Crise silencieuse dans les rangs : Ces gendarmes qui quittent l’uniforme
- Camille
- 19/04/2025
- 19:00

Après une enquête révélatrice sur la hausse des départs dans la gendarmerie, France 2 a diffusé de nouveaux témoignages alarmants dans son JT de 20h du 17 avril 2025. Entre désillusion et fatigue, de nombreux militaires disent stop.
Cadences infernales, manque de reconnaissance, conditions de vie dégradées… Les raisons de la lassitude sont multiples, mais les conséquences, elles, sont claires : de plus en plus de gendarmes choisissent de quitter l’institution. C’est ce que met en lumière un reportage diffusé sur France 2, à la suite des révélations d’Enquêtes d’actu à l’automne dernier.
Dans le journal télévisé du 17 avril, plusieurs militaires, parfois anonymes, témoignent de leur profond mal-être. « Au bout d’un moment, on a envie de dire merde », lâche un officier sur le point de démissionner après 13 ans de service. Il n’est pas un cas isolé.
Un groupe Facebook révélateur du malaise
L’existence du groupe privé Facebook « GIE : Côté démission », créé en janvier 2024, en est une illustration criante. Ce forum virtuel, aujourd’hui fort de 26 000 membres – soit un quart des effectifs d’active de la gendarmerie – permet aux gendarmes d’échanger librement sur leur quotidien et sur les moyens de se reconvertir. Le nombre d’inscrits, en constante augmentation, témoigne d’un malaise profond et partagé.
France 2 a eu accès à certaines publications : photos de logements de fonction délabrés, murs couverts de moisissures, témoignages de familles à bout… Autant d’éléments qui alimentent le ressentiment et expliquent les départs en série.
Des chiffres qui dérangent
Selon une note de la Cour des comptes publiée en avril 2024, 5 672 départs définitifs hors retraite ont été enregistrés en 2023, soit une hausse de 34 % en quatre ans. Un chiffre significatif que la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) tempère, refusant de parler d’« hémorragie ». Pour l’institution, cette hausse s’expliquerait en partie par des « évolutions générationnelles », avec des attentes nouvelles en matière d’équilibre de vie et de reconnaissance.
Des mesures de fidélisation à l’épreuve du réel
Pour répondre à la crise, des dispositifs ont été mis en place : meilleure prise en compte du conjoint dans la gestion des affectations, revalorisation salariale, efforts sur les conditions de vie. Des solutions jugées insuffisantes ou inadaptées par une partie du corps, qui souligne aussi une autre conséquence : une pression accrue sur les écoles de gendarmerie, saturées, et une possible baisse de la qualité du recrutement.
Un malaise de fond, pas une crise passagère
Si la gendarmerie revendique sa capacité à remplir ses objectifs de recrutement, la multiplication des démissions, elle, pose une question de fond : l’institution est-elle encore en mesure de répondre aux aspirations de ses personnels ? À écouter ceux qui partent, la réponse est de plus en plus souvent négative.