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Gendarmerie. Le moral se dégrade

/ Didier Déniel 

Les restrictions budgétaires se font sentir dans la gendarmerie et pèsent, visiblement, sur le moral des militaires. Une enquête parlementaire tire le signal d’alarme. (Photo Lionel Vadam, L’Est Républicain, PQR)

Manque de moyens et de considération, logements parfois vétustes, voire insalubres, pressions de la hiérarchie. Les gendarmes ont le moral en berne et cherchent à se faire entendre. Un projet d’association professionnelle est en cours.

Ces dernières semaines, les Français ont appris, consternés, que la gendarmerie avait le moral au plus bas. Le premier à avoir porté le sujet sur la place publique, à la mi-octobre, a été Denis Favier, le directeur général de la gendarmerie nationale, expliquant devant des parlementaires que son institution connaissait une « situation difficile » du fait de la politique de restrictions budgétaires. Il avait évoqué des commandes de nouveaux véhicules ou de matériel informatique et des dépenses de carburant annulées. Quinze jours plus tard, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, annonçait une rallonge budgétaire de 111 millions d’euros pour la gendarmerie et la police.

Le 21 novembre, ce sont deux sénateurs, l’UMP Gérard Larcher, ancien président du Sénat, et le PS Michel Boutant, qui ont tiré la sonnette d’alarme dans un rapport parlementaire. On peut y lire que le parc de 30.000 véhicules est vieillissant. Que leur âge moyen est de 7,2 ans et qu’ils affichent en moyenne 155.000 kilomètres au compteur. Les deux sénateurs annoncent qu’en 2015, deux tiers des véhicules devraient avoir dépassé le seuil de réforme. « Dans certaines brigades, les véhicules utilisés ne passeraient pas le contrôle technique, raconte un gendarme. J’ai vu des collègues faire des contrôles routiers avec des voitures aux pneus usés. Un comble ».

Bonne nouvelle, l’achat de 2.000 véhicules a été crédité pour cette année. Mais seuls 300 avaient été achetés en 2012.

Plus loin, les deux sénateurs, qui sont allés sur le terrain, font état de la vétusté des locaux (logements et accueil du public). Le résultat de la politique de réduction des investissements immobiliers lancée par le précédent gouvernement. De 2007 à 2012, cette ligne budgétaire était passée de 202 millions d’euros annuels à 100 millions.

Un parc immobilier parfois vétuste 

On apprend dans le rapport que les appartements occupés par les militaires dans les 3.906 casernes de l’Hexagone ont 40 ans d’âge moyen. « Une centaine de casernes exigeraient des interventions urgentes, dont certaines de mises aux normes de sécurité : électricité, incendie… Cette situation pèse lourdement sur les conditions de vie des gendarmes et de leur famille ainsi que sur leur moral », écrivent les sénateurs.

Sur les forums, les témoignages sont nombreux. Une jeune femme, épouse d’un gendarme, raconte ainsi son installation avec son bébé dans un logement « aux murs moisis et dont la porte-fenêtre ne ferme pas. Avec seulement 80 mètres carrés pour cinq personnes ». Une autre explique que la situation était telle qu’elle en avait informé l’assistante sociale du groupement de gendarmerie dont dépend son mari. L’appartement n’a pas été rénové. Par contre, son mari a été muté… Manière un peu cavalière de régler le problème.

À Quimper, un immeuble de dix logements datant de 1974 a été classé insalubre par une commission interne, au printemps 2012. Depuis, il n’est plus habité. Et le chantier de rénovation n’a pas commencé.

« Balcons qui s’écroulent » 

À Melun – une des plus grandes casernes de France où sont hébergés des gendarmes mobiles et des élèves de l’École des officiers de gendarmerie – les bâtiments ne cessent de se dégrader. « L’état est tel que des portes-fenêtres ont été condamnées pour empêcher les résidents d’accéder aux balcons qui s’écroulent », écrivait récemment Le Parisien. Selon une étude, il faudrait au bas mot 50 millions d’euros pour rénover cet ensemble de 556 logements construit en 1963. Soit cinq fois plus que l’enveloppe promise en fin d’année par Manuel Valls pour répondre aux besoins immobiliers « les plus pressants ».

Tout n’est pas rose dans la gendarmerie, on le voit. Pourtant, des signes forts ont été donnés récemment par le gouvernement en direction de cette institution. Cette année, 162 créations de postes ont été promises. Une goutte d’eau, toutefois, comparé aux 6.240 postes perdus de 2008 à 2012.

Son effectif

L’effectif total de la gendarmerie est de 93.574 militaires : 6.913 officiers, 74.202 sous-officiers, mais aussi 12.459 gendarmes adjoints volontaires. Ces derniers occupent un poste administratif ou technique mais n’ont pas vocation à servir au sein d’une unité opérationnelle.

Son rôle

La gendarmerie assure la sécurité publique sur 95 % du territoire, notamment en zone rurale, auprès de 50 % de la population.

Son budget

Le budget global de la gendarmerie est de 16 milliards d’euros, dont 6,8 milliards en dépenses de personnels.

À lire

Le « Guide des droits et démarches des militaires » de Jacques Bessy et Michel Bavoil, aux éditions du Puits Fleuri.

Source : le télégramme www.letelegramme.fr

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