Go-fast sur l’A1 : Folle course-poursuite et une gendarme héroïque
- Camille
- 14/02/2025
- 13:00

Une course-poursuite de 60 kilomètres sur l’autoroute A1, un go-fast intercepté et une gendarme au volant d’un bolide, l’affaire jugée ce lundi à Compiègne a tenu en haleine le tribunal.
Deux ressortissants belges, Mohammed B., 20 ans, et Amaury D., 32 ans, ont comparu pour avoir mis en péril la vie des forces de l’ordre lors d’une tentative désespérée d’échapper à l’arrestation.
Une traque à grande vitesse
Les faits remontent au 4 janvier dernier. Ce jour-là, trois patrouilles de gendarmerie prennent position au niveau du péage de Chamant, prêtes à intercepter un go-fast. Une Audi RS4 volée force le passage et accélère brutalement, atteignant 150 km/h en quelques secondes. Les militaires du peloton d’autoroute de Senlis, à bord d’une Alpine A110 S de 300 chevaux, se lancent immédiatement à sa poursuite.
Pendant 60 kilomètres, l’Audi multiplie les embardées, zigzague dangereusement entre les véhicules et atteint la vitesse vertigineuse de 217 km/h. À hauteur de l’aire de Tilloloy, près de la frontière entre l’Oise et la Somme, les fuyards opèrent une manœuvre risquée : un freinage brutal pour tenter de bifurquer vers une aire de repos. La gendarme au volant de l’Alpine réagit immédiatement, évitant un carnage, mais ne peut empêcher une collision avec une camionnette.
Une gendarme miraculée
Malgré le choc, les militaires parviennent à interpeller les suspects. « Madame, vous auriez pu mourir », a souligné avec gravité le procureur de Compiègne, Guillaume Dupont, en s’adressant à la gendarme héroïque qui a évité le pire. L’accident lui a laissé des séquelles : « J’avais des éclats de verre dans les yeux, la bouche. Ma jambe était coincée par la portière, les pompiers ont dû me désincarcérer. Aujourd’hui, je vais mieux, mais il y aura un avant et un après dans ma carrière », a-t-elle témoigné.
Une saisie de drogue conséquente
Dans l’Audi volée, les forces de l’ordre ont découvert 28,580 kg d’herbe de cannabis, d’une valeur marchande estimée à 285 800 euros. « Nous sommes face à un narcotrafic organisé », a martelé le procureur, insistant sur l’implication des deux prévenus dans un réseau structuré.
À la barre, les deux accusés ont tenté de justifier leur fuite. Mohammed B., conducteur du véhicule, affirme avoir agi sous la contrainte : « On m’a proposé ce voyage pour rembourser une dette, je devais toucher 2 000 euros. Pendant la course, on me dictait mes actions en appel vidéo. J’ai eu peur. » De son côté, Amaury D. reconnaît avoir accepté pour 4 000 euros, mais nie toute implication dans le vol de la voiture. « J’ai dit oui à ce transport, mais pas d’armes ni de drogue dure. J’ai préféré la prison au cercueil », a-t-il confessé.
Une condamnation exemplaire ?
Le tribunal a rendu son verdict. Mohammed B., dont l’altération du discernement a été reconnue en raison de sa schizophrénie, a été condamné à 24 mois de prison, dont six mois ferme. Amaury D., lui, écope de 12 mois ferme.
Ce coup de filet met en lumière le danger permanent auquel sont confrontés les gendarmes, mais aussi leur bravoure face à des criminels prêts à tout pour échapper aux autorités.