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Aisne : comment les forces de l’ordre gèrent les disparitions

PUBLIÉ LE 16/03/2015

Par Olivier De Saint Riquier

À partir de quand peut-on parler de disparition inquiétante ? Après les récents appels à témoin, décryptage des méthodes de recherche.En 2013 à Contescourt, les gendarmes ont dépéché les grands moyens pour retrouvé un déséspéré. Il a été retrouvé blessé mais bien vivant après plusieurs jours de recherches.Photo d’archives.

 

Le corps de Martine. P. a été retrouvé samedi après-midi dans sa voiture au fond du canal à Marest-Dampcourt. « Suicide », a conclu le parquet. Depuis près d’une semaine, cette habitante de Manicamp près de Chauny faisait l’objet d’intenses recherches de la part des gendarmes. Sa photo avait également été diffusée sur les réseaux sociaux et dans la presse. Car dès les premières heures, sa disparition était jugée inquiétante. Cette issue fatale leur a hélas donné raison.

Rares sont les cas qui mobilisent autant d’enquêteurs sur le terrain. Pourtant les signalements de personnes disparues sont plus fréquents qu’on ne le croit. « Ce n’est pas quotidien mais on en a plusieurs par semaine », précise le commandant de police Béatrice Kalsch, à l’État-major de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de l’Aisne. Du côté de la gendarmerie, les statistiques sont sensiblement les mêmes, voir légèrement supérieurs.

Les mineurs c’est « toujours inquiétant »

Pour savoir s’il faut employer les grands moyens, les forces de l’ordre prennent d’abord en compte l’âge de la personne disparue. « S’il s’agit de mineurs c’est toujours inquiétant », précise le commandant Kalsch. « Un mineur de moins de 13 ans c’est très inquiétant », embraye la capitaine Alexandra Perroud qui dirige la compagnie de gendarmerie de Laon. Souvent, il s’agit de simples fugues mais ces disparitions sont tout de suite prises au sérieux.

Dans le cas de personnes majeures, les renseignements sur l’état de santé sont déterminants. « S’il s’agit d’un majeur protégé, atteint d’un handicap ou dépressif, c’est aussi un critère », complète la capitaine de gendarmerie. Les équipes sont immédiatement déployées « si on sait qu’il a des intentions suicidaires ou si on a des éléments que la personne pourrait être impliquée dans un crime ou un délit », ajoute son homologue de la police.

Dans l’Aisne, il n’existe aucune unité spécialisée dans la recherche de personnes disparues mais en cas de doute sérieux, les moyens déployés peuvent être impressionnants. Outre les investigations classiques (hôpitaux, voisinage, géolocalisation, caméras en cas de retrait au distributeur…) il n’est pas rare que les enquêteurs fassent appel à l’hélicoptère, aux plongeurs ou aux chiens pisteurs. Surtout en zone gendarmerie.

Parfois sans succès comme cette septuagénaire de Crécy-sur-Serre qui n’a toujours pas été retrouvée depuis début février malgré ce déploiement et l’appel à témoins des premières heures. Parfois avec une issue tragique comme à Manicamp samedi. Parfois avec succès comme cette traque aux abords de Saint-Quentin en mars 2013. Un retraité de Contescourt aux idées noires a été retrouvé au bout de trois jours. Blessé mais vivant. Ce week-end, un appel à témoin des gendarmes d’Hirson a permis de retrouver un homme dont la famille était sans nouvelle. Lui aussi est vivant.

D’autres attendent toujours. Car les personnes majeures sont libres de quitter leur domicile et revenir quinze ans plus tard sans en informer leurs proches. La liberté d’aller et de venir reste un droit fondamental. Et ce qui peut paraître « inquiétant » pour une famille ne l’est pas forcément pour les autorités judiciaires.

Sourcewww.aisnenouvelle.fr

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