GIGN : les binômes du Groupe appui cynophile au cœur des opérations (épisode 1/2)
- Par le commandant Céline Morin
- Publié le 26 juin 2025

Né en 2018, de la fusion des équipes cynophiles d’assaut et de détection d’explosifs, le Groupe appui cynophile (GAC) du GIGN travaille au profit de toutes les forces, même si l’essentiel de ses engagements se fait aux côtés de l’intervention. Fort de neuf maîtres de chiens, tous opérationnels, et de quatorze chiens, principalement des bergers belges malinois, le GAC déploie au quotidien plusieurs spécialités : assaut, pistage, recherche d’explosifs et dirigement. Cette polyvalence, au service de l’efficacité opérationnelle, est le fruit d’une sélection exigeante, d’une formation longue associée à un entraînement permanent, ainsi que d’une recherche constante d’innovation.
Ils sont quatorze. Ce sont des équipiers bien particuliers du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale. Opérationnels, discrets et dotés de leur propre équipement high-tech, ils participent à la plupart des missions à haut risque conduites par l’unité. Eux, ce sont les chiens d’élite du Groupe appui cynophile (GAC).
La cynotechnie est apparue au sein du GIGN en 1976, peu de temps après sa création. Deux spécialités vont dès lors y coexister : l’assaut, au sein du GIGN, et la détection d’explosifs, au sein de l’EPIGN (Escadron Parachutiste d’Intervention de la Gendarmerie Nationale).
Lors de la réforme du Groupe, en 2007, les deux unités cynophiles sont affectées à la F.I. pour l’assaut et à la force appui opérationnel pour la recherche « explo ». Il faudra attendre 2018 pour assister à leur fusion, avec la création du GAC, armé aujourd’hui par neuf maîtres de chiens, chef de cellule compris, tous opérationnels.
Quant au cheptel du GIGN, il est principalement composé de bergers belges malinois. L’un d’eux, Olto, spécialisé dans la recherche d’explosifs, est aussi l’unique chien « dirigement » du groupe. Trois chiots de cette même race, Vorace, Venom et Valko, âgés de sept mois, sont actuellement préparés depuis l’âge de deux mois pour assurer la relève de leurs aînés prochainement à la retraite. On trouve aussi un surprenant jagdterrier, nommé Jaffar, chien « explo », également en cours de formation piste.

Le binôme cynophile au cœur de la colonne d’assaut
Le GAC, qui travaille essentiellement avec la Force intervention (F.I.), fonctionne sur le même régime qu’elle, avec deux alertes, afin de se greffer à chaque mission. Généralement intégrée dans la colonne d’assaut, l’équipe cynophile, qui forme un binôme à part entière, va mettre à profit sa capacité de détection d’explosifs pour sécuriser la progression des équipiers de la F.I. Le chien peut également être utilisé « au mordant » (assaut) pour intercepter un individu, dans un cadre d’emploi préalablement défini avec le chef des opérations.
Sa casquette « explo » peut aussi conduire le chien à réaliser des levées de doute sur une porte, un véhicule ou un objet, en étant « piloté » à distance au laser par son maître.
En outre, une semaine sur deux, le GAC assure une alerte GSPR (Groupe de Sécurité de la Présidence de la République), avec deux opérateurs dédiés, qui peuvent être amenés à suivre les déplacements du Président nécessitant la présence des chiens. Il s’agit notamment de réaliser des détections d’explosifs en amont des déplacements.

Un long apprentissage
Le recrutement au GAC se fait par le biais d’un appel à volontaires publié en fin d’année dès lors que le besoin existe. Comme tout opérationnel, le candidat doit d’abord se présenter à la semaine de tests opérationnels. S’il les réussit, il suivra le préstage, d’une durée de huit semaines, avant d’entamer une année de formation, à l’instar de tous les stagiaires. Tout au long de l’année, des séances d’entraînement avec son futur chien sont planifiées durant certains week-ends ou autres moments de disponibilité, afin que le stagiaire commence à créer un lien de confiance avec son animal. Ce lien, qui se renforcera au fil du temps, est essentiel pour que le chien soit capable de travailler en toute autonomie, à distance et de passer des paramètres difficiles sur le terrain.
Entre-temps, le GAC commence à préparer le chien en s’appuyant aussi sur l’expertise de réservistes professionnels, notamment pour l’apprentissage du mordant. « Cela permet de le débourrer et de commencer son éducation. Cette préparation parallèle garantit une bonne qualité de formation du chien et compense le manque d’expérience du stagiaire, surtout s’il n’a jamais eu de chien. D’autant que le mordant est une technicité particulière : si le chien n’apprend pas à mordre correctement et se blesse, cela peut lui laisser des séquelles durables et le faire hésiter à mordre par la suite, explique Jérémie, à la tête du GAC du GIGN. Dans le même temps, le stagiaire aura également acquis un certain nombre d’outils lui permettant d’aborder son stage à Gramat avec de bonnes bases et en étant familiarisé avec ses futures missions, puisqu’il nous accompagne sur nos exercices dès que c’est possible. Ce format nous apporte un gain de temps et d’efficacité. »
L’un des trois chiots malinois acquis à l’automne dernier est d’ailleurs destiné à l’un des stagiaires de cette année.

S’adapter aux spécificités opérationnelles du GIGN
Une fois breveté, le militaire pourra entamer sa formation de maître de chien à Gramat, au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie nationale (CNICGN), « maison mère de la cynotechnie en gendarmerie », afin de suivre le cursus socle de trois mois en recherche d’explosifs, puis au cours de trois mois supplémentaires pour la formation au mordant (assaut).
Une fois le binôme validé, il sera progressivement intégré aux missions. Ce temps d’adaptation est nécessaire afin d’acclimater le chien et son maître aux contextes très spécifiques de leurs futurs engagements. « La formation à Gramat est de grande qualité, mais elle ne couvre toutefois pas tous les besoins spécifiques du GIGN », confirme le militaire.
Outre la spécialité dans laquelle ils seront amenés à opérer, les chiens seront formés durant plus d’un an aux techniques et aux spécificités des missions du GIGN. Le chien devra ainsi apprendre à progresser au sein de la colonne d’assaut avec discrétion, à franchir des obstacles, des hauteurs, des passages souterrains, à évoluer de nuit ou dans des environnements très dégradés, par exemple sous les tirs ou dans un nuage de gaz lacrymogène. Il devra également s’habituer au fracas des explosions, au transport aérien, à l’hélitreuillage ainsi qu’au parachutage.
« La sélection du chien, selon des critères propres au GIGN, est donc primordiale. Nous avons besoin de chiens posés, calmes, sociables et surtout stables. La stabilité est le point clé. Il ne doit éprouver aucune crainte ni aucune angoisse au contact de l’humain et doit être capable de travailler en équipe, de prendre en compte son environnement et les équipiers. Sur le plan physique, nous recherchons vraiment de l’endurance. Le chien doit aussi être capable de surmonter les différents obstacles et paramètres auxquels il sera confronté. Sur ce point, le lien de confiance entre le maître et son chien est vraiment essentiel, c’est pour ça que je souhaite qu’il se crée au plus tôt et que le maître commence avec un chiot. »
Et comme tous les chiens de la gendarmerie, ceux du GIGN sont formés à travers le jeu, tant pour le travail d’olfaction, « en le rendant dingue de sa balle », que pour le mordant. Il doit donc aussi être joueur.
Enfin, quand le GAC estime que le maître et son chien sont prêts, ces derniers sont intégrés aux missions d’alerte, d’abord en binôme avec un maître expérimenté, puis en solo.
Un équipement de protection spécifique
Le GAC veille à l’intégrité physique de ses chiens, que ce soit lors des entraînements ou lors des opérations. En effet, si ces derniers sont dotés d’équipements spécifiques à l’accomplissement de leurs missions, tels que des casques munis d’une caméra ou encore des radios émettrices (fixées à leur collier), ils sont également pourvus d’équipements de protection : harnais tactique, en matériau résistant, pouvant être renforcé de plaques balistiques légères, lunettes de protection contre les éclats et les fumées, protections auditives intégrées dans les casques ou encore protections en néoprène permettant de réduire le bruit de l’hélicoptère et, enfin, chaussons de protection pour préserver les coussinets.
Un entraînement quotidien
Pour autant, la formation des équipes cynophiles du GAC ne s’arrête pas là. « L’entraînement des chiens est d’une importance capitale afin d’être toujours prêts à répondre rapidement aux attentes des chefs dans diverses situations opérationnelles. Au GAC, en plus de l’entraînement physique et au tir, on fait travailler le chien toute la journée, confirme Jérémie. Cela implique aussi de se rapprocher des conditions d’engagement opérationnel, par exemple en s’exerçant de nuit ou dans un environnement pouvant perturber le chien. »
Outre cet entraînement personnel et les exercices internes à la cellule, les maîtres de chien se greffent également sur ceux de la F.I., avec laquelle ils sont le plus souvent amenés à travailler. Chaque exercice et chaque mission donnent ensuite lieu à un RETEX (retour d’expérience), d’abord avec les « ops de l’inter », puis en interne à la cellule afin d’étudier, vidéo à l’appui, ce qui a fonctionné et ce qui aurait pu être fait différemment. « Chaque expérience nous fait évoluer. »
La fréquence et l’intensité de ces entraînements permettent ainsi de maintenir un haut niveau de condition opérationnelle, mais aussi d’acquérir et de développer des compétences complexes de manière progressive, à l’instar du pistage ou du « dirigement ».
Source : www.gendarmerie.interieur.gouv.fr