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Le - «Les gendarmes veulent des preuves, les victimes être écoutées»

Violences conjugales

«Les gendarmes veulent des preuves, les victimes être écoutées»

Le chef d’escadron Jean-Philippe Teneur, chef du cabinet communication pour la gendarmerie des Hauts-de-France

Le chef d’escadron Jean-Philippe Teneur, chef du cabinet communication pour la gendarmerie des Hauts-de-France

Que vous évoquent ces témoignages ?

«  Ces témoignages ont une réalité, il y a un vécu derrière que je ne veux pas remettre en question, d’autant que ces femmes qui osent témoigner sont courageuses. En 2017, 1403 femmes(pour 2,6 millions d’habitants) dans le Nord et 1384 (pour 1,4 million d’habitants) dans le Pas-de-Calais ont osé briser le silence et pousser les portes d’une brigade de la région. Mais sans remettre en cause la sincérité des témoignages, je veux aussi dire que les situations évoquées dans ce documentaire ne reflètent pas l’action des militaires de la gendarmerie qui, dans leur grande majorité apportent un soin particulier à l’écoute et l’accueil des victimes. Cela étant, ces témoignages mettent l’accent sur la nécessité de renforcer l’information et l’accompagnement des victimes tout au long de l’enquête. »

Pourquoi alors ces attaques répétées contre les gendarmes ?

« J’y vois ce qu’une confrontation avec le système judiciaire peut avoir de déstabilisant : les gendarmes vont vouloir des preuves tandis que les victimes veulent avant tout que leur souffrance soit entendue. Ceci est d’autant plus compliqué que les victimes ont souvent tendance à minimiser la gravité de la situation et redoutent les conséquences des démarches qu’elles pourraient entreprendre (crainte du placement des enfants, représailles…). Des photos, des certificats médicaux, des témoignages de tierces personnes servent pour nous à sécuriser la plainte, pour qu’elle ait plus de possibilité d’aboutir et que l’on ne soit pas dans le parole contre parole. Et dans le cas où la victime n’envisage pas de déposer plainte immédiatement, nous lui conseillons de réaliser des clichés photographiques des coups et blessures qu’elle a reçus, de consulter un médecin et de recueillir les témoignages afin de pouvoir faire valoir ses droits plus tard si elle le souhaite. »

« Il est faux d’affirmer qu’un certificat médical préalable est indispensable à un dépôt de plainte »

Vous pointez aussi des idées fausses ?

« La plainte constitue un principe en matière de violences intrafamiliales. Le gendarme a l’obligation de prendre une plainte et de renseigner la victime sur la suite de la plainte. Le recours à la main courante qui est systématiquement transmise au parquet en cas de violences conjugales, demeure une exception. De plus, il est faux d’affirmer qu’un certificat médical préalable est indispensable à un dépôt de plainte. »

Qu’est-ce que la gendarmerie a mis en place de spécifique pour l’accueil des femmes victimes de violences conjugales ?

« Sept jours sur sept, de jour comme de nuit, les brigades de gendarmerie sont ouvertes. De sorte qu’en toutes circonstances, la victime de violences conjugales peut trouver une écoute et une prise en charge. Nous sommes sensibilisés à la question des violences faites aux femmes avec une charte d’accueil pour accueillir les victimes et une formation pour tous les gendarmes. Nous privilégions la prise en charge par un enquêteur féminin. Et l’inspection générale de la gendarmerie fait des contrôles aléatoires sur la qualité d’accueil dans les brigades. Enfin, nous essayons de faire de la prévention. Notamment lorsque nous sommes appelés la nuit pour des différents conjugaux : quand il y a des insultes, des objets cassés, des situations d’alcoolisme, il y a souvent un suivi social à mettre en place même si l’on n’a pas directement constaté de violences conjugales. »

Y a-t-il des brigades plus spécialisées sur le sujet ?

Oui. Les victimes peuvent bénéficier d’un accompagnement spécifique de la part des intervenants sociaux en gendarmerie (ISG) qui assurent un rôle d’interface avec les associations d’aide aux victimes. Dans la région, on en trouve dans le Nord à Avesnes-sur-Helpe, Cambrai, Douai, Dunkerque-Hoymille, Hazebrouck et dans le Pas-de-Calais à Arras (avec la police nationale), Calais et Saint-Pol-sur-Ternoise.

Des points d’accueil ont aussi été mis en place dans certaines brigades de gendarmerie afin de permettre aux associations de renseigner et d’accompagner les usagers dans leurs démarches, dans le Nord à Caudry et dans le Pas-de-Calais dans les brigades de gendarmerie d’Auxi-le-Château, Bapaume, Beaumetz-les-Loges, Colembert, Desvres, Écuires, Frévent, Heuchin, Marquise, Neufchâtel-Hardelot, Samer, Vimy, Vis-en-Artois, Vitry-en-Artois et de Saint-Pol-sur-Ternoise.

Sourcewww.lavoixdunord.fr

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