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Le - Projeté de sa brigade bretonne à la gendarmerie du désert

Armées. Projeté de sa brigade bretonne à la gendarmerie du désert

Pendant quatre mois, l’adjudant-chef Jean-Pierre a laissé sa brigade de gendarmerie de Pacé (Ille-et-Vilaine) pour l’opération militaire Barkhane, au Mali. Et contribuer à une mission peu connue : celle de la prévôté. Rencontre.

L’adjudant-chef Jean-Pierre, gendarme à la brigade de Pacé, près de Rennes, a eu l’occasion de servir en opération extérieure au sein de la gendarmerie prévôtale sur l’opération Barkhane.
L’adjudant-chef Jean-Pierre, gendarme à la brigade de Pacé, près de Rennes, a eu l’occasion de servir en opération extérieure au sein de la gendarmerie prévôtale sur l’opération Barkhane. | D.R.

Dans les bureaux de la brigade territoriale autonome de Pacé, rien ne le distingue vraiment de ses collègues gendarmes, à part quelques années au compteur peut-être… C’était sûrement la même chose dans la rusticité malienne de la plateforme opérationnelle désert de Gao.

L’adjudant-chef Jean-Pierre, auprès de la gendarmerie malienne dans le cadre d’une mission de renseignement/contact avec les autorités locales. | D.R.

Là-bas, pendant quatre mois, il a servi parmi les militaires de l’une des principales bases françaises de l’opération Barkhane. Treillis, casque, protection balistique, armement, de quoi passer incognito. À une exception près : un brassard noir floqué « gendarmerie prévôtale ».

L’adjudant-chef Jean-Pierre, est gendarme à la brigade territoriale autonome de Pacé, à l’Ouest de Rennes. | PASCAL SIMON/OUEST-FRANCE.

Des gendarmes envoyés en mission à l’étranger en zone de guerre ? Oui, ça existe. « La prévôté, ça m’intéressait, c’est une expérience assez exceptionnelle », concède l’adjudant Jean-Pierre, 48 ans. Il y a un appel à volontaires qui tombe tous les ans et prévoit le volume de personnels qui va armer les différentes missions de la gendarmerie prévôtale l’année suivante. La sélection se fait au printemps. J’ai eu la réponse en mai 2019 J’ai fait un premier stage à Beynes, dans les Yvelines, un second. Je suis parti le 20 septembre 2019, je suis revenu à Pacé en février 2020 ». Un impératif : être diplômé officier de police judiciaire.

En opération extérieure (Opex) ou en mission, rien ne distingue vraiment un gendarme de la prévôté d’un autre militaire, à part le brassard au bras droit. | GENDARMERIE/SIRPA/F.GARCIA

Sortir de l’hexagone pour son métier, il connaissait déjà. Après l’école des sous-officiers de Chaumont, ce Guingampais choisit en 1997 la gendarmerie mobile, est affecté pendant plus de cinq ans à l’escadron de Saint-Malo (dissous en 2010) qui le fera partir en mission en Nouvelle-Calédonie, en Martinique et en Corse. Suivront quatre années à la brigade de Rivière Saint-Louis sur l’île de la Réunion, avant un retour en métropole à la brigade de Vitry-le-François (Marne) et Pacé en 2014. « Mais avec la prévôté sur Barkhane, c’est ma première Opex (opération extérieure) et mon premier séjour en Afrique… »

Engagé sur l’opération Barkhane, au Mali, un gendarme de la prévôté peut-être incorporé ou accompagné des patrouilles avec des unités blindées. | GENDARMERIE DE LA PRÉVÔTÉ

Entre la fraîcheur bretonne et la canicule du Sahel qui vous déshydrate à coup sûr si vous n’avalez pas quotidiennement vos 8 litres d’eau minérale, l’adjudant-chef Jean-Pierre avait déjà pu mouiller le maillot prévôtal dans la jungle tropicale de Guyane.

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« Je suis parti trois mois et demi, entre fin 2017 et début 2018, détaché auprès de la section de recherche de Cayenne, pour travailler sur le volet judiciaire de l’opération Harpie de lutte contre l’orpaillage illégal. » Avec le code minier comme livre de chevet.

Une vraie montée en gamme opérationnelle nécessitant une bonne condition physique. « Mais le Mali, c’est encore un autre niveau… ». Et pas question de partir bille en tête. « Ça ne se décide pas seul. Je suis marié et père de famille. Si j’avais perçu que tous les feux n’étaient pas eu vert, je ne serais pas parti. »

Auprès des forces armées françaises stationnées hors du territoire français, comme à Gao, le cœur de métier du prévôt est la police judiciaire militaire.

Mais les missions sont diverses : du « simple » accrochage entre un blindé français et la voiture d’un civil malien, à l’altercation entre deux militaires, le prévôt est sur le pont.

Le commandant de Groupement d’Ille-et-Vilaine remettant à l’adjudant-chef Jean-Pierre une citation à l’ordre du régiment du Chef d’état-Major des Armées récompensant le travail de la brigade prévôtale, à la suite de la collision de deux hélicoptères, le 25 novembre 2019, au Mali. | D.R.

« Il nous revient de mener l’enquête pour fournir les pièces du dossier à l’entité du Parquet de Paris dont dépend la gendarmerie prévôtale, explique l’adjudant-chef Jean-Pierre. Mais je suis aussi sorti en patrouille avec des unités militaires. C’est l’occasion de rencontrer les autorités locales, d’être au contact de la population locale, et aussi de collecter du renseignement pour anticiper d’éventuelles menaces ».

L’adjudant-chef Jean-Pierre dans le cadre de la coopération civilo-militaire. « Dans ce contexte nous essayons d’être en contact avec la population ». | D.R.
L’adjudant-chef Jean-Pierre, gendarme à la brigade territoriale autonome de Pacé, à l’Ouest de Rennes. | PASCAL SIMON/OUEST-FRANCE.

Durant son mandat de quatre mois, l’adjudant-chef a notamment travaillé sur la dramatique collision en mission entre deux hélicoptères de Barkhane, le 25 novembre 2019, dans lequel treize militaires français sont morts.

Se sent-il prêt à servir à nouveau la prévôté ? « Cette mission au Mali fut la plus dense, la plus intense. Maintenant, il faut laisser la place aux autres… »Armées. Projeté de sa brigade bretonne à la gendarmerie du désert

Source : www.ouest-france.fr

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