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Carton plein

L’AUTRE INFO par Guy Birenbaum lundi 19 janvier 2015
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le lundi 19 janvier 2015

Au moment où la mobilisation des forces de l’ordre est à son maximum, une brigade de gendarmerie peut-elle perdre son temps avec une affaire de carton jeté dans une poubelle municipale au lieu de la déchetterie ? Et cette erreur funeste mérite-t-elle de conduire son auteur au tribunal de police ? Entre Clochemerle et histoire de cornecul, n’a-t-on pas là un bon résumé des travers français ?

Ce matin l’autre info est du côté de Limoges

Il y a de toutes petites histoires, comme celle que raconte Le Populaire du Centre qui disent parfois beaucoup des travers d’un pays. Je vais donc vous conter la mésaventure de Bernard, un habitant de Châteauponsac, une petite commune de la Haute Vienne.

Que lui est-il arrivé ?

Bernard, retraité de 64 ans installe une cabine de douche dans sa salle de bains. Il jette l’emballage en carton dans une benne à ordures de la commune, près de la salle des fêtes. Il laisse même sur le carton l’étiquette avec son nom et son adresse. La suite ? Bernard est convoqué par les gendarmes, parce que ce carton aurait dû être déposé à la déchetterie, à huit kilomètres de là, et pas dans une benne à ordure du village…

Il a vraiment été convoqué chez les gendarmes pour ça ?

Absolument Bernard s’est retrouvé à la Brigade pour se justifier. Mais ne croyez pas qu’il ait été simplement sermonné par les pandores. Ce n’est que le début des emmerdements. Bernard s’est ensuite retrouvé au tribunal de police de Limoges.

Et que s’est-il passé au tribunal de police ?

Bernard passait au tribunal le 9 janvier. Il est venu sans avocat mais il explique qu’il n’a pas eu beaucoup à se défendre. Les juges se sont bien marrés et l’ont relaxé. Mais Bernard reste furieux contre les gendarmes et contre la mairie de Châteauponsac. Parce que se retrouver au tribunal pour avoir jeter un carton dans un bac à ordures municipal c’est peut-être un peu exagéré. Surtout qu’il n’y a pas de panneaux d’interdiction devant l’emplacement réservé aux ordures et qu’il n’y a pas non plus d’arrêté municipal. Ce qui explique la relaxe de Bernard. Alors bien sûr Bernard aurait dû déposer son carton d’emballage de cabine de douche à la déchetterie, mais franchement on aimerait bien savoir qui de la mairie ou des gendarmes a poussé le zèle jusqu’à l’envoyer au tribunal pour ça. Le maire de Châteauponsac dit qu’il n’y est pour rien mais il approuve l’action des gendarmes et d’ailleurs une douzaine de personnes de la commune auraient été verbalisées. Le maire explique que les employés municipaux en ont marre de passer leurs journée à virer des containers les encombrants qui n’ont rien à y faire. C’est sûr, c’est ennuyeux mais dans un pays où les effectifs des forces de l’ordre posent problème et où l’encombrement des tribunaux est une maladie chronique, il y a peu être d’autres méthodes pour faire respecter « l’ordre juste » des poubelles ! Sans gendarmes ? Sans juges . Ne pensez vous pas, Henri Guaino, vous qui ADOREZ les juges, que cette histoire entre Clochemerle et cornecul nous dit quelque chose du mal français ?

Source : www.franceinfo.f

LIMOUSIN > BELLAC 17/01/15 – 19H01

Jugé pour avoir jeté un carton dans un bac à ordures

C’est dans ce container que Bernard Gauthier a déposé son carton d’emballage. Un geste qui l’a envoyé devant le tribunal de police de Limoges où il a été relaxé. Ce carton aurait dû être déposé à la déchetterie. - Le Populaire du Centre

C’est dans ce container que Bernard Gauthier a déposé son carton d’emballage. Un geste qui l’a envoyé devant le tribunal de police de Limoges où il a été relaxé. Ce carton aurait dû être déposé à la déchetterie. – Le Populaire du Centre

Des habitants de Châteauponsac ont été verbalisés pour avoir déposé des déchets inadaptés dans les bacs à ordures communaux. Jugé au tribunal, Bernard Gauthier ne décolère pas.

Il a laissé l’étiquette avec son nom et son adresse sur le carton, et c’est comme ça que les gendarmes l’ont retrouvé. Bernard Gauthier, 64 ans, venait d’installer une nouvelle cabine de douche dans sa salle d’eau quand il a décidé de déposer l’emballage dans des bacs à ordures de la commune, près de la salle des fêtes. Un geste anodin qui l’a pourtant entraîné devant le tribunal de police à Limoges.

« Les juges ont bien rigolé et ils m’ont relaxé »

Convoqué devant les juges le 9 janvier dernier, Bernard Gauthier ne décolère pas contre la mairie de Châteauponsac et les gendarmes qui l’ont préalablement entendu à la brigade. Et c’est sans avocat qu’il s’est présenté à la barre. « Heureusement, j’ai été relaxé » explique ce retraité. « C’est inadmissible de passer au tribunal pour un carton, c’est une honte pour la commune. S’il y avait eu des panneaux d’interdiction devant les bacs à ordures, je ne l’aurais pas déposé. En plus, j’ai coupé mon carton en deux, le container était presque vide, et je l’ai bien déposé à l’intérieur. Alors au tribunal, les juges ont bien rigolé et ils m’ont relaxé. Je n’ai pas eu beaucoup à me défendre. »

L’absence de panneaux d’interdiction et d’arrêté municipal a donc joué en faveur de l’accusé, et la municipalité a été invitée à montrer l’exemple. Cependant, la règle n’a pas été respectée par Bernard Gauthier puisque ce carton volumineux aurait dû être déposé à la déchetterie, située à La Croix du Breuil, à 8 km de Châteauponsac. Une distance un peu longue pour un simple carton d’emballage, ce qui peut expliquer que les habitants soient tentés par les grands bacs à ordures de la commune.

Excès de zèle ?

Alors est-ce un excès de zèle de la mairie ou des gendarmes ? Entamer une procédure judiciaire devant des tribunaux encombrés pour un simple carton semble une mesure disproportionnée. Du côté de la municipalité, on se défend d’avoir sollicité cette procédure tout en approuvant l’action des autorités. « Une douzaine de personnes seraient concernées et auraient été verbalisées dans la commune », confirme Gérard Rumeau, le maire de Châteauponsac.

« Ce n’est pas nous qui avons demandé l’intervention des gendarmes mais leur initiative nous arrange bien. Les employés municipaux en ont assez de passer une journée à nettoyer les containers, à enlever les cartons, les vieux meubles ou les canapés des bacs à ordures. Il y a besoin de rappeler à l’ordre ces gens qui déposent leurs détritus partout et n’importe où. »

On ne plaisante pas avec les poubelles à Châteauponsac. Si elle risque donner une mauvaise image, cette histoire aura l’avantage de bien faire comprendre aux habitants qu’on ne peut pas déposer ses déchets dans n’importe quel container. Plutôt qu’aller au tribunal, tout le monde comprendra qu’il vaut mieux faire l’effort de se déplacer jusqu’à la déchetterie.

Franck Jacquet

Source : www.lepopulaire.fr

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