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Le - JENNIFER MATHIEU, UNE POLYNÉSIENNE PARMI LES GENDARMES MOBILES

Lundi 28 Septembre 2015

 

Entraînement intensif à Montluçon, durant neuf mois. (DR)

Entraînement intensif à Montluçon, durant neuf mois. (DR)

Tous les lundis, nous vous proposons de découvrir une femme ou un homme qui, à sa manière, illustre l’actualité. Aujourd’hui, le portrait de Jennifer Mathieu, jeune Polynésienne qui a décidé d’embrasser la carrière de gendarme, puis de gendarme mobile.

Jennifer Mathieu, originaire de Taravao, fait partie des trente premiers gendarmes mobiles féminins. Cette jeune Polynésienne de 25 ans est très fière de son parcours d’autant que rien n’était gagné d’avance.
Jennifer aime son fenua, la bringue, les copains et sa famille. Après son bac, elle tente une licence en langues étrangères appliquées à l’Université de Polynésie mais, de son propre aveu, elle n’est pas très assidue.
“Je voulais travailler tout de suite, les études m’ennuyaient”, admet-elle.
Sans doute parce que son père est un ancien légionnaire et que son frère s’est aussi engagé dans l’armée, Jennifer est tentée d’entrer dans la gendarmerie.
“Sur les conseils de mon père, j’ai d’abord effectué une préparation militaire gendarmerie à la caserne de Faa’a pour être réserviste”, explique-t-elle.
Confortée dans son choix, Jennifer décide alors de rejoindre l’école de gendarmerie de Montluçon, un an plus tard, en tant que gendarme adjoint volontaire (GAV).
Elle débarque en métropole le 1er décembre 2011 avec trois autres Polynésiens.

”Je voulais rentrer à la maison”

Saisie par la dureté du climat et par le manque de chaleur des Métropolitains, Jennifer se souvient de son arrivée à la gare : “La première chose que j’ai faite, c’est acheter une carte téléphonique et appeler mon père. J’ai éclaté en sanglots, et lui ai dit que je voulais rentrer à la maison.”
Son père la réconforte. Elle doit se ressaisir et au moins essayer. Les débuts sont très difficiles. “ J’entrais pour la toute première fois dans le monde militaire. En plus de la température très basse, les cadres m’ont aussi bien refroidie.”
Fini les fleurs de tiare à l’oreille, les cheveux longs et les sourires charmeurs, désormais c’est chignon serré, treillis impeccable et garde à vous !
Surtout, se rappelle-t-elle : “Les cadres aimaient répéter : ‘Le froid est une sensation de civils’. Qu’est ce que c’était dur ! Heureusement qu’on était quatre Tahitiens ; on se soutenait.”

Major de sa promo

Grâce à ses amis polynésiens et à son frère à qui elle rend visite de temps en temps à Castelsarrasin, Jennifer prend son mal en patience. À la fin des trois mois d’école, sur les 87 élèves, Jennifer sort major de sa promotion. Elle est alors affectée à la brigade d’Angoulême en Charente, où elle y passera quasiment trois années.
Jennifer se souvient que l’ambiance change du tout au tout. Ses collègues sont très accueillants. “Je n’ai jamais perdu mon accent polynésien. Au début, on m’a affecté au planton, ce qui correspond à l’accueil. Et les gens avaient du mal à me comprendre, on me prenait pour une gitane ou une fille de l’Est”, s’en amuse encore Jennifer. Le contrat de GAV ne pouvant excéder cinq ans, Jennifer passe le concours de sous-officier en octobre 2013. Un an plus tard, le 2 septembre 2014, elle réintègre l’école de gendarmerie de Montluçon.
Le 21 mai, après neuf mois de formation, la jeune femme termine 14e de sa promotion sur 115 élèves. Une belle performance qui lui permet de choisir son affectation. Jennifer aime les défis, c’est une battante et c’est pourquoi elle décide d’intégrer la gendarmerie mobile, unité jusque-là réservée aux hommes, ouverte aux femmes cette année dans la limite de 30 places.
Depuis le 1er juin, Jennifer et neuf autres filles ont rejoint l’escadron 21/2 de Mont-de-Marsan. La gendarmerie mobile diffère de la gendarmerie départementale ; elle a pour mission principale le maintien et/ou le rétablissement de l’ordre, sur tout le territoire national, mais aussi en outre-mer. Actuellement, Jennifer est en opération extérieure en Martinique avec son escadron. Nouvellement affectée, elle découvre ce que signifie réellement être “gendarme mobile”. Si elle reconnaît qu’il est encore trop tôt pour se fixer un plan de carrière, elle n’exclut pas la possibilité de rentrer un jour au fenua.

Jennifer Rofes

 

Jennifer Mathieu (à droite) a intégré la gendarmerie mobile, unité jusque-là réservée aux hommes, ouverte aux femmes, cette année, dans la limite de 30 places. (DR)

Jennifer Mathieu (à droite) a intégré la gendarmerie mobile, unité jusque-là réservée aux hommes, ouverte aux femmes, cette année, dans la limite de 30 places. (DR)

 

La jeune femme aime son fenua, la bringue et la danse… (DR)

La jeune femme aime son fenua, la bringue et la danse… (DR)
 le Lundi 28 Septembre 2015 à 11:58
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