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Le - Normandie. La mort du jeune gendarme : « Gaëtan, un cœur gros comme cela »

Normandie. La mort du jeune gendarme : « Gaëtan, un cœur gros comme cela »

Faits Divers, Justice. « On ne le souhaite à personne. » Christine et Xavier viennent de vivre l’insupportable, la mort subite de leur garçon, gendarme.Publié le 21/11/2021 à 14h00

Normandie. La mort du jeune gendarme :
Gaëtan Binet, aux côtés de ses parents Christine et Xavier et de sa jeune soeur Agathe, un selfie pendant les vacances en Dordogne. « C’est une région qu’adorait Gaëtan. » La mort du jeune garçon gendarme à Port-Jérôme a ému bien au-delà de Luc-sur-Mer, la commune où il a grandi.

Elliot tourne en rond, va et vient, s’accroche aux jambes, fait le tour de la table basse du salon. « Il le cherche partout. » Le cocker monte la garde, aboie à la venue de chaque visiteur, mais ce n’est pas son maître qui pousse la porte. « On s’attend attend toujours à ce qu’il revienne et on ne réalise pas encore qu’on ne le reverra jamais.« 

Gaëtan, jeune gendarme qui préparait son concours de maître-chien à Port-Jérôme près du Havre, s’en est allé, victime d’une crise cardiaque pendant qu’il effectuait son jogging matinal. C’était le 7 octobre dernier. Son cœur a lâché, les secours n’ont rien pu faire. Il avait 27 ans, de grands yeux bleus, « un garçon toujours prêt à rendre service et pour qui le respect envers l’autre avait un sens. C’est pour cela qu’il avait voulu devenir gendarme« .

Xavier, 54 ans, parle de ce fils aimant dont la mort subite a plongé sa famille dans un profond désarroi et une commune tout entière dans la peine.

À Luc-sur-Mer, les voisins, les amis, les relations du couple sont sous le choc. La boulangère proche du front de mer dit qu’elle n’a pas réussi à trouver les mots quand elle a croisé les parents du jeune Gaëtan. « C’est trop difficile. » Chez les Binet, une petite sacoche bleu nuit renferme tous les messages de soutien, les lettres, les cartes reçus depuis la disparition du jeune homme. « Ces messages-là nous font beaucoup de bien, même si cela ne le fera pas revenir« , disent Christine et Xavier. Comme les fleurs qui, par centaines, ont recouvert le cercueil de leur fils lorsqu’ils l’ont accompagné jusqu’au petit cimetière de Luc, à deux pas de chez eux et de la boucherie charcuterie que tient Xavier.

« C’est pas un âge pour partir »

Il a repris le travail, mais pas sa femme. Elle attend un peu avant de retourner à la crèche communale où elle est auxiliaire de puériculture. « Je ne me sens pas encore la force et je ne me vois pas pleurer devant tous ces enfants. » Les plus jeunes ont deux mois, les plus âgés trois ans. Ils sont une petite trentaine dont elle s’occupe avec ses collègues. « Tout le monde nous soutient. Le maire de la commune, les collègues à la crèche sont vraiment formidables. » Une cagnotte de solidarité a aussi été mise en place par la gendarmerie nationale.

Des amis d’enfance de Gaëtan viennent pousser la porte de la maison familiale, échanger quelques mots, dire aussi leur peine d’avoir perdu leur copain de toujours. Gaëtan avait 2 ans quand les Binet ont emménagé dans le pavillon joliment décoré par Christine. Il a une petite sœur, Agathe. Elle est infirmière à Baclesse, le centre anti-cancéreux. « Nous sommes une famille très unie. Ce qui vient de nous arriver, on ne le souhaite à personne. C’est pas un âge pour partir.« 

« S’occuper des autres »

Christine a appris la mort de son fils par les gendarmes, venus l’avertir à la crèche. « J’étais loin d’imaginer ce qui avait pu arriver. D’ailleurs, comment imaginer ça ? »

Le monde de la famille Binet s’est écroulé ce jour d’octobre. Dans la maison, les photos de Gaëtan le montrent toujours souriant, souvent en vacances avec ses parents et sa jeune sœur. « Nous allions souvent ensemble en Dordogne. C’est une région qu’il adorait. Il aurait même aimé y avoir là-bas une petite maison. Notre fils aimait rendre service. Quand il revenait le week-end à la maison, c’était toujours pour s’occuper des autres.« 

Gaëtan, réserviste de la gendarmerie avant d’intégrer l’école de Montluçon, avait été réquisitionné pour s’occuper des migrants à Ouistreham. Avant de devenir gendarme, il avait été employé au Super U où travaillait autrefois son père. « Il n’oubliait jamais ses collègues de cette époque. Quand il rentrait à la maison pour le week-end, il allait souvent leur dire un petit bonjour en apportant les croissants.« 

Elliot le cocker le cherche aujourd’hui partout dans la maison. Le cœur de son jeune maître a lâché. « C’était un cœur gros comme cela. »

Source : www.tendanceouest.com

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