Val-d’Oise : flashé à 213 km/h, le bénévole du Téléthon s’explique
Julien, 25 ans, flashé dimanche lors d’une animation de voitures de sport organisée pour le Téléthon, dénonce les règles de cette opération.
Marie Persidat | 10 Déc. 2014, 14h00 | MAJ : 10 Déc. 2014, 14h00
« On m’a retiré mon permis, je risque de perdre mon boulot… Tout ça pour avoir été bénévole le temps d’un week-end. » Le Téléthon n’a pas fait que des heureux cette année à L’Isle-Adam. Julien Batt a été arrêté par la gendarmerie dimanche alors qu’il promenait de généreux donateurs lors de baptêmes en voitures de sport.
Son compteur affichait les 213 km/h.
Sur deux jours, une centaine de bolides de différentes puissances ont tourné entre le parking du centre commercial le Grand-Val à L’Isle- Adam et la fin de l’autoroute A 16 à la jonction avec la D 184. Tous ces propriétaires d’engins répondaient bénévolement à l’appel d’Emotion auto prestige (EAP), une association qui organise des rassemblements de passionnés d’automobiles. Julien, 25 ans, participait pour la deuxième année consécutive à cette opération caritative, au volant de la Honda S2000 appartenant à sa maman. Le jeune homme, originaire d’Omerville, ne comprend pas pourquoi sa bonne volonté se transforme à présent en « délit de grand excès de vitesse ». « Julien Batt n’est pas un délinquant, il était là pour le Téléthon ! » rappelle son avocate, Me Caty Richard. L’opération caritative chapeautée par EAP a permis de récolter 15 392 € en deux jours. Un montant que le club reverse à l’Association française contre les myopathies.
Entre 10 et 50 € pour faire un tour dans une voiture de sport
Les journées « baptêmes », organisées depuis quatre ans à L’Isle-Adam rencontrent en effet un succès croissant : de plus en plus de visiteurs déboursent entre 10 et 50 € pour faire un tour dans une voiture de sport. Samedi, le prix de la balade est monté jusqu’à environ 100 € pour s’offrir une expérience dans une Ferrari d’un modèle très rare. Quant au programme offert lors de ces baptêmes, il serait assez « flou » selon Julien Batt. « Il y a des briefings en début de journée avec les organisateurs et en présence d’un représentant de la gendarmerie. On nous a dit qu’il fallaitnous faire plaisir, qu’il n’y aurait pas de contrôle de jumelles. »
De son côté, la gendarmerie affirme « qu’à aucun moment il n’a été dit qu’il était possible de dépasser les vitesses autorisées ». Les organisateurs se retranchent derrière le document que chaque participant doit signer. « C’est une décharge et le texte explique clairement qu’ils doivent respecter le Code de la route », souligne Laurent Benoît d’EAP. Un jeu de dupes, selon Julien. « Ma petite voiture ne fait que 240 chevaux, ce jour-là il y avait des Ferrari qui en avaient 900 ! Moi-même j’ai payé pour un baptême dans une Mercedes, on est monté à 270 km/h ! »
Le jeune d’Omerville a été interpellé à cinquante mètres de l’arrivée du circuit, laissant son passager rentrer à pied. Lorsqu’il sort de son audition à la gendarmerie, une heure et demie plus tard, les organisateurs ont plié bagage… Il se retrouve seul.
« Sur place les esprits s’échauffaient, nous avons dû arrêter et rembourser certains baptêmes déjà payés », explique Laurent Benoît. Ce dernier reconnaît que la limitation de vitesse n’a pas été mentionnée durant le briefing. « Mais les panneaux fixant la limite à 110, tout le monde les voit ! C’est au conducteur en faute d’assumer ce qu’il a fait. Il y a forcément des gens qui ont le pied lourd dans ce genre d’événement, mais je pense que c’est resté dans la limite du raisonnable. Sinon nous aurions eu des plaintes. »
Pour le représentant d’EAP, l’expérience du baptême n’a rien à voir avec la vitesse. « L’important c’est l’accélération, aller jusqu’à 200, c’est inutile. En trois secondes d’accélération, le passager peut avoir des sensations à couper le souffle, surtout si c’est un public qui n’a pas l’habitude. » Julien risque de perdre les cinq points lui restant sur son permis et de devoir payer 1 500 € d’amende. « Je suis chef de chantier, j’ai besoin de conduire pour travailler », angoisse-t-il.