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VIDEOS. Sécurité : en première ligne face aux terroristes

Les Sabre sont la nouvelle unité de gendarmes formés à affronter une attaque terroriste en tout point du territoire. Les premières seront prêtes cet été. Reportage lors d’une séance d’entraînement.

Jean-Marc Ducos, de notre envoyé spécial à Saint-Jean-d’Illac (Gironde) | | MAJ :

 

Saint-Jean-d’Illac (Gironde), jeudi. Lors d’un exercice, les Sabre de la compagnie de Mérignac se lancent à l’assaut fictif d’une salle de restaurant d’entreprise attaquée par des terroristes.

Saint-Jean-d’Illac (Gironde), jeudi. Lors d’un exercice, les Sabre de la compagnie de Mérignac se lancent à l’assaut fictif d’une salle de restaurant d’entreprise attaquée par des terroristes. (LP/Patrick Bernard.)

Ils seront en première ligne pour faire face à une éventuelle attaque terroriste en province. Ce sont les gendarmes des pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie, appelés PSIG Sabre.

Jeudi, les Sabre de la compagnie de Mérignac étaient en travaux pratiques, à l’assaut fictif d’une salle de restaurant d’entreprise. « Allô, c’est M. Dupuis. Je suis à la société D… Ça tire de partout. Il y a des morts. On va tous y passer. Les gars, ils ont des mitraillettes. Je suis caché sur le parking. Venez vite ! » Cet appel à 15 h 32, c’est celui d’une victime prise au piège dans la zone d’activités de Saint-Jean-d’Illac. Son interlocuteur au centre d’appels comprend l’urgence. Et alerte alors une patrouille d’une brigade territoriale qui déboule quelques minutes plus tard sur le parking. Deux gendarmes sortent de la voiture arme au poing. D’emblée, ils sont visés par les tirs d’un terroriste embusqué et se mettent à l’abri. « Je confirme les tirs. Suis en mesure de renseigner. Envoyez des renforts », lance à la radio le premier gendarme arrivé sur la (fausse) prise d’otages tout en maintenant son arme vers les cibles. Pendant ce temps, des coups de feu claquent. On entend des victimes hurler dans la salle. Les exécutions commencent.

Le PSIG Sabre arrive à son tour dans deux véhicules. Les gendarmes ont des casques antibalistiques, des gilets pare-balles et leur nouvelle arme le HK G36 pour affronter les AK 47, l’arme préférée des terroristes. Une colonne de cinq hommes se met en ligne derrière un mur. Devant, leur protecteur : le gendarme qui déploie un porte-bouclier de 18 kg. Un autre gendarme se décale dans le parking avec pour mission l’appui feu de ses camarades. C’est lui qui va protéger la colonne qui avance pas à pas avant d’entrer dans le restaurant où gisent les victimes. Le feu s’engage avec les terroristes. Le bruit des HK G36 fait siffler les oreilles.

«Le jour J, il faudra être prêt»

Une progression suivie par le colonel Ghislain Rety, le patron des gendarmes de la Gironde : « On doit désormais faire face à un adversaire qui essaie de tuer un maximum de personnes en un minimum de temps. Il a fallu réviser notre schéma tactique qui était de boucler la zone et faire venir le GIGN. Et entamer une stratégie de négociation pour attendre. Aujourd’hui, nous n’avons plus le temps. Chaque seconde peut être un mort de plus. On va devoir être rapides. Notre doctrine c’est neutraliser (tuer) les adversaires. Au mieux les fixer (arrêter). » Terrible constat après les attaques du 13 novembre. « La progression d’une colonne devra tenir compte du risque d’otages transformés en pièges et faire mieux face à l’utilisation de grenades. On devra sans doute apprendre à espacer la colonne », décrypte l’officier.

Pour appartenir au PSIG Sabre, la gendarmerie a fait appel « à des sous-officiers d’expérience qui ont déjà travaillé dans l’intervention », indique le commandant François Mantel. Des gendarmes athlétiques, souvent des gradés, qui seront en formation permanente pour « acquérir une parfaite maîtrise du schéma tactique car, le jour J, il faudra être prêt », continue le commandant Mantel.

La colonne du PSIG avance toujours dans l’entreprise, pas à pas le long d’un mur. Soudain, comme une fusée, un terroriste caché surgit d’une porte ouverte et abat deux otages qui fuyaient les mains sur la tête. La réplique est foudroyante. Le HK G36 fusille l’homme. Un gendarme se décale et le garde dans sa ligne de mire alors qu’il est mort au sol. Fin de l’exercice.

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Intervenir en 20 minutes maximum
Réagir vite et fort en vingt minutes partout en France. C’est le credo martelé par Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, qui a sur son bureau un plan répartissant les missions entre police et gendarmerie. Une façon de clarifier les choses et faire taire une sourde guerre des services d’élite qui faisaient savoir tour à tour qu’ils avaient été mal employés ou déployés le 13 novembre. Hier à Reims (Marne), le ministre s’est fait présenter les nouveaux matériels, notamment le fusil d’assaut HK G36, une arme de guerre qui complétera les Famas déjà utilisés notamment chez les gendarmes. Deux HK G36 seront fournis par PSIG Sabre et au sein des brigades anticriminalité (BAC). Mais aussi des casques capables d’arrêter des munitions de guerre ainsi que 300 véhicules pour remplacer certaines épaves roulantes d’ici fin juin. « Le maillage sur le territoire devra être le plus fin possible », a rappelé Cazeneuve. Police et gendarmerie devront faire cause commune pour s’épauler.
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