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Le - Crash de l’A320: «Un travail éprouvant, physiquement et moralement»

Crash de l’A320: «Un travail éprouvant, physiquement et moralement»

INTERVIEW – A pied d’œuvre depuis les premières heures pour retrouver les corps des victimes, Jean-Marc Davin, adjoint de la cellule d’identification criminelle du groupement de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence, supervise un travail long, délicat et éprouvant, qu’il évoque pour Le Figaro.

LE FIGARO. – Quelle est aujourd’hui votre mission?

Jean-Marc DAVIN. – L’IRCGN (NDLR: Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) ayant quitté le département, en emportant une partie des corps, mon équipe a pris la relève depuis le 8 avril et poursuit les opérations. Nous devons récupérer les effets personnels des victimes et aussi ce qui reste des corps. Chaque jour, deux spécialistes se rendent sur place pour une mission de deux jours, relayés ensuite par un autre binôme.

Le travail est il difficile?

Il est éprouvant à plus d’un titre. Physiquement tout d’abord. En combinaison mais aussi munies de casque, de baudrier, de lunettes, les équipes travaillent sur un site dangereux. Elles évoluent sur des pentes abruptes et un sol glissant. Nous devons parfois marcher avec des crampons, avancer en cordée avec l’assistance de secouristes du peloton de gendarmerie de haute montagne. La poussière est difficile à supporter. Moralement ensuite, la mission est particulièrement éprouvante. Alors que l’essentiel a déjà été récupéré, nous travaillons sur tout ce qui est petit et parfois non décelable. Le sol, qui s’effrite, a recouvert des restes de corps et des effets appartenant aux victimes. Nous devons procéder à des opérations de ratissage. Les équipes qui mènent ces opérations sont suivies par une cellule psychologique.

Quels sont les moyens utilisés?

Des morceaux de l'A320 retrouvés sur les lieux du crash

Nous disposons de containers dont certains sont réfrigérés pour conserver ce qui permettra d’identifier les victimes. Tout ce que nous récupérons est placé sous scellés et stocké à Digne-les-Bains, où se trouve le groupement de gendarmerie du département. Une partie partira ensuite à Rosny-sous-Bois, siège de l’IRCGN, pour le travail d’identification.

Quand ces opérations cesseront-elles?

On n’a pas de visibilité sur la fin de notre mission. Elle se poursuit en même temps qu’une société privée, mandatée par la Lufthansa, récupère les débris de l’appareil, évacués par hélicoptère. Pour notre part, nous n’utilisons plus l’hélicoptère pour se rendre sur le site. Nous utilisons dorénavant la piste qui a été créée pour y accéder. Une fois tous les restes de l’appareil retirés, le site sera dépollué par une entreprise spécialisée. Nous continuerons à travailler à ses côtés, car au cours de cette ultime mission de dépollution, des effets appartenant aux victimes seront forcément encore découverts.

Source : www.lefigaro.fr

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