Articles

Le - Contrôle des attestations de déplacement à l’usine Renault au Havre, la gendarmerie se justifie

Contrôle des attestations de déplacement à l’usine Renault au Havre, la gendarmerie se justifie

Polémique. Une opération de gendarmerie menée lundi 2 novembre 2020 dans l’après-midi dans des autocars affrétés par l’usine a provoqué la colère de certains salariés de Renault Sandouville. La gendarmerie nationale se justifie.

Christophe FREBOU

PUBLIÉ LE 05/11/2020 À 06:49 MIS À JOUR LE 05/11/2020 À 06:49 

Chaque jour des cars déposent plusieurs centaines de salariés sur le parking de l’usine.

Un contrôle peut en cacher un autre… Certains, notamment au Havre, s’étonnent peut-être de ne pas encore avoir été soumis à une vérification d’attestation, alors que le reconfinement est en vigueur depuis vendredi 30 octobre 2020 et que la courbe des malades du Covid-19 continue de croître fortement. D’autres auraient préféré l’éviter… À l’instar de ces salariés de l’usine Renault de Sandouville, près du Havre, qui ne cachent pas leur exaspération. En cause : des contrôles effectués lundi 2 novembre 2020 par la gendarmerie nationale, précisément par des militaires du peloton motorisé de Saint-Romain-de-Colbosc dépendant de l’Escadron départemental de sécurité routière, à hauteur du giratoire dit « de Total », desservant la zone industrielle, depuis une bretelle menant au pont de Normandie.

« Si ce n’est faire du chiffre… »

Le délégué syndical Force ouvrière du site, Fabien Gloaguen, a été le premier à dégainer, relayant la parole de ces salariés qui assis dans trois autocars, les premiers de la longue cohorte assurant à plusieurs reprises dans la journée des navettes à travers toute la région pour déposer des centaines d’opérateurs sur le parking de l’usine d’assemblage, ont été contrôlés.

«C’était dans le sens du retour, aux alentours de 13h30, alors que les travailleurs venaient de quitter l’usine après avoir travaillé depuis 5h20. Évidemment, il n’y a eu aucune verbalisation! Personne ne prend le car pour son plaisir sur la zone industrielle du Havre.»

« Les cars n’étaient pas plus ciblés »

Les attestations «nous ont toutes été remises vendredi [30 octobre 2020, Ndlr] par l’employeur. Ici, tout le monde est conscient du risque sanitaire. Mais dans ce cas précis, à part faire perdre du temps à des gens– on parle tout de même d’une demi-heure–, cela ne sert à rien. Je note d’ailleurs que les contrôles n’ont pas été effectués dans l’autre sens, avant que les collègues arrivent à l’usine. Les forces de l’ordre savaient qui elles inspectaient. Les bus sont identifiés. Alors quel intérêt, si ce n’est faire du chiffre en remontant un nombre important de contrôles?», s’interroge Fabien Gloaguen.

Sauf qu’il ne s’agissait pas d’un, mais en réalité de plusieurs contrôles simultanés comme le justifie le général Bruno Arviset (notre photo), commandant de gendarmerie sur l’ensemble de la région. «Ces contrôles ont été menés dans le cadre d’une opération de lutte contre les stupéfiants sur réquisition du procureur de la République du Havre. Et c’est dans ce cadre qu’automobilistes et autres usagers de la route, parmi lesquels trois cars ont fait l’objet d’un contrôle. En aucun cas, ces cars n’étaient plus ciblés que les autres véhicules. Dans les autobus, les militaires ont contrôlé les sacs des passagers à la recherche de produits stupéfiants, et ont demandé aussi à certains leur attestation de déplacement. Je précise qu’aucun produit illicite n’a été découvert à l’intérieur des cars, et que sur l’ensemble du contrôle, cinq conduites sous l’emprise de stupéfiants ont été relevées».

Version que ne conteste pas l’un des passagers, ayant, lui-même, fait l’objet du contrôle de ses affaires personnelles à bord du car n° 121. «Effectivement, les gendarmes ont annoncé à leur montée à bord du véhicule qu’ils effectuaient à la fois un contrôle de stupéfiants et d’attestation. Pour la drogue, on ne peut que le comprendre. Des opérations de ce type sont également menées dans les cars scolaires. Mais pour les attestations? Un collègue de Nointot a dû descendre du bus afin d’être verbalisé. Hélas, il n’avait pas son attestation sur lui. Pour autant, quelqu’un qui emprunte un car d’entreprise, rempli d’employés de l’usine de Sandouville, ne le fait pas pour venir faire du tourisme sur la zone industrielle. Un rappel à la loi par ces gendarmes aurait probablement suffi.» Le général Arviset assume la multiplication des contrôles sur la voie publique. «Nous luttons contre le terrorisme, contre le trafic de stupéfiants, et veillons au respect des mesures de confinement.»

Source : www.paris-normandie.fr

Be Sociable, Share!