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Le - Salon de la sécurité : Au cœur d’un assaut du GIGN

Salon de la sécurité : Au cœur d’un assaut du GIGN grâce à la réalité virtuelle… « Ça donne des frissons »

REPORTAGE La gendarmerie nationale propose aux visiteurs du salon Milipol de prendre part à une mission du GIGN grâce à un casque de réalité virtuelle

Thibaut Chevillard

Publié le 14/11/23 à 17h21

Notre journaliste s'est prêté à l'expérience
Notre journaliste s’est prêté à l’expérience — Thibaut Chevillard
  • Le salon Milipol Paris, consacré à la sécurité intérieure des Etats, s’est ouvert mardi à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Plus de 32.000 visiteurs et 160 délégations nationales sont attendus d’ici à vendredi sur les stands des 1.100 exposants répartis par tiers entre la France, l’Europe et le reste du monde.
  • Cette année, la gendarmerie nationale propose aux visiteurs une immersion avec son groupe d’intervention grâce à un casque de réalité virtuelle.
  • Les utilisateurs se retrouvent plongés, durant quelques minutes, au cœur d’une opération du GIGN dans un avion de ligne. Vingt-neuf ans après l’assaut de l’Airbus A320 d’Air France à Marseille, la force d’intervention souhaite montrer aux visiteurs son savoir-faire sur ce type de mission.

La jeune fille se cramponne au siège. Quelques minutes plus tard, elle retire le casque de réalité virtuelle. « Ça donne des frissons, on s’y croirait vraiment. Ça m’a donné la chair de poule », sourit cette étudiante de 18 ans, originaire du nord, venue mardi matin à l’ouverture du salon Milipol avec deux amies. Cette année, la gendarmerie nationale propose aux visiteurs une immersion avec son groupe d’intervention grâce à un casque de réalité virtuelle. Pour l’occasion, l’intérieur d’un avion de ligne a été reproduit et installé dans un coin du stand du ministère de l’Intérieur.

Les volontaires s’installent dans l’un des six sièges prévus, et placent le casque VR devant leurs yeux. Pas besoin, pour ce vol, de boucler sa ceinture. En quelques secondes, ils ont quitté cette immense foire aux armes en tous genres, organisée chaque année au Parc des Expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Les voici dans un appareil détourné par des terroristes.

« Montrer le savoir-faire du GIGN lors d’une mission emblématique »

Les lumières sont éteintes, les passagers plongés dans la pénombre. Soudain, dans un vacarme assourdissant, apparaît au bout du couloir une colonne d’assaut du GIGN. Protégés par un imposant bouclier et lourdement armés, trois militaires progressent prudemment dans le couloir central de l’avion en criant : « GIGN ! » Éblouis par le projecteur que tient l’un des opérateurs de la force d’intervention, les passagers, à la fois paniqués et soulagés, sont invités à descendre un par un de l’aéronef, les mains sur la tête.

« C’est une manière pour nous de montrer le savoir-faire du GIGN lors d’une mission emblématique de l’unité », explique à 20 Minutes le chef d’escadron Bastien, adjoint au chef de la force d’intervention. Cette dernière s’était en effet illustrée le 26 décembre 1994, à Marseille, en donnant l’assaut sur un Airbus A300 d’Air France, détourné par quatre terroristes du GIA (Groupe islamique armé) algérien. L’opération, qui s’est soldée par la mort des preneurs d’otages, est la dernière menée dans un avion par le GIGN. Ce qui n’empêche pas les militaires de cette unité d’élite de se préparer à ce type d’intervention, au cas où.

Entraînement en conditions réelles

Pour s’exercer, le GIGN a installé une réplique géante d’un avion de ligne sur l’un de ses sites d’entraînement, situé en Ile-de-France. En outre, une fois par mois, la nuit, une trentaine de militaires – opérateurs, médecins, démineurs, maîtres-chiens… – se rendent à l’aéroport d’Orly ou de Roissy, pour s’entraîner à donner l’assaut dans un avion, en conditions réelles. Les passagers sont, la plupart du temps, d’autres membres de l’unité. « Cela nous permet d’avoir leur retour sur ce qu’ils ont ressenti, et de travailler ainsi sur notre gestion des otages », souligne l’adjoint au chef de la force d’intervention.

Les gendarmes adaptent leurs stratégies et tactiques aux contraintes qu’implique une intervention dans un avion de ligne rempli de matière explosive. Les membres de la force d’intervention, lestés chacun de 50 kg d’armes et de matériels de protection, doivent progresser dans un environnement étroit, avec un grand nombre d’otages, sous le feu des terroristes. Avant de pénétrer dans l’appareil, ils ont étudié les plans et les données de l’avion que les stratèges de l’unité mettent à jour régulièrement.

Les JO en ligne de mire

Une division du GIGN a aussi imaginé et développé du matériel et des armes spécifiques à ce type de mission, en se basant sur les retours d’expérience. En 1994, les militaires qui ont donné l’assaut sur le tarmac de l’aéroport de Marignane se sont approchés de l’Airbus A300 d’Air France en embarquant sur des passerelles mobiles peu adaptées à la situation. Presque trente ans plus tard, la gendarmerie dispose désormais de véhicules blindés, équipés d’échelles, qui permettent aux équipes d’intervention d’avancer vers l’appareil en toute sécurité.

« Nous pouvons intervenir en France, mais aussi à l’étranger, sur ordre du Premier ministre, dans un avion d’une compagnie française ou si des ressortissants français sont à bord de l’appareil », précise le chef d’escadron Bastien. Et l’officier supérieur de souligner que le GIGN se prépare afin d’être capable d’intervenir si une crise devait survenir durant les Jeux Olympique de Paris en 2024. « On a renforcé notre travail sur les différents vecteurs de déplacement, les bus ou les avions. »

Source : www.20minutes.fr

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