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Les gendarmes de Seine-et-Marne, «champions» de la dérision sur les réseaux sociaux

Le groupement de gendarmerie a fait appel un réserviste pour donner un nouveau ton à sa communication. Avec succès.

 Sur les réseaux sociaux, Alexandre Coutant, gendarme réserviste, donne aux messages  des gendarmes de Seine-et-Marne un ton décalé mais informatif.
Sur les réseaux sociaux, Alexandre Coutant, gendarme réserviste, donne aux messages des gendarmes de Seine-et-Marne un ton décalé mais informatif. Sylvain Deleuze

Par Sylvain Deleuze Le 3 octobre 2020 à 07h25

Le ton décalé interpelle instantanément. « Nos champions du jour dénichés par les gendarmes de Seine-et-Marne », annonce ce tweet qui donne, chiffres parfois vertigineux à l’appui, le classement des automobilistes « dépannés », comprendre immobilisés pour cause de grand excès de vitesse.

Depuis le confinement, le groupement de gendarmerie de la Seine-et-Marne a radicalement changé sa manière de communiquer sur les réseaux sociaux, faisant le choix d’un ton mêlant ironie et humour pour faire passer des messages allant de l’incitation à la prudence au rappel à la loi ou aux conseils de bon sens.

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Un réserviste à la rescousse

Et l’effet est immédiat sur les chiffres de fréquentation qui s’envolent. « Dès la première publication, avec l’expression Nos champions du jour, cela a cartonné », raconte Alexandre Coutant, 41 ans, l’un des 370 gendarmes de la réserve opérationnelle du département, l’homme qui a inspiré ce changement de ton.

En mars, ce père de famille de Roissy-en-Brie, qui a créé sa boîte de communication, est sollicité par le groupement de gendarmerie, justement pour ses qualités de communicant. « Avec les réservistes, nous pouvons utiliser certaines compétences que nous n’avons pas forcément au sein de nos effectifs, explique le colonel Mickaël Fumery, le patron des gendarmes du département. Nous l’avons sollicité pour mettre en place une communication moins institutionnelle avec une approche différente, teintée d’humour si la situation s’y prête ».

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Mais hors de question de rester dans ce registre en cas d’événement tragique. Fortement marqué par cinq décès survenus en un week-end sur les routes du département, Alexandre Coutant marque malgré tout sa différence en concluant ces messages-là d’un « peu importe qui a raison, l’essentiel c’est de rentrer à la maison ».

« Salut à toi, jeune entrepreneur ! »

Le changement de style de communication a en tout cas fait mouche. Ouverte en septembre 2018, la page Facebook Gendarmerie de la Seine-et-Marne plafonnait à un peu plus de 5 000 abonnées en mars avant le confinement. Aujourd’hui, plus de 30 000 personnes aiment la page et plus de 32 000 la suivent. « Elle a été vue et partagée jusqu’à 2 millions de fois en septembre », constate Alexandre Coutant, qui gère la page Facebook presque quotidiennement, depuis les locaux de son entreprise.Newsletter – L’essentiel de l’actuChaque matin, l’actualité vue par Le ParisienJE M’INSCRISVotre adresse mail est collectée par Le Parisien pour vous permettre de recevoir nos actualités et offres commerciales. En savoir plus

Cet adepte d’humour décalé n’a pas froid aux yeux, notamment quand les gendarmes tombent sur une plantation de cannabis. « Salut à toi, jeune entrepreneur! Si on s’est permis de t’arrêter, c’est pour une raison très simple : savais-tu ce que tu risques à jouer au cannabiculteur? », publie-t-il, parodiant des vidéos devenues virales sur Internet.

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Le réserviste communicant détourne également des phrases cultes de la culture pop ou de la télé-réalité. Mi-septembre, un contrôle géant durant tout une journée avait été annoncé le matin même par la gendarmerie sur les réseaux sociaux. « Allô ! Non mais allô, quoi ! On vous donne toutes les infos et vous tombez dans le panneau ?…. Allô ! », avait alors ironisé le soir même le chargé de com, après les 453 excès de vitesse et 24 usages de téléphone au volant relevés sur la Nationale 4 ce jour-là. Le message suivant redonnait leur chance aux automobilistes en leur annonçant les points de contrôle le lendemain.

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« Du coup, les gens ne peuvent plus écrire que la gendarmerie sort uniquement pour les verbaliser, ajoute Alexandre Coutant. Je ne veux pas faire la morale ou accabler les contrevenants. »

« Un vrai outil pédagogique »

« Notre objectif n’est pas de verbaliser tout le monde, mais qu’il y ait le moins de mort sur les routes », rappelle de son côté le colonel Fumery, qui voit aussi dans les messages sur Facebook ou Twitter « un vrai outil pédagogique. »

Les internautes répondent d’ailleurs beaucoup plus et « moins négativement », comme le constate l’entrepreneur. Comme ce message qui applaudit la démarche et conclut : « Si, en plus, ces contrôles se font dans des zones accidentogènes, là, c’est total respect. »

Alexandre Constant raconte voir souhaité devenir gendarme réserviste lors d’une mission de travail avec le député (LREM) Jean-Michel Fauvergue, l’ancien patron du RAID. « Je voulais être sur le terrain, aider concrètement la gendarmerie et les gens ». Dans le cadre de son activité professionnelle, cet adepte de tir sportif depuis de nombreuses années, collabore très régulièrement avec l’ancien policier sur les questions liées à la sécurité.

Une prise de risque

La hiérarchie garde bien sûr le dernier mot sur les messages postés, mais lui fait confiance. « Nous devons nous adapter et faire confiance, précise le colonel, qui n’hésite pas à changer une phrase, trouver une autre idée. Nous avons aussi dû nous remettre en question pour être ensuite le plus visible possible. »

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Cette vraie prise de risque, payante, n’allait pas forcément de soi au départ. « Avec 970 gendarmes, sans compter les réservistes, la gendarmerie dispose d’un vrai savoir-faire, d’une vraie proximité avec toutes les brigades de terrain. Et nous devons le faire savoir », résume le communicant qui n’en revient pas du nombre de retours. Mission accomplie.

Source : www.leparisien.fr

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