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Le - Immersion avec les militaires de la brigade de Gardane

DIMANCHE 10/04/2022 à 12H32 – Mis à jour à 14H02  FAITS DIVERS – JUSTICE GARDANNE

Immersion avec les militaires de la brigade de Gardane : « Et puis un soir, on appelle les gendarmes… »

Immersion en patrouille de nuit avec les militaires de la brigade de Gardanne

Par Florent Bonnefoi

Entre deux contrôles nocturnes, un cambriolage est découvert dans une résidence. Les gendarmes se muent en techniciens pour relever les empreintes laissées par les voleurs.
La nuit, tout devient plus suspect. Les contrôles s’enchaînent lorsqu’un véhicule en feu est signalé par les pompiers…

A force de voir des patrouilles à la télé, Thomas, 20 ans, a franchi le pas. Trois mois de formation plus tard, le voilà gendarme adjoint volontaire, pied au plancher, dans les faubourgs de Gardanne, loin de son Allier natal. Une alarme s’est déclenchée dans une boulangerie. Il y a peut-être encore quelqu’un sur place. Dans la voiture, Florian, adjudant de 40 ans et Olivier, 38 ans, échangent avec le centre opérationnel, le « Corg », à Marseille, par où transitent les appels au 17. Ils sont ensemble pour les trois prochaines nuits à bord du véhicule de patrouille. En termes de délinquance, le mistral a des vertus apaisantes, mais ce soir, c’est lui qui a déclenché l’alarme.PUBLICITÉ

« Normalement, une levée de doute comme ça, c’est une société de gardiennage qui devrait s’en charger. Mais si on peut, on le fait, note Florian en avisant le central, qui rassure le boulanger. Beaucoup de nos missions vont au-delà de ce qui nous incombe, mais on essaie toujours d’arranger les choses, avant que la situation ne s’envenime. Entre voisins, les problèmes couvent souvent pendant des années. Et puis un soir, on appelle les gendarmes… » Dans le même esprit, pendant le confinement, les militaires de Gardanne se sont parfois mués en livreurs pour dépanner des personnes âgées. Ils ont même distribué des colis saisis après le vol d’un camion de livraison dont ils avaient retrouvé le contenu. L’institution en a fait une doctrine : « Répondre présent ». Mais le gendarme et son territoire, c’est une vieille histoire.

Un territoire,  deux ambiances

Entre Aix et Marseille, de Gardanne à Bouc-Bel-Air, le « terrain de chasse » de Florian, Thomas et Olivier est plutôt singulier. « Ce sont deux typologies très différentes dans le même secteur. Gardanne, c’est une zone urbaine avec une délinquance locale, quasiment comme un commissariat, expose l’adjudant. Mais Bouc, c’est une zone de passage, plus pavillonnaire, avec une délinquance itinérante. À Simiane, les cambrioleurs viennent parfois en train ! » Et justement, la radio crépite. Un cambriolage vient d’être découvert dans un lotissement. La patrouille se rend sur place pour effectuer les constatations.

La nuit, tout devient plus suspect. Les contrôles s'enchaînent lorsqu'un véhicule en feu est signalé par les pompiers...
La nuit, tout devient plus suspect. Les contrôles s’enchaînent lorsqu’un véhicule en feu est signalé par les pompiers…PHOTOS F.B.

En chemin, Thomas aperçoit du mouvement dans un parking. Une demi-douzaine de personnes qui s’étaient abritées à l’intérieur sont bloquées. L’une d’elles est prise avec un peu de résine de cannabis. Pour elle, ce sera la nouvelle « amende forfaitaire délictuelle »« Une AFD, ça prend 10 minutes, alors qu’avant, la procédure était plus lourde. Pour un joint, on pouvait y passer une heure et demie, alors bon… », glisse un officier. « La vérité, je vais en reprendre… », lâche le jeune homme en repartant, franchement agacé. La patrouille reprend le chemin du cambriolage. À Noël, l’emblématique Kangoo bleu a été remplacé par un rutilant Peugeot 5008. « C’est plus confortable, mais ça a aussi changé le regard des gens », constate le conducteur.

Gilets lourds et prélèvements ADN

Le coffre est déjà plein. Depuis les attentats, les gendarmes embarquent des gilets pare-balles lourds et des casques balistiques. Parfois aussi un fusil d’assaut. Il y a également la mallette pour les prélèvements ADN, une autre pour relever les empreintes… Tous sont désormais formés aux prélèvements d’indices. Et avec 200 cambriolages par an sur la zone, les occasions de mettre en pratique ne manquent pas. Ici, les cambrioleurs ont loupé leur coup. « Ils ont vraiment pas été bons », grince Florian en examinant les traces de pesée sur la porte. À la torche, il repère une empreinte sur la vitre fendue par les voleurs, qu’il relève grâce à de la poudre et un ruban adhésif. Le prélèvement sera examiné le lendemain par le technicien en investigation criminelle (Tic) de la brigade. « Il faut 12 points d’identification pour que ce soit exploitable. Parfois, une petite trace de rien du tout suffit, mais c’est pas garanti. L’ADN en revanche, c’est redoutable. Mais là, ils ne sont pas rentrés, c’est pas la peine », note le sous-officier avant de donner rendez-vous à la victime pour déposer plainte le lendemain.

Délinquance de saison

La patrouille reprend son cours. Sur les ondes, une Clio blanche a emporté des poteaux dans le centre de Gardanne avant de prendre la fuite. Le trio ouvre l’œil. Surtout aux abords des parkings de poids lourds. « Au prix du carburant, en ce moment, on a pas mal de vols sur les camions ». À chaque saison, sa délinquance. Mais depuis le confinement, les « Vif », les violences intrafamiliales, abondent toute l’année. À la brigade, elles ont fait bondir le nombre de gardes à vue. « Et ça c’est imprévisible. Tu sais jamais ce qui va arriver. On peut t’attendre avec un fusil », souffle Florian.

Nouvel appel, une voiture en feu. L’équipage rejoint les pompiers affairés autour de la carcasse. Tiens, une Clio blanche… Florian saisit la plaque, puis le nom du propriétaire dans les fichiers de police. Désormais tout est accessible à distance. Elle n’est pas signalée volée, mais malgré l’heure avancée, un autre équipage, plus proche, se rend au domicile du propriétaire afin de s’assurer que tout va bien. La patrouille reprend le chemin de la brigade. Et même si la nuit a été beaucoup plus calme qu’à la télé, Thomas est bien décidé à poursuivre sa carrière de gendarme.

Source : www.laprovence.com

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