, il ne sera rien épargné aux neuf agents en progression dans le train.

Accompagnés par un chien de défense, Légion, un malinois de trois ans et demi, ils vont être sollicités pour un bagage abandonné.

Personne ne sait où est passé le propriétaire dudit sac, laissé sur le siège sans nom ni moyen d’identification. Il faudra de longues minutes aux agents pour retrouver le voyageur distrait qui se fera gentiment rappeler à l’ordre pour cette fois.

« Vous savez, d’ordinaire c’est 135 euros d’amende, explique le maître-chien à l’usager. Laisser un bagage sans surveillance, c’est dangereux, pour vous car vous pouvez vous le faire voler et pour nous, puisqu’on ne sait pas ce qu’il y a dedans : ça peut aussi bien être des vêtements qu’une bombe. L’étiquetage des bagages est obligatoire. »

Après quelques excuses, le voyageur ne sera pas sanctionné mais aura, à coup sûr, retenu la leçon.

« Ce sont souvent des gens partis aux toilettes ou passer un coup de fil qui font ça,précise l’agent de la sûreté ferroviaire marseillaise. Mais un sac sans propriétaire, c’est quelque chose qui inquiète très vite tout le monde dans un train. C’est pour ça que c’est important de faire de la prévention et de rappeler parfois les usagers à l’ordre. »

Une présence préventive qui, d’ailleurs, fait beaucoup réagir dans les trains.

« Au moins on sait que le trajet se passera bien, c’est rassurant », souffle une dame à son mari en voyant les agents passer.

« Même si on n’a pas trop de problèmes d’habitude, on se sent vraiment en sécurité. On sait que là, les voyageurs se tiendront bien et ne s’amuseront pas à faire n’importe quoi », termine un agent de la propreté, présent dans le TER.

Outre le rôle préventif et dissuasif des gendarmes de la compagnie de La Valette qui composent cette nouvelle brigade des transports, les militaires ont plusieurs missions :

Fonction contact : les forces de l’ordre sont très visibles et ne se cachent pas. Ils vont au contact de la population et montrent une présence à la fois rassurante et dissuasive. Notamment dans le contexte de menace terroriste.

Fonction recherche : lors de la montée dans le train, les gendarmes vont au contact du personnel navigant. Ils sont donc informés en cas d’incidents et peuvent intervenir sur des cas signalés.

Fonction proximité : les agents sont aussi là pour faire de la prévention et être au plus proche des usagers. Un rappel à la loi ou à la bonne tenue peut également être réalisé.

Fonction contrôle : de manière aléatoire ou sur signalement des partenaires, les militaires peuvent réaliser des contrôles d’identité, de billets et de sacs.

Des actions non prédéfinies qui peuvent être réalisées en partenariat avec la sûreté ferroviaire, mais aussi être coordonnées avec la police nationale.

La gendarmerie du Var œuvrait déjà dans les trains. Mais les forces de l’ordre ont décidé d’intensifier leur présence en créant, en janvier 2019, une brigade des transports de la gendarmerie du Var.

« Nous avons décidé de créer une brigade départementale avec un pouvoir d’action étendue, explique le colonel Alexandre Malo, commandant du groupement de gendarmerie du Var. Avant, nous n’intervenions que dans les trains. Désormais, nous contrôlons les bus, les gares ferroviaires de la zone gendarmerie et les navettes maritimes. Les principales missions des agents engagés dans cette brigade sont préventives, avec une présence visible de surveillance des trains mais aussi des gares et des zones autour. Et de constat d’infraction. Cette nouvelle fonction nous permet de renforcer notre présence aux abords des nœuds ferroviaires, notamment à Saint-Cyr, à la frontière des Bouches-du-Rhône, et aux Arcs, non loin des Alpes-Maritimes. La gendarmerie souhaite que ce service multimodal soit un vrai plus pour les habitants du département. Nous sommes sur le terrain chez eux, mais nous les accompagnons et nous les sécurisons aussi lors de leurs déplacements en transport en commun. »

PREMIER RETOUR DES USAGERS TRÈS POSITIF

Et la brigade cible toutes les plages horaires et toutes les lignes du département.

« Nous avons un service planifié et nous faisons également des contrôles suivant les informations qui remontent du terrain, continue le colonel. Nous centralisons tout au niveau de La Valette et nous concentrons nos efforts sur les lignes et plages où nous avons eu des remontées d’incidents. On s’adapte aux signalements et aux créneaux. C’est un service lisible et accessible qui permet d’être vraiment au contact des usagers et des agents. Nous avons mis en place cette brigade de transports de la gendarmerie du Var, à titre expérimental, il y a maintenant plus de quatre mois et les premiers retours des usagers, mais aussi du personnel SNCF, sont très encourageants. Tout est pleinement inscrit dans la politique de sécurisation au quotidien. Finalement, la création de cette brigade est logique. »

Et pour parfaire au mieux leurs interventions et créer un lien interservices, les gendarmes devraient prochainement réaliser une formation commune avec les agents de sûreté ferroviaire.

Le chef d’escadron Payet, commandant de la compagnie de La Valette (à gauche), le lieutenant Desprès, commandant des brigades des Arcs et du Muy (au centre) et le colonel Malo, commandant l’ensemble des gendarmes du Var (à droite).
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