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Gendarmerie. Qui était l’adjudant Le Jeune ?

8 mai 2015/ Monique Kéromnès / Gendarmerie.

MLX_ADJUDANTLEJEUNE1.JPG_m.kéromnès   MLX_ADJUDANTLEJEUNE3.JPG_M.KéromnèsQui était l’adjudant Le Jeune ? 

Depuis 2007, la gendarmerie de Plourin-lès-Morlaix porte le nom de « caserne Adjudant Le Jeune ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, ce gendarme a permis à de nombreux jeunes du secteur d’échapper au STO. Il renseignait également les résistants. Arrêté puis déporté, il est mort en camp de concentration, en 1945.

« Mon père ne parlait pas beaucoup à la maison. S’il y a bien un mot qui le définit, c’est  » discret  » », se souvient Marcel, aujourd’hui âgé de 89 ans, le fils aîné de François Le Jeune, qui a donné son nom à la caserne de gendarmerie de Plourin-lès-Morlaix. « Mais, vous savez, pendant la guerre, moins on en disait, mieux ça valait… ».

Éviter aux jeunes d’aller au STO

En 1942, toute la famille vit au 59, rue de Brest, où se trouvait la gendarmerie à l’époque. Le « paternel », qui était affecté à la brigade de Morlaix depuis 1936, est alors promu adjudant et sert comme secrétaire de section. À la mise en place du Service du Travail obligatoire (STO), c’est lui qui est chargé de « faire le boulot », comme le dit son fils. En clair, François Le Jeune doit retrouver les jeunes réfractaires au STO de son secteur (Plourin, Sainte-Sève, Saint-Martin et Ploujean), dont la liste était établie par la sous-préfecture. « Il ne parlait pas de son travail à la maison. Mais je me souviens de soirs où il me disait simplement :  » Tiens, demain, on doit aller chercher tel ou tel garçon « . J’avais 16-17 ans, certains étaient des copains. En un coup de vélo, je pouvais aller les prévenir. Et, le lendemain, les gendarmes, qui ne trouvaient personne bien sûr, ne faisaient pas de zèle. Ils revenaient plus souvent avec du cidre ou du beurre », rigole Marcel Le Jeune.

Des renseignements pour les résistants

La famille était alors « discrètement » au courant de ce que faisait le père pour éviter le STO aux jeunes du coin. En revanche, personne ne savait que l’adjudant Le Jeune apportait également des renseignements au réseau « Bobmaster », dirigé par le Dr Le Duc, à Morlaix. Un soutien à la résistance qui devient de plus en plus manifeste aux yeux de la hiérarchie. Le gendarme est alors muté à Perros-Guirec, en 1944. « Toute la famille a déménagé le 1e r avril, sauf moi, raconte Marcel Le Jeune.Mon père voulait que je reste à Morlaix où je devais passer mon bac. C’est la dernière fois que je l’ai vu… ».

Arrêté le 4 juin 1944

Au matin du 4 juin 1944, les Allemands investissent la caserne de Perros-Guirec. L’adjudant Le Jeune et son collègue, le gendarme Hamon, sont arrêtés en même temps que des résistants locaux. Les deux hommes seront déportés au camp de concentration de Neuengamme, en Allemagne où François Le Jeune mourra d’une double pneumonie, à l’âge de 53 ans. « Je devais rejoindre ma famille à Perros-Guirec après avoir passé le bac, les 2 et 3 juin. Mais j’ai préféré prendre le maquis dès le lendemain, dans la campagne de Plourin-lès-Morlaix. C’est là que j’ai su qu’il avait été arrêté », raconte Marcel Le Jeune qui n’apprendra la mort de son père qu’en 1945, après la guerre. « Je crois qu’il aurait été fier de moi, s’il avait su que j’avais rejoint le maquis. À la maison, nous avions la résistance dans la peau. Nous écoutions Radio Londres tous les soirs, se souvient Marcel Le Jeune. Mais, en même temps, il n’y a pas eu à réfléchir et, du moment où il y a eu l’Occupation, ça n’a pas fait un pli : nous étions contre les Allemands ! »

Source : www.letelegramme.fr

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