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Oise : immergées par dizaines, des voitures polluent la rivière

Tous les deux ans, la gendarmerie et Voies navigables de France extraient une centaine de véhicules de l’Oise au niveau de Creil. Ces voitures polluent le cours d’eau dont la santé est fragile.

 La semaine dernière, les plongeurs de la brigade fluviale de Noyon ont patiemment balisé chaque véhicule.
La semaine dernière, les plongeurs de la brigade fluviale de Noyon ont patiemment balisé chaque véhicule. LP/Thibaut Chéreau

Par Thibaut ChéreauLe 10 septembre 2019 à 16h02

Un Sonar, une barge et même une grue. Toute cette semaine, à Creil, la gendarmerie nationale et Voies navigables de France (VNF) se livrent à une pêche un peu particulière. Il ne s’agit pas de remonter des poissons mais des voitures jetées dans la rivière depuis plus ou moins longtemps.

Comme les dépôts sauvages qui se multiplient partout dans le département, au point de voir des brigades dédiées émerger dans les communes, les véhicules tapissent le lit de la rivière, au sud de Creil. « Lors de la précédente campagne, on en a remonté 108, explique Guillaume Ribein, responsable de l’unité Seine-Nord chez VNF. Cette année, on risque d’en sortir encore beaucoup.

« Ces épaves sont une source de pollution pour la rivière »

En attendant, des dizaines de petites bouées flottent discrètement le long des berges, pour signaler les voitures déjà repérées. La semaine dernière, les plongeurs de la brigade fluviale de Noyon ont patiemment balisé chaque véhicule. « On travaille à tâtons pour trouver les roues ou un élément reconnaissable, indique Sébastien Blin, l’un des trois plongeurs de la gendarmerie à intervenir sur le site. Au fond, l’eau est très trouble, il n’y a pas de visibilité. »

« Ces épaves sont une source de pollution pour la rivière, estime Guillaume Ribein. Elles contiennent les métaux lourds, des fluides ou des éléments dangereux comme les batteries. » Pascale Mercier, directrice de l’Agence de l’eau de Compiègne, confirme l’aspect nocif des épaves de voitures pour la rivière.

L’Oise, rivière à la santé fragile

« Entre Compiègne et Creil, l’Oise est dans un état moyen à cause des substances micropolluantes, comme les hydrocarbures », indique-t-elle. Ce gisement de voitures est une pollution récurrente.

Un constat amer alors que la santé de l’Oise est fragile. Longtemps polluée par les activités industrielles et agricoles, la rivière voit la qualité de son eau s’améliorer d’année en année avec le recul de certains polluants comme le phosphore ou les nitrates.

Les voitures envasées sont aussi de vrais dangers pour les péniches. « Les carcasses abîment les coques, affirme Guillaume Ribein. Les mariniers nous appellent souvent pour signaler des incidents. » « On retrouve des voitures plantées à la verticale. En cas de choc avec un bateau de plaisance, les dégâts peuvent être très importants », abonde Sébastien Blin.

Souvent des voitures volées

Mais pourquoi autant de carcasses immergées? L’Oise est l’un des départements où l’on enregistre le plus de vols de véhicules en France. Les voitures dérobées sont généralement désossées pour récupérer des pièces recherchées, comme le moteur ou les phares. Des propriétaires cherchent aussi à faire disparaître leur voiture pour tromper leur assurance.

Ce lundi matin, tout est prêt pour remonter les dix premières carcasses de la saison. Les deux plongeurs de la gendarmerie se mettent à l’eau et s’assurent que l’habitacle du premier véhicule est vide. Ils sanglent ensuite la carrosserie et la grue flottante de VNF commence à remonter l’engin.

Les propriétaires recherchés

Première prise, une Citroën C3 recouverte de vase. « Ça ne fait que quelques mois qu’elle est là, assure le maréchal des logis chef, Alexandre Mariette, qui dirige l’opération depuis le quai. Elle n’est pas encore dégradée par l’eau. » Le militaire effectue les constatations judiciaires pour tenter de retrouver le propriétaire. Même sans le moteur et les plaques d’immatriculation, d’autres éléments permettent d’identifier le véhicule.Newsletter OiseChaque matin, l’actualité de votre département vue par Le ParisienJE M’INSCRISVotre adresse mail est collectée par Le Parisien pour vous permettre de recevoir nos actualités et offres commerciales. En savoir plus

Reste à vider l’intérieur, entièrement rempli de vase. « Il y a en a au moins 200 kg », sourit Alexandre Mauriette. La C3 est ensuite chargée sur une dépanneuse en attendant que l’assurance du propriétaire soit contactée.

La partie de pêche des gendarmes est loin d’être finie. La plus grosse prise de la semaine a déjà été repérée au Sonar. Non loin de la berge, une énorme masse métallique attend elle aussi d’être relevée. Camionnette ou plateau d’utilitaires, le mystère reste entier.

Source : www.leparisien.fr

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