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Permis de conduire : avant la réforme, 5 pistes pour ne pas se faire plumer

Depuis quelques jours, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a sur son bureau un rapport d’experts listant les pistes de réflexion quant à une réforme du permis. Les coûts et les délais pour le passer sont les deux plaies nationales de cet examen.

o-PERMIS-ELECTRONIQUE-570Plusieurs pistes sont évoquées comme l’embauche de davantage d’examinateurs, faire payer et réduire le temps de l’examen, ou encore baisser l’âge du début de l’apprentissage du permis à 14 ans. Bizarrement, il semble n’y avoir peu (ou pas) de solutions proposées pour baisser les coûts faramineux (1500 euros en moyenne en France, jusqu’à 3000 euros pour ne pas attendre trop longtemps).

Restrictions budgétaires et lobby des auto-écoles ne faisant pas bon ménage avec abaissement des coûts, ne vous réjouissez donc pas trop vite. En attendant, des alternatives souvent méconnues existent ou émergent pour rendre plus accessible et transparent ce passage obligé vers la vie active. Pour ceux qui n’ont pas pu profiter de la conduite accompagnée entre 16 et 18 ans, voici cinq manières de réduire les coûts :

1 –

L’auto-école low-cost

De nombreux jeunes aspirants au permis appellent de leurs vœux un « Free » du marché de l’auto-école. Comprendre : des entreprises low-cost refusant le diktat de l’entente entre écoles et cassant les prix. Alors qu’aucune législation ne l’empêche, ce modèle n’existait pas jusqu’ici.

Mais c’est en train de changer. De jeunes entrepreneurs s’engouffrent dans la brèche. Si vous êtes de la région lilloise, vous pouvez regarder du côté de Permispascher, une auto-école low-cost implantée à Lambersart qui attire de plus en plus de jeunes, faisant même parfois le déplacement depuis l’Île-de-France.

En rabotant sur les dépenses et en contraignant les clients à s’y prendre quinze jours à l’avance pour réserver les heures de leçons, tout en abandonnant leur droit d’annulation ou d’échange, l’entreprise propose une heure de conduire facturée 28 euros au lieu d’une quarantaine d’euros, voire plus en région parisienne, chez ses concurrents directs.

Guillaume Wryk, fondateur de Permispascher, a annoncé son intention de s’implanter à Saint-Quentin en juin puis en région parisienne dès la rentrée.

Des formules sont également proposées par des sites d’achat groupés, commeKgb deals, offres limitées et exceptionnelles et assez contraignantes. Alix, étudiante parisienne a payé 500 euros le forfait code et permis, sans avoir le choix de l’auto-école (à Clichy dans les Hauts-de-Seine) ni des horaires de leçons. Elle a abandonné et donc perdu son argent car ces horaires n’étaient pas compatibles avec ses cours.

2 –

Comparer prix et prestations

Il n’est pas toujours facile de se renseigner. Le business marche généralement au bouche-à-oreille, conseils d’amis ou petite enquête rapide dans son quartier. Une nouvelle initiative pourrait bien chambouler cela. « On veut devenir le Allociné des auto-écoles », déclare Edouard Schlumberger, fondateur du site VroomVroom.

« Notre démarche est celle de la transparence. Nous avons réussi à récupérer les chiffres relatifs aux taux de réussite au permis, pour toutes les écoles de France et tous les types de permis. »

La plate-forme est simple et interactive : vous tapez votre ville ou département, et des marqueurs s’affichent sur une GoogleMaps, pointant sur toutes les écoles référencées. Quatre icônes (une étoile et 3 « pouces ») permettent d’évaluer d’un coup d’œil la popularité de chaque auto-école.

capture d’écran du site VroomVroom.fr

Cliquer sur une auto-école vous permet d’accéder à ses caractéristiques, les commentaires des anciens clients, les photos des locaux, les informations pédagogiques voire les prix des forfaits pour les écoles qui le souhaitent.

« Les avis qui sont postés sont accompagné d’une mention “ validé ” ou “ non validé ” : pour être validé, c’est à dire soutenu par nous, l’auteur d’un commentaire doit avoir envoyé un justificatif. Ce système est conçu pour éviter la concurrence déloyale ou la tentation de nuire. »

Certes, la start-up y trouve son compte : elle est sur le point de passer en « phase de commercialisation ». Son modèle est simple comme l’Internet : faire remonter les auto-écoles qui ont payé un abonnement en haut des recherches, sans pour autant remettre en question la transparence voulue, incarnée dans les commentaires.

3 –

Passer en candidat libre

Beaucoup l’ignorent, mais il est possible de passer l’examen du permis de conduire en candidat libre, c’est à dire sans faire appel à une auto-école. Pour cela, il faut s’adresser à la préfecture pour s’inscrire à l’examen, en remplissant un formulaire et en demandant à passer cette épreuve en candidat libre.

Avec ce système vous êtes soumis à deux contraintes : avoir un accompagnateur et un véhicule adapté. Le but initial (et louable) : réduire drastiquement le coût du permis en faisant appel à un parent qui chapeaute l’opération. Ca, c’est la déclaration d’intention. Dans la pratique, c’est nettement plus compliqué.

L’accompagnateur doit :

  • avoir eu un usage continu de son permis pendant 5 ans (pas d’annulation ou suspension)
  • avoir suivi une formation de 4 heures en auto-école (300 à 400 euros)
  • ne pas être rémunéré
  • former l’aspirant conducteur dans un véhicule adapté et équipé

Autrement dit, les parents y réfléchiront à deux fois avant de commencer cette formation chronophage et stressante, à laquelle s’ajoutent les coûts de la formation en auto-école et ceux de l’équipement de leur voiture (plus de 1000 euros). L’alternative est de trouver une agence de location de ces véhicules équipés qui facture en moyenne 15 euros l’heure.

Le texte, en empêchant la rémunération du formateur, coupe également la voie au métier de formateur « freelance » qui aurait pu concurrencer et réduire les prix du marché.

« C’est complètement stupide », estime Sophie qui a payé un forfait de 30 heures à 1300 euros en région parisienne.

« La seule solution qui reste pour réduire les coûts du permis et ne pas enchaîner les rallonges de forfaits, c’est conduire avec ma mère quand je rentre en Bourgogne le week-end. Mais bien entendu, c’est illégal. »

 

4 –

Se tourner vers l’État et les asso

Maigre consolation pour les aspirants au permis : le web regorge de forums, conseils et sites proposant une aide plus ou moins gratuite pour passer le code. Internet permet également de mieux se renseigner sur les aides au financement et autres alternatives au permis.

L’Etat permet par exemple un prêt à taux zéro à « un euro par jour » d’un montant compris entre 800 et 1200 euros, à condition que le candidat soit âgé de 16 à 25 ans et que l’auto-école accepte ce mode de financement. Une soixantaine de communes en France et certains conseils généraux proposent également des bourses pour les 18-25, parfois en contrepartie d’heures de travaux d’intérêt général. Chômeurs et bénéficiaires du RSA peuvent encore fairejouer leurs droits pour solliciter une aide auprès de Pôle Emploi.

Dernière piste à explorer : les associations. A titre d’exemple, Ouest-France a publié un reportage en août 2013 sur une auto-école sociale à Saint-Nazaire aidant les personnes défavorisées à obtenir leur permis. L’entrée sous conditions permettait d’obtenir un forfait à seulement 268 euros, comprenant leçons de code, cours de conduite et passage de l’examen du permis, quel que soit le nombre d’heures.

A la Rochelle, une autre auto-école sociale propose un permis entre 660 et 930 euros pour aider des jeunes travailleurs en difficulté à s’insérer dans le marché du travail.

5 –

Le dernier recours : passer le permis à l’étranger

« J’ai un(e) ami(e) qui a passé le permis à [choisissez le pays] », voilà une phrase qu’on entend régulièrement. L’ultime recours, le truc des gens débrouillards qui retroussent les manches… ou juste une fausse bonne idée ?

Il est effectivement possible de passer ou repasser son permis à l’étranger, phénomène qui semble aller en grandissant. Mais, du fait des conditions très restrictives l’encadrant, cette astuce reste limitée.

Il faut :

  • avoir vécu dans le pays en question au moins 6 mois du fait d’attache personnelles ou professionnelles ;
  • avoir l’âge minimal requis en France (18 ans)
  • passer l’examen français dans les 12 mois pour obtenir une équivalence officielle

Surtout, il faudra trouver un pays où le passage du permis est plus abordable. Une tâche pas si aisée en Europe, exception faite de la péninsule ibérique. Mais pour beaucoup de personnes ayant choisi cet échappatoire, il ne s’agit pas seulement du coût, mais aussi des délais interminables en France dûs au manque de dates aux examens. Dans un témoignage recueuilli par le Parisien, une jeune française de Saint-Germain-en-Laye (78) raconte avoir payé le sien 250 euros à Tanger. Le prix de cinq heures de conduite.

Source : RUE89LENOUVELOBSERVATEUR rue89.nouvelobs.com

Hollande promet « la réforme du permis de conduire »

Le chef de l’Etat a demandé à Bernard Cazeneuve de simplifier l’ensemble des procédures.

François Hollande a "demandé au ministre de l'Intérieur (Bernard Cazeneuve) de faire en sorte que nous puissions simplifier" le permis de conduire. (GELEBART/20 MINUTES/SIPA)François Hollande a « demandé au ministre de l’Intérieur (Bernard Cazeneuve) de faire en sorte que nous puissions simplifier » le permis de conduire. (GELEBART/20 MINUTES/SIPA)

Le président François Hollande a promis mardi 6 mai de « faire la réforme du permis de conduire » visant à réduire les délais et donc les coûts d’obtention, lors d’une visite consacrée à la jeunesse et à l’apprentissage à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise).

Lors d’une visite avec des jeunes en formation à l’Institut des Métiers de l’Artisanat de cette banlieue populaire de Paris, le président de la République a déclaré :

Il y a beaucoup de jeunes qui conduisent sans permis, sansassurance et avec des conséquences extrêmement graves. On n’a pas le droit de laisser cette situation perdurer, c’est pourquoi on fera la réforme du permis de conduire »

« J’ai demandé au ministre de l’Intérieur (Bernard Cazeneuve) de faire en sorte que nous puissions simplifier ». « Simplifier la procédure, simplifier les inscriptions, simplifier aussi lorsqu’il y a échec, cela peut arriver, la nouvelle chance de passer le permis sans que s’écoule un délai trop long », a promis François Hollande, et donc « simplifier et réduire le coût pour tous les jeunes mais aussi pour la population ».

Groupe de travail

Ces déclarations interviennent alors qu’un groupe de travail installé en septembre a remis des propositions au ministère de l’Intérieur début avril, parmi lesquelles la conduite accompagnée dès 15 ans ou encore le passage du « code » dès 17 ans et demi.

« Cela fait des années et des années qu’on parle de la réforme du permis de conduire. Il ne s’agit pas de prétendre qu’on pourra faire que le coût soit abaissé dans un délai rapide, mais si on réduit le temps, si on simplifie la procédure, et si on fait en sorte qu’il y ait plus de moniteurs et plus d’inspecteurs alors on aura réglé une partie de la difficulté », a fait valoir François Hollande, au terme d’une visite aux accents très concrets.

Développer l’apprentissage

Après avoir visité les différents ateliers (carrosserie-mécanique, pâtisserie-boulangerie, coiffure…) du centre et dialogué avec des adolescents en formation, le président a également confirmé son intention de développer l’apprentissage, ce cursus en alternance en entreprise et en centres de formation.

Il a notamment confirmé le projet d’étendre le système d’échange européen Erasmus à tous les apprentis et de faciliter l’accès des apprentis aux administrations.

Pour le deuxième anniversaire de son élection, la visite de François Hollande dans une banlieue théâtre de violentes émeutes en 2007 intervient aussi alors que baisse du chômage des jeunes (-2,6% en un an) est un des rares résultats positifs de la politique économique et sociale obtenu jusqu’à présent par le gouvernement.

Source : le nouvel observateur(1) tempsreel.nouvelobs.com

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