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Le - MONTBÉLIARD – LES MAIRES SE FÂCHENT

29/01/2015 à 05:00

MONTBÉLIARD – LES MAIRES SE FÂCHENT

Réunis hier à L’Isle-sur-le-Doubs, les maires des cantons l’islois et de Clerval ont tapé du poing sur la table. La menace de suppression d’une brigade de gendarmerie les a mis en rogne. Manif le 21 février à L’Isle.

«On sait qu’il faut faire des économies mais il y a des bornes à ne pas dépasser. C’est à l’État d’assurer la protection des citoyens, pas aux maires ».

Le ton est donné. Résolu dans la contestation comme dans l’action. Et dans l’unité. Pour le coup, les convictions politiques sont planquées sous le mouchoir. La même colère partagée fait écho mercredi matin dans l’ancienne école qui fait face au clocher de L’Isle-sur-le-Doubs. Vingt-cinq maires des deux cantons voisins y sont réunis. De Hyémondans, Médière et La Prétière, de Saint-Maurice, Arcey, Belvoir, Clerval et d’ailleurs. Pour dire combien la réduction des effectifs dans les rangs de la communauté de brigades de L’Isle (la COB en abrégé) les fait grimper sur leurs ergots.

« Soit on laisse couler, soit on agit. Mais dès maintenant »

La COB, ce sont trois unités basées à L’Isle-sur-le-Doubs (pour le plus fort des troupes), Clerval et Sancey-le-Grand. Les effectifs sont tombés de 24 gendarmes à 17 « dont trois auxiliaires. 17 gendarmes pour assurer la sécurité de 18 000 habitants sur un vaste territoire qui compte plus de 50 communes, dont les deux points extrêmes, Arcey d’un côté, Sancey de l’autre sont situés à 50 km de distance. Voilà la réalité », balance un maire.

Le sang des édiles n’a fait qu’un tour lorsqu’un bruit de couloir leur est parvenu : celui de la fermeture de la brigade de Sancey. Aussi sec, le conseiller général du canton de Clerval, Frédéric Cartier, a pris sa plume pour dire combien il trouvait « choquante » une telle mesure si d’aventure elle devenait effective. Ni le Premier ministre, ni le ministre de l’Intérieur ne lui ont répondu ! Il devait rencontrer le colonel à la tête du groupement de la gendarmerie du Doubs. Les attentats terroristes à Paris ont frappé. Le rendez-vous a été annulé. « Depuis 2000, le nombre de personnel fond comme peau de chagrin. Collectivement, on a laissé faire », lâche Rémy Nappey le maire et conseiller général de L’Isle. « Ce qui se passe dans notre COB, se passe aussi ailleurs. Soit on laisse couler, soit on agit. Mais dès maintenant ? » La seconde hypothèse fait consensus.

Remontés comme des pendules, les maires ont décidé d’agir en foulant le pavé de la contestation le samedi 21 février à L’Isle-sur-le-Doubs (rendez-vous fixé à 14 h 30 place du Champ-de-Foire). Avec la population. La mobilisation est en marche. De nombreux conseils municipaux ont déjà voté des délibérations pour dire combien les fermetures de brigades en milieu rural sont ressenties « douloureusement » par de nombreux élus qui interprètent ce projet comme « une démission de l’État » face à l’une de ses principales missions régaliennes.

« Les décisions sont prises dans les secrets des bureaux, sur le dos du monde rural »

« Si la sécurité des citoyens n’est plus assurée par l’État, qui va s’en charger ? », interroge Frédéric Cartier. « L’État a sa petite idée là-dessus avec ses voisins vigilants, sa participation citoyenne. Un principe de collaboration que je trouve un peu malsain », estime un maire. « C’est l’engrenage. On nous prend nos postes, nos brigades, nos services publics », se fâche Chantal Vurpillot, maire de Médière. « Et demain, ça sera quoi ? On demandera aux maires ou aux présidents de Comcom de rendre la justice sous un chêne » s’exclame un autre.

« Cette menace de fermeture, on la ressent comme un abandon de la ruralité », insiste Jean-Jacques Monnot, premier adjoint à Sancey. « Les décisions se prennent dans les secrets des bureaux et sur le dos de la campagne car des effectifs, il y en a pour les villes alors que les cambriolages, la drogue ou la violence ne sont pas exclusifs du milieu urbain. Un beau matin, on apprend qu’une gendarmerie tombe le rideau. Inacceptable », tance un autre. Les maires sont (très) fâchés. Ils aiguisent armes, arguments et slogans pour ce qu’ils espèrent « la grande manif du 21 ».

À Blamont, des bruits courent, aussi, sur l’éventuelle fermeture de la brigade de gendarmerie (elle est rattachée à la COB de Pont-de-Roide). Au motif que l’activité ne justifie pas son maintien. Du déjà entendu. « Si ça venait à se confirmer, on protestera de façon véhémente nous aussi », promet le maire et président de la Comcom Claude Perrot. Sous sa casquette de secrétaire de l’association des maires ruraux, il apporte son soutien « sans faille » à ses collègues de L’Isle et de Clerval. « Depuis des années, on parle aménagement du territoire et, badaboum, on nous supprime des services. Les gendarmes font un excellent travail. Le territoire doit être couvert par des services de sécurité Le monde rural doit conserver ses implantations ». Il pointe du doigt « plus grave encore » : la désertification médicale, « problème qui deviendra majeur ».

Françoise JEANPARIS

Source : www.estrepublicain.fr

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