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JARVILLE – PRÉVENTION

JARVILLE : LES MAINS PARLENT DES MAUX

En partenariat avec l’Institut de jeunes sourds (IJS) de Jarville, la gendarmerie adapte sa prévention à un public vulnérable. Avec le renfort de recrues en service civique maîtrisant la langue des signes.

19/11/2016 à 05:01, actualisé à 23:16

Gendarmes de la BPDJ et engagées volontaires en service civique forment une équipe au service des plus vulnérables. Photos Pierre MATHIS

Gendarmes de la BPDJ et engagées volontaires en service civique forment une équipe au service des plus vulnérables. Photos Pierre MATHIS

Vous ne parlez jamais avec des inconnus sur internet ? » Le chef Luc Méchin, gendarme à la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile (BPDJ) à Nancy, questionne la quinzaine d’élèves de 4e à l’IJS. En uniforme, arme à la ceinture, le militaire animait vendredi une action de prévention de 2 heures ciblée sur les risques des réseaux sociaux. Si le chef Méchin a débuté une formation en langue des signes (LDS) il n’est pas encore en capacité de signer avec un public sourd. Pour cela, il peut se reposer sur ses deux assistantes, Caroline et Lilia, qui effectuent un service civique à la BPDJ. Une interface féminine qui fait bien plus que traduire ses paroles avec leurs mains (lire ci-dessous).

« Le public handicapé, sourd reste très vulnérable »

« Derrière un écran, on peut très vite se faire avoir par des adultes malintentionnés… », met en garde le gendarme. « Si vous savez ce qui est interdit alors vous pourrez faire le nécessaire pour vous protéger et neutraliser quelqu’un qui vous voudrait du mal ». Prévention des risques à caractère sexuel, cyber-harcèlement, addiction et discrimination. Autant de thèmes abordés par la BPDJ « qui veut toujours aller plus loin en matière de prévention et s’ouvrir aux plus vulnérables », assure le colonel Gwendal Durand.

Après la projection d’un film revu et adapté pour le public de l’IJS, les lycéens participent activement au débat. Pour la plus grande joie de Jacques Celerier, directeur de l’établissement fort de 450 enfants. « Nous avons toujours été soucieux de la prévention car le public handicapé, sourd, reste très vulnérable. Pour les sourds, les réseaux sont une véritable révolution en matière de communication et l’intense utilisation qu’ils en font les expose d’autant plus », souligne Jacques Celerier qui a déjà dû faire face à des enfants confrontés à « un risque majeur » sur internet. « Avec la gendarmerie, nous avons mis en place une action accessible et il faut l’avouer, un gendarme dans une classe capte davantage l’attention ! » Six classes (CP-CM1) ont déjà pu bénéficier de cette action de prévention ainsi que 140 collégiens et lycéens. « Ils ont en eux des connaissances insoupçonnées et nous sommes là pour les faire réfléchir », reprend le chef Méchin, confronté à plus de 120 auditions de mineurs dans les locaux de la BPJD. « Nous intervenons en extérieur pour prévenir mais également pour détecter. Du fait d’un handicap, ce public est capable d’importantes concessions pour se faire accepter… »

Si Laura, 14 ans, l’assure, « ses parents dispose de tous ses codes d’accès pour contrôler ses discussions sur les réseaux », tous les ados ne sont pas soumis à ce degré de surveillance ou tout simplement, ne l’accepte pas. Et activent des comptes secrets afin d’échapper au contrôle parental et gagner en intimité. Une porte grande ouverte pour les prédateurs du Web qui risquent cependant de trouver porte close si la BPDJ est passée par là…

Alain THIESSE

 

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