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Angers : « Aucune zone n’est laissée de côté »… Comment les gendarmes traquent les fugitifs

INTERVIEW La lieutenante-colonelle Nassima Djebli, porte-parole de la gendarmerie, détaille à « 20 Minutes » la stratégie mise en place par les militaires pour retrouver les personnes recherchées

Propos recueillis par Thibaut Chevillard

Publié le 04/07/23 à 18h23

Un gendarme du PSIG (Peloton de surveillance et d'intervention de la Gendarmerie), le 4 juillet 2023, à Montreuil-Juigne, dans le Maine-et-Loire
Un gendarme du PSIG (Peloton de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie), le 4 juillet 2023, à Montreuil-Juigne, dans le Maine-et-Loire — LOIC VENANCE
  • Le détenu en cavale soupçonné d’un double meurtre et recherché par des dizaines de gendarmes et policiers a été interpellé ce mardi en début d’après-midi dans l’agglomération d’Angers. Le fugitif, originaire de la Réunion et détenu à la prison d’Argentan (Orne), avait profité d’une permission de sortie le 20 juin pour s’évader.
  • Il est soupçonné d’avoir tué une femme de 40 ans, retrouvée morte à son domicile à Angers le 22 juin, ainsi qu’un septuagénaire, dont le corps a été découvert dimanche à son domicile de Chailland (Mayenne).
  • Une soixantaine de gendarmes ont traqué, durant plusieurs jours, cet homme qualifié de « dangereux ». La lieutenante-colonelle Nassima Djebli, porte-parole de la gendarmerie, nous explique la stratégie mise en place par les militaires pour retrouver les personnes recherchées considérées comme dangereuses.

Il avait profité d’une permission de sortie, le 20 juin, pour s’évader. Le détenu en cavale soupçonné d’un double meurtre et recherché par des dizaines de gendarmes et policiers a été interpellé ce mardi en début d’après-midi dans l’agglomération d’Angers. Originaire de la Réunion, cet homme de 42 ans est soupçonné d’avoir tué une femme de 40 ans, retrouvée morte à son domicile à Angers le 22 juin, ainsi qu’un septuagénaire, dont le corps a été découvert dimanche à son domicile de Chailland (Mayenne).

L’étau s’était resserré ces derniers jours sur le fugitif, qui était traqué sur le terrain par une soixantaine de gendarmes. La lieutenante-colonelle Nassima Djebli, porte-parole de la gendarmerie, nous explique la stratégie mise en place par les militaires pour retrouver les personnes recherchées considérées comme dangereuses, comme les évadés de prison.

Comment travaillent les gendarmes pour retrouver les fugitifs, comme celui qui a été arrêté ce mardi ?

Pour cette affaire comme pour une autre, on travaille toujours de la même façon. Il y a une méthodologie, un mode opératoire, un savoir-faire de la gendarmerie sur ces dossiers. Il va y avoir une manœuvre opérationnelle, c’est-à-dire un travail mené sur terrain, et en parallèle une enquête judiciaire menée par les gendarmes. Tout cela se met en place rapidement, car les deux vont s’alimenter.

C’est-à-dire ?

C’est le travail de recherche judiciaire, réalisé par les sections de recherches, qui nous permet d’orienter le travail opérationnel. Les enquêteurs vont travailler sur la téléphonie, la géolocalisation, exploiter les images des caméras de surveillance pour trouver des traces et les indices. C’est tout ce travail qui nous permet de déterminer dans quelle zone chercher. On installe d’ailleurs le PCO [poste de commandement opérationnel], d’où partent toutes les directives, au plus près de la zone de recherche.

Quelles forces sont mobilisées sur le terrain ?

D’abord les gendarmes départementaux, puis les équipes cynophiles, avec différents chiens. Pour un fugitif qui a disparu depuis quelques heures, nous employons des Malinois. Pour une personne qui s’est volatilisée depuis six jours, on utilisera un Saint-Hubert, car il s’agit d’une piste froide.

Si, sur le terrain, il y a des cours d’eau, on pourra engager des plongeurs ou des équipes nautiques. S’il y a des grottes, on pourra engager des spéléologues. En montagne, les pelotons de gendarmerie de haute montagne ont un savoir-faire spécifique et pourront intervenir. Dans une zone boisée dense, on peut faire intervenir des escadrons de gendarmerie mobile.

Ce sont toutes les composantes de la gendarmerie qui pourront intervenir en fonction du besoin. On va travailler la journée et la nuit, et nous sommes capables de monter en puissance.

Comment la zone de recherche est-elle quadrillée ?

Les gendarmes travaillent en escargot : on compartimente le terrain et on explore toutes les zones. Aucune n’est laissée de côté, même les plus petites. On ne sait pas si, à un moment donné, le fugitif ne s’est pas suicidé. Nous avons même des cartographes qui se déplacent et nous permettent de travailler la topographie du terrain.

Au moment de l’affaire des Plantiers, en 2021 [un homme suspecté d’un double assassinat dans les Cévennes qui avait pris la fuite], on a fouillé 90 grottes. Cela montre bien qu’il s’agit d’un travail de fourmi. Les gendarmes sur le terrain bénéficient de l’aide des hélicoptères et des drones, qui permettent de faire des levers de doute, d’obtenir du renseignement.

En parallèle, il y a un travail de bouclage, de contrôle de zone. Il faut tenir les points clés du terrain. Cela nous permet de contrôler les axes de circulations, les véhicules, d’ouvrir les coffres des voitures. Les fugitifs sont inscrits dans un fichier, mais il pourrait aussi bénéficier de l’aide d’un complice pour sortir de la zone.

Les gendarmes recueillent aussi des informations sur le terrain…

Il y a un important travail de porte à porte. Les gendarmes se rendent chez les habitants pour essayer de recueillir des informations, mais aussi pour leur prodiguer des conseils. Nous sommes aussi là pour protéger. Il faut rappeler aux gens d’être vigilant et de faire attention, de bien fermer les fenêtres et les portes, de nous appeler en cas de besoin. Dans l’affaire du fugitif d’Angers, des ouvriers ont constaté que de la nourriture avait disparu et ont alerté les forces de l’ordre. La population doit être un capteur de renseignement.

Cet important déploiement d’effectifs et de moyens peut-il tenir dans la durée ?

Bien sûr. Le groupement du Maine-et-Loire a été impacté en termes d’effectifs par les violences urbaines de ces derniers jours. Malgré cela, une soixantaine de gendarmes étaient sur le terrain en permanence. Et nous pouvions rapidement monter en puissance puisqu’une des antennes GIGN était en alerte. La garde républicaine devait aussi se rendre sur la zone pour patrouiller avec ses chevaux.

Source : www.20minutes.fr

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