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Beaumont-sur-Oise : une journée pour réconcilier les jeunes avec les forces de l’ordre

Pour la première fois, cette ville marquée par l’affaire Adama Traoré accueillait une opération Prox’Aventure. À travers le sport notamment, il s’agit de travailler sur le rapprochement entre la police et la population.

 Beaumont-sur-Oise, ce mardi. Pour la première fois, une journée sportive et citoyenne est organisée et encadrée par les forces de l’ordre
Beaumont-sur-Oise, ce mardi. Pour la première fois, une journée sportive et citoyenne est organisée et encadrée par les forces de l’ordre LP/Marie Persidat

Par Marie PersidatLe 18 août 2020 à 20h09

Juchée sur l’énorme moto de la brigade motorisée, Lya tire sur la poignée de l’accélérateur dans un grand éclat de rire. « Ça fait bizarre ! », lance la fillette de 9 ans. Lorsqu’elle déclenche le gyrophare, elle sursaute même. Une fois ce moment immortalisé sur smartphone, elle cède sa place à d’autres enfants, jeunes, ou moins jeunes qui viennent prendre la pause aux côtés des gendarmes.

Ce mardi au stade Gilles-Degenève, les membres des forces de l’ordre et les habitants arboraient le même sourire. Une scène qui peut surprendre dans cette ville marquée par l’affaire Adama Traoré. Beaumont-sur-Oise a accueilli cette semaine pour la première fois l’association Raid Aventure, composée de policiers et gendarmes bénévoles, et son dispositif Prox’Aventure.

«Là, on prend le temps de discuter»

Présent dans tout l’Hexagone, l’organisme a été particulièrement actif dans le Val-d’Oise cet été ( NDLR : Les prochaines et dernières dates de l’été sont prévues le vendredi 21 août à Persan et le samedi 22 août à Ermont ), proposant des journées d’activités et de sport en partenariat avec de nombreuses villes. « On fait des heureux là! » se félicite le maire (DVG) Jean-Michel Aparicio, en regardant tous les jeunes qui viennent se faire photographier aux côtés des gendarmes. Lui-même policier, le nouvel élu promet déjà de reprogrammer l’événement l’année prochaine : « Nous allons donner une belle image de la ville, c’est ce qu’elle mérite. »

En posant le pied dans la ville d’Adama Traoré, Quentin, le responsable de l’association Raid Aventure le reconnaît, il s’attendait à ce que tout le monde évoque « l’affaire. » « Je suis un peu surpris, les gens n’en ont pas parlé tant que ça », constate-t-il pourtant au milieu des familles venues en nombre. Malgré tout, ici, aucun sujet n’est tabou. « Prox’Aventure, c’est un temps d’échange privilégié. Sur le terrain, on sait que qu’une mission en chasse une autre. Là, on prend le temps de discuter, d’échanger sur le quotidien ou sur le fonctionnement de la gendarmerie et de la police. Nous sommes là pour ça. C’est une journée de communion avec la population. »

«Même les petits ont parfois beaucoup de préjugés»

C’est souvent par le biais des vidéos, visionnées par les adolescents et préadolescents, que le sujet des violences policières entre dans la conversation. « On s’interroge alors avec les jeunes, on pose la question du contexte, les gendarmes ont l’occasion d’expliquer le pourquoi de leurs interventions. » Des ateliers d’initiation au menottage ou aux techniques de défense avec un bâton permettent aux participants de passer de l’autre côté du miroir.

LP/M.P.
LP/M.P.  

« Ces rencontres sont aussi un bon moyen de briser cette petite peur qu’ils pourraient avoir », estime Richard, gendarme à Persan. « Même les petits ont parfois beaucoup de préjugés. Souvent ils nous demandent par exemple si on a le permis de tuer. Nous leur expliquons que c’est très réglementé et que ce n’est surtout pas notre but. »

«C’est important de remettre les choses à plat»

Élodie, une mère de famille d’une commune voisine, a tenu à emmener ses deux fils à l’événement justement pour les confronter à la réalité. « Les jeunes n’ont pas forcément une bonne image de la police ici, surtout à Beaumont-sur-Oise », regrette-t-elle. Elle, vit à Bruyères-sur-Oise. « Mais c’est tout proche, Beaumont, Bruyères, les enfants grandissent ensemble… C’est important de remettre les choses à plat. Je voulais venir pour les activités, mais aussi pour créer un autre rapport avec les forces de l’ordre. »

Milan, 11 ans, est tout impressionné de monter sur la Yamaha FJR 1300 de la brigade motorisée. « Ça vibre vraiment! » Malgré son jeune âge, il se voit bien entrer dans la gendarmerie, et rêve même d’intégrer le GIGN. « Pour l’instant, il a une bonne image des forces de l’ordre, mais il faut la cultiver pour qu’elle ne se dégrade pas », estime sa maman.Newsletter Val-d’OiseChaque matin, l’actualité de votre département vue par Le ParisienJE M’INSCRISVotre adresse mail est collectée par Le Parisien pour vous permettre de recevoir nos actualités et offres commerciales. En savoir plus

Abderhamane Guerzou, adjoint délégué au sport et à la vie associative, travaille déjà sur d’autres projets dans la lignée de cette journée pas comme les autres. « Nous allons mettre en place de nouvelles actions pour créer du lien et casser les barrières, c’est la base de notre volonté politique. Faire en sorte que les gens soient heureux et fiers d’être à Beaumont. »

Source : www.leparisien.fr

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