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Le - Tarbes. Les gendarmes s’intéressent aux marchés publics de la ville

Tarbes. Les gendarmes s’intéressent aux marchés publics de la ville

Hautes-Pyrénées

Les gendarmes ont embarqué hier matin à la mairie de Tarbes une centaine de dossiers «pour vérification»./ Photo DDM Laurent Dard

Les gendarmes ont embarqué hier matin à la mairie de Tarbes une centaine de dossiers «pour vérification»./ Photo DDM Laurent Dard

La réélection de Gérard Trémège à la tête de la ville de Tarbes ne freine pas les investigations sur les soupçons de «prise illégale d’intérêt et recel». Hier matin lors d’une visite aux services techniques, les gendarmes ont emporté de nombreux dossiers.

Ils sont arrivés en uniforme peu avant 10 heures hier matin. Puis trois gendarmes se sont engouffrés dans le bâtiment des services techniques, rue André-Fourcade, à Tarbes. Cette visite à la «Commande publique» visait à récupérer une centaine de marchés publics passés par la ville ces dernières années. Les gendarmes de la section recherches de Toulouse, qui agissent toujours sous commission rogatoire de la juge d’instruction de Pau, Isabelle Ardeef, ont quitté les lieux moins d’une heure plus tard, emportant avec eux de très nombreux dossiers. Ils avaient prévenu les services municipaux voilà plusieurs semaines qu’ils voulaient «récupérer» ces dossiers pour les étudier et traquer une éventuelle fraude.

Cette fois, pas question d’immobilier, de ruines vendues à bas prix à des proches ou de bâtiments qui, via la modification du plan local d’urbanisme, changent de statut. La justice s’intéresse aux marchés publics. Certains ont fait l’objet d’importants appels d’offres à l’image de la réfection de la halle Brauhauban, restaurée selon un projet de l’architecte Joris Ducastaing. «Choisi sur concours et récompensé par un prix d’excellence», soulignait dans nos colonnes Gérard Trémège fin février.

La réussite de la rénovation n’est contestée par personne. Les enquêteurs et la juge d’instruction semblent, en revanche moins convaincus par la légalité de l’appel d’offres qui a désigné un architecte tarbais et les entreprises locales face à la concurrence parisienne.

Le coût de la halle Brauhauban est passé de 6 à 13 millions d’euros

À l’issue du marché principal, ce projet aurait fait l’objet de deux marchés complémentaires et d’une quarantaine d’avenants ! «Si l’enquête le confirme, nous serions alors dans la caricature et dans un cas d’école question favoritisme», glisse un observateur des règles de la vie publique. L’utilité des marchés supplémentaires et des avenants ? Rafler le marché en proposant un prix bas, avant de faire grossir la facture. Commencée à hauteur de 6 millions d’euros, la rénovation de la halle Brauhauban aurait ainsi grimpé à plus de 13 millions d’euros. Le marché a été inauguré en avril 2013 après deux années de rénovations et de restructurations réalisés en deux phases.

Dans notre édition du 22 février, sur ce sujet, Gérard Trémège avait affirmé : «Lors d’une commission d’appel d’offres, j’ai soumis à délibération en présence de membres de l’opposition la question : Est-ce qu’il vous a semblé une seule fois, que je vous ai dirigés vers telle ou telle proposition ? Tous ont répondu jamais.»

Ce blanc-seing voté par tous pourrait ne pas convaincre la justice. D’autant que les marchés supplémentaires et les avenants, s’ils sont discutés devant la commission d’appel d’offres dépendraient uniquement de la décision du maire. Ce qui, aux yeux de la justice, pourrait entraîner des dérives, et mérite, a minima, des vérifications.


Maire et commissaire aux comptes

Au-delà du marché de la halle Brauhauban, les enquêteurs de la section recherches de la gendarmerie avaient demandé aux services de la ville de préparer de nombreux dossiers. Ils concernent des marchés très divers qui ont été passés par la municipalité ces dernières années. Des chantiers publics, de la fourniture de viande pour les cantines des écoles, ou des travaux d’impression passés pour les documents de la municipalité… Autant d’exemples de ces marchés que les enquêteurs spécialisés dans les investigations financières veulent vérifier. Certains auraient fait l’objet d’appels d’offres, parfois sans concurrence. Mais ce qui semble intéresser la juge d’instruction, c’est le lien possible entre les entreprises qui ont emporté les marchés et Gérard Trémège. Pas l’élu mais le patron de la Sofec, le cabinet d’expertise comptable que Gérard Trémège a cédé en 2012. Commissaire aux comptes, Gérard Trémège aurait «vérifié» les comptes des entreprises dont beaucoup auraient «gagné» des marchés de la ville de Tarbes. Simple coïncidence ? La juge veut en avoir le cœur net.

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