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Le - Démantèlement de la plus importante fabrique de cigarettes de contrefaçon en France

Démantèlement de la plus importante fabrique de cigarettes de contrefaçon en France

La plus grosse usine de cigarettes contrefaites de l’histoire a été démantelée en France ce jeudi 12 janvier par la gendarmerie. Le site se trouvait à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen. Près de 100 tonnes de tabac ont été saisies et neuf personnes interpellées.

Publié le 15/01/2023 16:29

Les gendarmes ont mis la main sur 50 tonnes de cigarettes de contrebande. Elles ont été placées ici dans "une rûche de stockage". (SIRPA GENDARMERIE)
Les gendarmes ont mis la main sur 50 tonnes de cigarettes de contrebande. Elles ont été placées ici dans « une rûche de stockage ». (SIRPA GENDARMERIE)

Il y avait tout pour fabriquer, conditionner, expédier les cigarettes de contrefaçon, y compris un espace de vie pour ne pas avoir à quitter les lieux. Les gendarmes ont démantelé ce jeudi 12 janvier, près de Rouen, la plus importante fabrique clandestine de cigarettes à ce jour en France.

Plus de 100 tonnes de produits ont été saisies. Dans le détail, il y a, notamment, 55 tonnes de cigarettes et 50 tonnes d’étiquettes, filtres, papiers, emballages. Il y a aussi 18 tonnes de résidus de tabac et de déchets de cigarettes. Le prix de revente de tabac contrefait est évalué à 13,7 millions d’euros, selon la gendarmerie nationale. C’est, à ce jour, la plus importante fabrique clandestine découverte à ce jour en France.

« Il s’agit à ce jour de la plus grande fabrique de cigarettes de contrefaçon en activité découverte en France », confirme ce dimanche à franceinfo le colonel Thierry Jourdren qui commande la section de recherches de Rouen.

« La valeur marchande à la revente est estimée à plus de 13 millions d’euros. »

Colonel Thierry Jourdren, section de recherches de Rouen à france info

La première l’avait été en décembre 2021 par les douanes à Poincy, une petite commune de Seine-et-Marne de 750 habitants. Depuis cette « première », deux autres ateliers clandestins ont été mis au jour : un site de conditionnement à La Longueville (Nord) et un autre lieu de stockage à Poincy.

Le 12 janvier, les gendarmes, alertés par Europol fin 2022 sur la présence d’un trafic international de cigarettes dans la zone industrielle de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen, découvrent une véritable usine intégrée.

La contrebande de cigarette s’industrialise

Cette fabrique comprend trois unités. Il y a une unité de production avec deux chaînes, une autre de confection des cigarettes à partir de tabac brut et, enfin, une autre dédiée au conditionnement en paquets puis en cartouches au nom d’un fabricant célèbre.

Sur place, la soixantaine de gendarmes ont aussi découvert une zone de stockage où les cartouches de cigarettes ont été conditionnées en carton sur des palettes recouvertes de film, le tout prêt à être livré.

Pour faire fonctionner, ce site de production à une échelle industrielle, les malfaiteurs se sont installé une zone de vie complète sur place. Il y avait un dortoir équipé d’une quinzaine de couchages, un coin cuisine, un coin repas et un espace détente, qui permettait aux individus de vivre sur place en toute autonomie. Il y avait en outre un groupe électrogène. Une tonne de denrées alimentaires a été donnée à la Banque alimentaire. 

L’ensemble des produits saisis a été détruit immédiatement, de même que les machines de production, a précisé la gendarmerie. Ce lieu de production se trouvait dans une zone industrielle. Une localisation qui n’a rien de surprenant pour le colonel Thierry Jourdren : « C’est une zone à l’écart d’une agglomération où vous avez des poids lourds qui entrent et qui sortent, donc la mise en place de cette structure passait clairement inaperçue dans le paysage. »

Neuf personnes placées en garde à vue

Neuf individus, âgés de 21 à 55 ans, tous de nationalité étrangère, ont été interpellés et placés en garde à vue. La majorité d’entre eux sont de nationalité moldave.

Au regard de l’ampleur de ce dossier, le parquet de Rouen s’est dessaisi au profit de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) de Paris, qui a sollicité notamment l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) et le service d’enquêtes judiciaires des Finances (SEJF). Les neuf personnes interpellées ont été présentées ce dimanche 15 janvier à la justice à Paris.

La guerre en Ukraine déplace le trafic vers la France

Le trafic est en plein essor. Plus de 284 tonnes de tabac de contrebande ont été saisies en 2020 en France, 402 tonnes en 2021 et plus de 600 tonnes, dont plus de deux tiers de cigarettes, sur les dix premiers mois de 2022.

Les organisations criminelles d’Europe de l’Est, des pays baltes aux Balkans, ont la mainmise sur le trafic de tabac. Auparavant établies en Ukraine puis en Pologne, les usines ont commencé, après l’offensive russe en Ukraine, à prendre racine plus près des frontières françaises, en Belgique notamment.

Elles s’installent désormais en France, où le marché noir représente environ 30 % du tabac en circulation selon les autorités. Des chiffres qui sont contestés par certains experts. Les trafiquants ont aujourd’hui la volonté de rapprocher production et consommation pour optimiser les coûts de transport.

Sept millions d’euros de gain pour trois mois d’activité

Les profits énormes générés suscitent l’appétit d’organisations criminelles souvent spécialisées dans les stupéfiants, qui cherchent à se diversifier. « Le coût de fabrication est d’un euro par paquet, le reste, c’est de la marge », rappelait début décembre Christophe Perruaux, directeur du SEJF, en charge des deux affaires de Poincy et maintenant de celle de Rouen.

« Une usine clandestine fonctionne pendant maximum trois mois », expliquait début décembre le patron du renseignement douanier, Florian Colas. De ses lignes de production sortent en moyenne 700 paquets à la minute, 4 200 cartouches de l’heure. « Chaque machine coûtant entre 50 000 et 200 000 euros, elles sont rentabilisées en quelques jours et les taux de marge sont stupéfiants », ajoutait-il.

À raison de 8 heures par jour, ces usines rapportent, selon les renseignements douaniers, de 80 000 à 120 000 euros la journée, soit 7 millions d’euros pour trois mois.

Source : www.francetvinfo.fr

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